jeudi 28 février 2013

Chronique de concert : Aline et Lescop


Petit concert exclusivement scène française organisé par le Bikini, prix attractif : 5 euros + prog intéressante : Les Garçons et les Filles, Aline et Lescop + vendredi soir = pas mal de monde.

Nous sommes arrivés un peu en retard et la première partie avait déjà commencé.

Les Garçons et les Filles :
Groupe, heu non un gars tout seul en fait, toulousain, apparemment chouchou des inrocks (une chanson dans la compil des inrocks lab, un peu de pub dans le mag), why not.
Alors autant dire tout de suite : c’est très très dur… Non pas que ce soit des chansons de merde, non pas que ce ne soit pas mon style musical, non pas qu’il soit seul avec un mac sur scène, non pas qu’il ait encore plein de boutons et doivent passer en premier parce que demain ya interro de français, non ! C’est surtout qu’il chante horriblement faux… Et quand on est seul sur scène et que la sono est bien réglée, ça fait mal, très mal, d’ailleurs on a l’impression qu’il n’y a pas que le public que ça gène…
J’aimerais bien pouvoir aider ce pauvre ado, dire qu’il doit y avoir un problème de retour, je ne sais quoi… Toujours est-il qu’il chante faux, pas Lou Reed ou Bob Dylan, mais plutôt casserole de la nouvelle star…
Pourtant les mélodies sont bien construites, ça bouge pas mal, c’est plutôt des compos sympas, mais là ce n’est pas possible… Je lui suggère une reconversion rapide dans la production ou de vraiment monter un groupe et d’embaucher un chanteur. Et pendant qu’on y est un batteur, un guitariste et un bassiste, et là je promets un succès.
Après 25 min de supplice, c’est l’heure de la pause, ouf….

Aline :



On enchaine avec Aline, groupe marseillais d’adoption (je précise d’adoption, aucun accent !). Alors là c’est autre chose : Basse, batterie, 2 guitares, 1 clavier. Par contre niveau charisme des protagonistes zéro… Le chanteur est un petit gros qui a la quarantaine, un peu bedonnant, un peu dégarni, les autres ne parlent pas et reste à leur place.
Ça démarre avec Les Copains, l’instru d’intro de l’album donc réutilisé en intro de live, malin. Niveau son : la claque, ça sonne du tonnerre, section rythmique impeccable : basse fretless bien présente et bien groovy, guitare rythmique à la fender jaguar incisive, clavier en retrait juste ce qu’il faut et surtout la guitare lead énorme, une gibson électro acoustique avec un son de folie, bien plus présente que sur l’album.
Tout ça donne un son très Smithien, le deuxième de la semaine après Motorama. Mais là où Motorama a donné une performance live énorme, tout en pêche, en changeant beaucoup le rythme de ses compos, Aline est plus dans la sensibilité, chant plus susurré, rythme suave, même si de temps en temps ça s’envole bien !
Il ne faut pas chercher en Aline un groupe de Bad Boy, ça parle de looser qui essaie de draguer en buvant au bar, de ruptures difficiles, de ses 2 filles, de quand il était scout. Bref bigger than life style ! Mais après tout ce n’est pas choquant !
Toutes les chansons de l’album y passent, adaptées à la scène : une basse plus présente que sur l’album, des bonnes montées nerveuses quand il faut, une rythmique dansante, et des mélodies aux petits oignons. Bien sûr très Smiths tout ça : Elle Et Moi à la 12 cordes sonne comme un Please, Please, Let Me Get What I Want, Teen Whisle sonne comme This Charming Man, la fin de Elle m’oubliera se termine à la façon de Nowhere Fast, l’intro de Regarde le ciel fait plus penser à du Joy Division, tout comme la rythmique entêtante d’Obscène. C’est donc une musique pour quarantenaire ayant usé leur vinyle de The Queen Is Dead sur leur pick up portatif ou simplement amoureux de la pop anglaise triste.
Pour ma part j’ai adoré, bon j’ai préféré Motorama pour le charisme sur scène et l’énergie, mais il faut reconnaitre que Aline sonne mieux, bien plus propre, avec chœurs sympas et cette Gibson mon dieu ! Bref s’ils passent près de chez vous, que vous n’êtes pas trop allergique au français dans le texte, que vous n’avez rien contre les Smiths et la pop 80’s, attention la vrai, sans clavier et boite à rythme, allez-y les yeux fermés, c’est un bon moment. 

Lescop :



Après une petite bière arrachée avec difficulté, arrive Lescop avec une formation étrange et plutôt minimaliste : une guitare (une autre Gibson électro acoustique), une basse, un clavier/ boite à rythme et Lescop au chant. Le son est beaucoup plus fort, la boite à rythme tape métronomiquement, c’est ce qu’on lui demande, la basse martèle la mesure, la guitare envoie de larges décharges de saturation, très Joy Division tout ça ! Et par-dessus, la voie de Lescop, bien placé, dans le style Daho, sans forcer. Il est en avant sur scène, inquiétant avec son visage dur, éclairé soit par le dessus ne laissant pas voir ses yeux, soit par une lumière bleu / verte le faisant ressembler à Frankenstein. D’autant que son jeu de scène à base de danse minimaliste limite junkie à contretemps renforce le coté malsain de l’ensemble.
Il faut avouer que ça pulse bien, c’est carré, mais ça manque d’âme (volontairement ?). La boite à rythme (ou plutôt un disque qui tourne, car il y a aussi quelques effets en plus dessus) y est pour beaucoup. Reste les saillis brutales de la guitare, tout en distorsion et en larsen qui viennent sortir le tout de l’ambiance « je rejoue l’album », mais bon quand on sort d’Aline ça fait pauvre… Reste le bassiste qui encore une fois tient le tout.
Evidemment La Forêt, mais aussi La Nuit Américaine, Paris La Nuit ou Los Angeles sortent bien leur épingle du jeu avec leur rythmique engageante, mais aucune fantaisie superflue, c’est de la cold wave tout ce qu’il y a de plus cold !
On aime ou on n’aime pas, pour ma part, avec une vraie batterie et un vrai clavier ça m’aurait plus plu. Un peu d’âme quoi, on n’est pas des machines !
Je recommande donc un peu moins Lescop, sauf si vous êtes ultra fan de l’album ou des bassistes, mais dans ce domaine Motorama et Aline sont mieux pourvu aussi…

mercredi 20 février 2013

Chronique de concert : Motorama




Pour ceux qui ne connaissent pas, je conseille chaudement Motorama. Groupe Russe de son état, très pop, basse batterie assez eighty’s tendance Joy Division pour le martellement et les rythmes et tendance Smiths pour la sonorité, 2 guitares, une rythmique et une en arpège et un chanteur à la voix assez grave, tendance Ian Curtiss, beaucoup de reverb et un accent en anglais assez surprenant.

Le concert était au connexion live, un bar toulousain du centre-ville qui a une programmation assez intéressante.

La première partie, The KVB était n’ayons pas peur des mots nul à chier… Rapide relecture du flyer, je ne dois pas être un fan de la darkwave… En résumé, le leader est un puceau anglais tendance suicidaire – personne ne m’aime donc je vais me pendre après avoir éclaté tous mes boutons d’acné – à la Fender Jaguar, adepte du larsen de 5 minutes, de la distorsion appliquée et du non chant (discipline qui a donné naissance à l'eurodance et aux chansons de l'été de TF1). D’ailleurs peut-on parler de leader quand on a le charisme d’un bulot ? Tout est question de référentiel. Effectivement, quand on regarde l’autre moitié du groupe, on peut se dire que le bulot est au-dessus de la moule dans l’échelle sociale des mollusques. La moule en question, une photocopine à frange planquée derrière un Korg lançait avec dédain des boucles de batterie, de basse et de clavier. Son impression de se faire chier était d’ailleurs très communicative. Bref je n’ai pas aimé, le public non plus. Pas de rappel, retour au vestiaire rapide…

Petite bière, la salle se remplit, dernier réglage de la basse et des guitares et les Motorama montent sur scène.

Ça démarre fort ! À part le micro pas assez fort sur la première chanson, rien à redire, la section rythmique envoie du tonnerre, rythme de batterie vraiment sympa -un peu à la Phoenix (le batteur joue également « à plat » - la bassiste se déchaine, on peut même dire que c’est elle qui porte le groupe (elle doit avoir des doigts en titane). Les 2 guitares font bien leur boulot, la voix est bien caverneuse (on aime ou on aime pas).
Les chansons (au moins celle de Calandar) sont pas mal modifiées, vachement boostées pour la scène. Même les chansons calmes deviennent dansantes. Certaines chanson du précédent album sont également jouées, certaine en russe, ce qui est assez original (pas pour des russes d’accord).
Derrière la scène, en guise de décors, passent des vidéos de prairies verdoyantes, d’arbres au printemps, de pluie battante sur fond de forêt, bref un spot promotionnel à l’usage des bobos parisiens amoureux de la Normandie pour visiter cette magnifique ville qu’est Rostov sur le Don, dans le sud de la Russie. C’est leur ville d’origine, et d’ailleurs elle est jumelée avec Le Mans… C’est marrant, assez décalé avec la rythmique et l’énergie sur scène.
Parce que oui ça bouger sur scène, le groupe s’entend bien et s’éclate bien : tout le monde danse (assez bizarrement même…).
Bref un très bon moment !
Donc en résumé : plein d’énergie, présence scénique du tonnerre, son des guitares clair et impeccable, rythmes dynamique et entrainant (ça flirt avec du Two Door Cinema Club pour pas mal de chansons alors que l’album est plus classique),une basse monstrueuse, d’ailleurs assez mise en avant, un clavier qui ne se met pas en avant, pas de chinoiserie et surtout des chansons énormes et vraiment hyper bien adaptées pour la scène.
Au chapitre des regrets, la voix du chanteur, bien que typé n’est pas exceptionnelle, l’énergie a des fois raison d’elle et surtout elle n’est pas doublée par des cœurs. C’est le seul à chanter, même pas un petit micro pour un des 4 autres pour faire des ouououou. Dans le monde de la pop post Beatles, même quand on lorgne vers la power pop pêchu, ça fait bizarre.
Enfin on en connait des groupes où il n’y a qu’un seul micro sur scène, et pas que des mauvais !


S’ils passent près de chez vous, allez y sans hésitations !

Vivement qu’ils passent pro (pour l’instant ils ont juste pris un congé sabbatique !)