mercredi 28 mai 2014

Kevin Morby – Harlem River



Grâce à mon beau père, j’ai découvert Kevin Morby et son album Harlem River. Et le moins qu’on puisse dire c’est que c’est un très bon album, quasi introuvable en France (légalement…). L’ambiance est très late sixties et américaine . On ressent l’influence Dylanesque (Wild Side (Oh The Places You’ll Go) reprend même le phrasé particulier du Zim, enfin dans l’esprit, comme Foxygen l’année dernière). On y trouve aussi l’influence des Doors, avec des rythmes hypnotiques, lourds comme sur Harlem River et ses 9 minutes pesantes (surtout la fin car le début est plus classique) façon Riders On The Storm, un grand et long titre.

Mais aussi slow calme avec Slow Train, boogie léger et euphorisant avec Reign, balade à la limite du Velvet (ou du Lou Reed du début) avec Sucker In The Void (très belle chanson d’ailleurs), ballade folk countrysante avec pedal steel (The Dead They Don’t Come Back), l’album est plaisant en entier et passe tout seul. D’ accord, 8 titres c’est peut-être un peu court, mais rien n’est à jeter, un vrai plaisir ! A se procurer d’urgence pour ceux qui aime la folk, Dylan et l’americana (on pourrait penser à Neil Young si leur voix n’étaient pas si différentes). Et si en plus vous avez kiffé Foxygen l’année dernière…





lundi 26 mai 2014

Gruff Rhys – American Interior


J’avais adoré le dernier album de Gruff Rhys, j’avais adoré sa prestation loufoque à la dynamo à Toulouse. Seul sur scène à passer des vinyles de bruits d’oiseau puis enchainer avec quelques boucles de voix créées sur l’instant, pour finir par un patchwork assez cohérent que certains appellent une chanson. Bref un mec complètement barré, et touché par la grâce en ce qui concerne le songwritting.
Et Donc Gruff revient avec un nouvel album. Toujours aussi bordelique, patchwork kaléidoscopé de boucles, claviers, guitare. Mélange de folk, pop, country par moment, d’électro, le tout sur des mélodies souvant imparable. Comme toujours ya du très bon et du bon à jeter, il va trop loin parfois le Gruff.
American Interior est plutôt sympathique, classique mais efficace. 100 Unread Messages, très folk song, limite country est du même tonneau avec un rythme un peu plus enjoué. The Whether (Or Not) est gentillette, mais est un peu sans conséquence, pas trop marquante. On enchaine avec The Last Conquistador, une balade sur fond de boite à rythme minimaliste et de plaquage de synthé 80’s avec un refrain imbattable, adhésion immédiate à la désarmante mélodie. Le don de l’accroche. Lost Tribes est dans la même veine, évidente, irrésistible, pop, légère, pour moi la meilleure chanson de l’album, on en redemande ! Liberty (Is Where We’ll Be) est aussi une bonne chanson, peut être en dessous des autres mais bien écoutable. On enchaine avec Allweddellau Allweddol est chelou comme son nom peut le laisser entendre, sample de voix d’enfants bizarre, langue incompréhensible, mais mélodique quand même. Par contre avec The Swamp, ça ne passe pas : elle est littéralement pourrie par sa boite à rythme trop low fi qui vient gâcher la chanson en dégoulinant son beat gras, dommage, mais ce n’était pas la plus mélodique non plus. Lolo renoue avec le bon gout et nous invite dans les grands espaces, au galop, en compagnie d’indiens (d’Amériques). Entrainante, accrocheuse, malgré l’incompréhension liée aux paroles (franchement c’est quoi cette langue ? Du Gaélique ? Faut que je me renseigne).
La fin de l’album est un peu moins bonne, rien de bien grave (il reste des onnes chose comme le refrain de Walk Into The Wilderness), mais moins intéressante que la première partie. Je ne rentrerais pas trop dans le détail.

Au final on a un album pas facile à première écoute, très riche, des fois trop, mais franchement à décortiquer pour les amoureux de la pop délicate. Il demande plusieurs écoutes, avec attention, au casque ou devant une bonne sono car il supporte mal les voyages en voiture, le son n’est pas compact mais plutôt luxuriant, épais.
Moi personnellement j’adhère à mort, j’aime beaucoup cette album que vous n’entendrez surement pas à la radio, il mérite qu’on s’y attarde, qu’on décortique un peu les différentes couches de sophistications. A vous de jouer ! Et si jamais Gruff passe par chez vous, allez le voir, ce sera forcément dans une petite salle et ce sera forcément une expérience !









Damon Albarn - Everyday Robots


Voici le soi-disant premier album solo de Damon Albarn, même si on a déjà eu des autres albums en son nom et bon nombre de projets portés par l’ex leader de Blur (ex vraiment ? vont-ils remettre le couvert après les concerts ?). Bon, on va s’accorder sur l’album le plus personnel. On a une collection de ballade un peu folkeuses, doucement mélancoliques, surement très autobiographiques. Le tout est doté d’une production particulière, par touche electro. Ça rend plutôt pas mal d’ailleurs, c’est assez finement produit dirons-nous et ça s’accorde plutôt bien avec les mélodies mélancoliques et plutôt dépouillées. Tout l’album baigne dans ce mode mineur, exceptés peut être Mr Tembo doucement caribéen façon Paul Simon, chœur et rythmique, ou également Heavy Seas Of Love qui conclut l’album de belle façon, plutôt optimiste dans la mélodie, d’ailleurs de très belles chansons au demeurant, peut être les meilleurs de l’album ! En tout cas c’est celles qui ressortent le plus de la grisaille ambiante. Mais la grisaille reste intéressante, la voix de Damon est assez touchante, plutôt direct, plein d’émotion (même quand il se double comme sur Hollow Ponds) dans toutes les autres chansons.
En plus des 2 chansons susmentionnées on retiendra aussi You & Me, Photograph (You Are Taking Now) et sa structure un peu bizarre, The History Of A Cheating Heart, balade classique guitare sèche, cordes, Everyday Robots (rappelant la production du dernier Bobby Womack faite justement par Demon).
Pour ceux qui s’attendait à un album de Britpop estampillé Blur, perdu ! On est à des années lumières de la fougue juvénile de Charmless Man du Great Escape ou de Parkline. Ça sent le retour de bâton !

A écouter pour se faire une idée, en attendant un prochain projet du stakanoviste de la pop britonne. Un nouveau Gorillaz ? Une production pour une gloire de la soul ? et pourquoi pas un album de Blur ?





The Black Keys – Turn Blue



Décidément l’année 2014 va être chargée en grosse sortie : Voici la sensation de 2011 : les Black Keys qui continuent la croisade pour un rock plus accessible, plus pop. Certains regrettent l’éloignement par rapport au blues low fi, crade, garage de leur début, moi je m’en réjouis ! Troisième (ou quatrième ?) collaboration avec Danger Mouse qui est de l’aveu des 2 comparses, le troisième homme de la formation. Evidemment ça se ressent tout de suite. La patte Danger Mouse commence à être connue : Broken Bells et Gnarls Barkley bien sûr, mais aussi, quelques chansons de Gorillaz ou The Rapture, les albums complets de Electric Guest, Portugal. The Man, Rome, mais surtout les Black Keys du succès : Brother et El Camino.
Après 3 ans d’attente voici donc le retour des blueseux américains, maintenant installés à Nashville. Leur nouvel album continue dans la lancé des 2 précédents : plus pop, plus soul plus accessible. Il est surtout plus proche de Brothers avec quelques titres faisant penser à El Camino, plus ramassés plus rock. Une petite écoute titre à titre s’impose !
L’album s’ouvre avec Weight Of Love et son intro plutôt calme, voir planant, l’ombre du Pink Floyd circa Darkside Of The Moon est là. Commencer une chanson et un album, par un solo de guitare, c’est courageux, et atypique ! Ça fonctionne en plus. On enchaine ensuite vers un couplet et surtout un refrain plus classique, voire très Danger Mouse. C’est bien simple, le couplet pourrait être sur le dernier album de Broken Bells. Ça n’a pas l’air comme ça mais c’est loin d’être un reproche ! J’adore cet album. On alterne avec le son Pink Floydien, de la guitare, botleneck par moment. Pink Floyd, j’aime aussi, donc vraiment une bonne chanson ! Pas un tube : elle dépasse des 6 minutes. Quand on aime, on ne compte pas ! Moi je dis banco.
On enchaine avec In Time, plus classique du son Black Keys développé sur Brothers, assez sophistiquée, la chanson reste bien dans la tête, l’arrangement avec touche de cuivre et piano fait merveille. Le refrain est plus convenu mais fait bien son job. On sent bien sûr aussi l’emprunte Danger Mouse et les quelques nappes de clavier sur le refrain. A mettre dans la playlist !
Turn Blue, est un slow un peu bluesy, pas hyper enjoué niveau tempo. On reste dans la même veine que In Time mais une note en dessous. Le refrain tout en douceur rattrape un peu le tout. On est loin du chef d’œuvre, bizarre d’avoir donné le nom de l’album à cette chanson pas si folichonne. Bon après on est très loin de la catastrophe, on n’a pas non plus envie de zapper !
Fever est le single lancé il y a peu, la batterie arrive fort, martiale, le son est compact, puissant, Black Keys quoi, et tout d’un coup arrive un clavier. Affront pour les Blueseux hardcore ! Mais que ça passe bien. Le titre est très entrainant, ce n’est peut-être pas le meilleur de l’album mais il est vraiment très intéressant ! Allez hop on garde !
Year In Review est plus de la veine d’El Camino, Batterie typiquement Black Keys, mélodie entêtante qu’on retient tout de suite, addiction garantie et futur single assurée. Les changements de rythme sont parfaits, la mélodie vraiment parfaite, la chanson finie on a envie de la remettre ! Vous l’aurez compris c’est la chanson à ne pas louper de l’album !
Bullet In The Brain fait redescendre la pression et réinvite Pink Floyd, visiblement très inspirée par Breathe. Et comme pour Weight Of Love, très Danger Mouse aussi (ce petit piano titititi)
Avec It’s Up To You Now, les Black Keys reviennent à du Blues low fi bien crado, du Heavy Blues même : grosse batterie, grosse distortion. Ça sonne Doors de LA Woman ou Iron Butterfly, c’est crade, distordu, puissant, lourd. En résumé on joue avec une guitare avec tous les potards de l’ampli à 11, on branche une demi-douzaine de pédale de saturation, un octaveur, un effet stéréo (comme Marty Mac Fly au début du premier Retour vers le Futur « ça c’est du Rock ! » ). Après on pose un micro de merde devant ledit ampli et on enregistre ce que sort le micro. On peut aussi faire ça plus simplement avec un VSP 800 à display rack, mais c’est plus glucose ! Bref on s’égare, disons que c’est plutôt sympa aussi, à des années lumières de la chanson précédente, un grand écart saisissant !
Waiting On Words fait largement redescendre la pression et nous offre un petit slow, voix vaporeuse, guitare sèche pour l’intro, un peu de piano, un rendu très Danger Mouse aussi. Quand la batterie revient, c’est plus convenu mais ça passe largement.
10 Lovers n’est pas la meilleure chanson de l’album. Une production 80’s, un petit clavier un peu usant qui court tout au long de la chanson viennent un peu gâcher le tout et jouer les scies musicales. Après le refrain est assez entrainant et c’est loin d’être odieux !
In Our Prime est un petit slow sans prétention de devenir single mais vraiment attachant, son changement de rythme redynamise la chanson. Tout en délicatesse pop, presque anglais dans la production et le texte, Beatlesien. La deuxième partie est plus énergique et reprend le son classique Black Keys, un très bon titre en fin de compte, avec son solo un peu distordu pour terminer bien blues. L’un de mes titres préféré.
Gotta Get Away nous propose un voyage du côté des Rolling Stones période Brown Sugar. Chant double, solo de guitare au son douteux, clavier dégoulinant de complaisance rock FM, ça sent le diner de la route 66 avec les chiottes un peu crades et les piliers de bar en marcel et casquette John Dear. Ce n’est pas exceptionnel, loin de là. Pourquoi terminer là-dessus? Dommage..

6 7 chansons qui tapent dans le mille, un album sans trop de fausses notes et une certaine idée du rock et du blues actuel, avec ce qu’il faut de modernité et de regards vers le passé. On y trouve de tout : du slow, du blues, du rock prog tendance Pink Floyd, de la production néo rétro, des clavier (donc), du blues crado, de la disto, du rock qui tache à jouer avec un plectre, et le tout sur 11 titres. Nul besoin d’être bardé de tatouage de tête de mort, d’avoir les cheveux sales, un marcel maculé de tache d’huile de la dernière purge de la chevrolet, maintenant les Black Keys sont plus accessibles et ça continue avec cet album, et pour le bonheur du plus grand nombre. Je vous conseille de courir vous le procurer, Turn Blue est bien placé pour le top 5 de l’année, et les Black Keys sont bien placés pour devenir les nouveaux messies du rock. Qui a dit aux chiottes Jack White ?
J’ai du le penser trop fort !

Et au fait si vous aimez bien la peinture en couverture, je connais bien l'auteur il parait que ses toiles sont à vendre...