Petit
concert exclusivement scène française organisé par le Bikini, prix
attractif : 5 euros + prog intéressante : Les Garçons et les Filles,
Aline et Lescop + vendredi soir = pas mal de monde.
Nous
sommes arrivés un peu en retard et la première partie avait déjà commencé.
Les
Garçons et les Filles :
Groupe,
heu non un gars tout seul en fait, toulousain, apparemment chouchou des inrocks
(une chanson dans la compil des inrocks lab, un peu de pub dans le mag), why
not.
Alors
autant dire tout de suite : c’est très très dur… Non pas que ce soit des
chansons de merde, non pas que ce ne soit pas mon style musical, non pas qu’il
soit seul avec un mac sur scène, non pas qu’il ait encore plein de boutons et
doivent passer en premier parce que demain ya interro de français, non !
C’est surtout qu’il chante horriblement faux… Et quand on est seul sur scène et
que la sono est bien réglée, ça fait mal, très mal, d’ailleurs on a
l’impression qu’il n’y a pas que le public que ça gène…
J’aimerais
bien pouvoir aider ce pauvre ado, dire qu’il doit y avoir un problème de
retour, je ne sais quoi… Toujours est-il qu’il chante faux, pas Lou Reed ou Bob
Dylan, mais plutôt casserole de la nouvelle star…
Pourtant
les mélodies sont bien construites, ça bouge pas mal, c’est plutôt des compos
sympas, mais là ce n’est pas possible… Je lui suggère une reconversion rapide
dans la production ou de vraiment monter un groupe et d’embaucher un chanteur.
Et pendant qu’on y est un batteur, un guitariste et un bassiste, et là je promets
un succès.
Après 25
min de supplice, c’est l’heure de la pause, ouf….
Aline :
On
enchaine avec Aline, groupe marseillais d’adoption (je précise d’adoption,
aucun accent !). Alors là c’est autre chose : Basse, batterie, 2
guitares, 1 clavier. Par contre niveau charisme des protagonistes zéro… Le
chanteur est un petit gros qui a la quarantaine, un peu bedonnant, un peu
dégarni, les autres ne parlent pas et reste à leur place.
Ça
démarre avec Les Copains, l’instru d’intro de l’album donc réutilisé en intro
de live, malin. Niveau son : la claque, ça sonne du tonnerre, section
rythmique impeccable : basse fretless bien présente et bien groovy,
guitare rythmique à la fender jaguar incisive, clavier en retrait juste ce
qu’il faut et surtout la guitare lead énorme, une gibson électro acoustique
avec un son de folie, bien plus présente que sur l’album.
Tout ça
donne un son très Smithien, le deuxième de la semaine après Motorama. Mais là où
Motorama a donné une performance live énorme, tout en pêche, en changeant
beaucoup le rythme de ses compos, Aline est plus dans la sensibilité, chant
plus susurré, rythme suave, même si de temps en temps ça s’envole bien !
Il ne
faut pas chercher en Aline un groupe de Bad Boy, ça parle de looser qui essaie
de draguer en buvant au bar, de ruptures difficiles, de ses 2 filles, de quand
il était scout. Bref bigger than life style ! Mais après tout ce
n’est pas choquant !
Toutes
les chansons de l’album y passent, adaptées à la scène : une basse plus
présente que sur l’album, des bonnes montées nerveuses quand il faut, une
rythmique dansante, et des mélodies aux petits oignons. Bien sûr très Smiths
tout ça : Elle Et Moi à la 12 cordes sonne comme un Please, Please, Let Me
Get What I Want, Teen Whisle sonne comme This Charming Man, la fin de Elle
m’oubliera se termine à la façon de Nowhere Fast, l’intro de Regarde le ciel
fait plus penser à du Joy Division, tout comme la rythmique entêtante
d’Obscène. C’est donc une musique pour quarantenaire ayant usé leur vinyle de
The Queen Is Dead sur leur pick up portatif ou simplement amoureux de la pop
anglaise triste.
Pour ma
part j’ai adoré, bon j’ai préféré Motorama pour le charisme sur scène et
l’énergie, mais il faut reconnaitre que Aline sonne mieux, bien plus propre,
avec chœurs sympas et cette Gibson mon dieu ! Bref s’ils passent près de
chez vous, que vous n’êtes pas trop allergique au français dans le texte, que
vous n’avez rien contre les Smiths et la pop 80’s, attention la vrai, sans
clavier et boite à rythme, allez-y les yeux fermés, c’est un bon moment.
Lescop :
Après une
petite bière arrachée avec difficulté, arrive Lescop avec une formation étrange
et plutôt minimaliste : une guitare (une autre Gibson électro acoustique),
une basse, un clavier/ boite à rythme et Lescop au chant. Le son est beaucoup
plus fort, la boite à rythme tape métronomiquement, c’est ce qu’on lui demande,
la basse martèle la mesure, la guitare envoie de larges décharges de
saturation, très Joy Division tout ça ! Et par-dessus, la voie de Lescop,
bien placé, dans le style Daho, sans forcer. Il est en avant sur scène,
inquiétant avec son visage dur, éclairé soit par le dessus ne laissant pas voir
ses yeux, soit par une lumière bleu / verte le faisant ressembler à
Frankenstein. D’autant que son jeu de scène à base de danse minimaliste limite
junkie à contretemps renforce le coté malsain de l’ensemble.
Il faut
avouer que ça pulse bien, c’est carré, mais ça manque d’âme
(volontairement ?). La boite à rythme (ou plutôt un disque qui tourne, car
il y a aussi quelques effets en plus dessus) y est pour beaucoup. Reste les
saillis brutales de la guitare, tout en distorsion et en larsen qui viennent
sortir le tout de l’ambiance « je rejoue l’album », mais bon quand on
sort d’Aline ça fait pauvre… Reste le bassiste qui encore une fois tient le
tout.
Evidemment
La Forêt, mais aussi La Nuit Américaine, Paris La Nuit ou Los Angeles sortent
bien leur épingle du jeu avec leur rythmique engageante, mais aucune fantaisie
superflue, c’est de la cold wave tout ce qu’il y a de plus cold !
On aime
ou on n’aime pas, pour ma part, avec une vraie batterie et un vrai clavier ça
m’aurait plus plu. Un peu d’âme quoi, on n’est pas des machines !
Je
recommande donc un peu moins Lescop, sauf si vous êtes ultra fan de l’album ou
des bassistes, mais dans ce domaine Motorama et Aline sont mieux pourvu aussi…