dimanche 22 mars 2015

Tobias Jesso Jr. – Goon #tobiasjessojr



Je ne savais pas qu’Elton John et John Lennon avaient couché ensemble. Mais la sortie de cet album en est la plus belle preuve. Donc voici Tobias Jesso Jr (c’est plus passe-partout qu’Elton Lennon), premier album pour ce canadien, plutôt tourné vers les 70’s et le piano voix, quelque fois de la guitare sèche, le tout arrangé délicatement, sans fioriture.
Ma première écoute n’a pas été très réceptive, en fond dans l’appart avec le petit qui court partout. Mais une fois passé au casque, en mode plus intimiste, ça change beaucoup. L’album est très délicat, et en plus des 2 ultra références déjà mentionnées, on peut aussi rajouter Harry Nilsson, peut être un ménage à 3 ? Je crois même qu’on pourrait rajouter Paul Mc Cartney !
Ça fait beaucoup de références, beaucoup trop pour être honnête, et on pourrait même commencer à parler sérieusement de plagiat, et comme disait Orson Welles « c’est du vol et du plagiat, j’aime pas les voleurs et les fils de pute ». Mais ça ne fait pas repompé. Pourquoi ? Et bien parce que le jeune homme (pas tant que ça) est un excellent songwriter ! Ses ballades sont très bien écrites et bien ficelées. Ce qui est marrant, c’est que de grands noms se sont bousculés à la production : Chet “JR” White, ancien acolyte de Christopher Owens dans Girls principalement, mais aussi Patrick Carney des Black Keys et Ariel Rechtshaid (Vampire Weekend), mais qu’au final on se trouve avec un album à la production pas si mise en avant (pas pour toutes les chansons quand même !).
On parlait des influences, l’Elton John des années 70’s, le John Lennon post Beatles, bien sûr : Can’t Stop Thinking About You, mix entre Rocket Man et Imagine, Without You mix de Jealous Boy et Sorry Seems To Be The Hardest Word. Mais il n’y a pas que ça : Crocodile Tears semble sortie tout droit de l’esprit de Mc Cartney (ce petit côté Baltringue), on entendrait presque Harrisson passer faire coucou le temps d’une saillie de Fender arc en ciel. On trouve aussi un peu de Soul un peu cheesy comme sur How Could You Babe ou Leaving LA, le refrain et ses chœurs font limite penser à du reggae lover façon Suggar Minott ou le rocksteady des Paragons, référence 70’s donc. Et il y aussi The Wait, guitare sèche et voix, coupure de 2 minutes au milieu de l’album, fraiche, un petit côté Simon & Garfunkel.
Au final on peut dire qu’on se retrouve avec un disque sans âge, on pourrait croire les bandes ressorties d’un obscur studio fermé depuis 78. Pour sonner rétro, ça sonne rétro, mais est-ce un mal ? Pas quand c’est bien fait. Et ça l’est. En plus, tout cela semble honnête, sans calcul. C’est délicat, touchant, mélancolique. On ne peut d’ailleurs pas dire que le début d’année soit très gai ! Entre Sufjan Stevens, Father John Misty, José Gonzalez, 2015 commence sous le signe de la gueule de bois.
Bien entendu encensé par la critique, l’avenir de Tobias semble tout tracé, et c’est tant mieux. Pour ma part je lui conseille de délaisser un peu le piano -pas totalement- et de varier un peu (je trouve qu’il y a peut-être un peu trop de piano dans cet album). En tout cas je suis touché par l’album, par For You plutôt dynamique, Without You sensible et géniale, Leaving LA et son refrain, Can’t Stop Thinking About You, Could You Babe, la fragile The Wait ou Just A Dream qui se présente un peu comme la gueule de bois d’Imagine. Bon évidemment si la pop des 70’s ou le piano vous colle des boutons…



mercredi 18 mars 2015

Kid Wise – L’Innocence #kidwise



On nous refait le coup de l’électro pop à la française ? Bien sûr !! Et ils sont Toulousains en plus ces petits jeunes ! Kid Wise, 20 ans de moyenne d’âge, vient de sortir son premier album : L’Innocence, après un premier EP Renaissance plutôt remarqué. Ils continuent donc dans la veine de l’EP et nous propose une électro pop progressive. Oui progressive comme Pink Floyd ! Les morceaux s’étirent tous au-delà des 6 minutes, ils prennent leur temps, propose des changements de rythme. La production est vraiment très fouillée, en sent tout de suite une grande recherche pour aboutir à ce résultat. On pense beaucoup à Foals, à Breton, quelques fois à Griefjoy et à Phoenix, comme sur le « Chill-out » Mirror (Chloroform dans la rythmique et les claviers, un peu de Love Like A Sunset).

Toute la première partie de l’album est vraiment sensationnel : Ocean, Forest, Hope, Mirror et même Blue, plus calme, s’enchainent à merveille et sont de petits éclairs de génie. Je suis moins fan de Child, un peu trop « hymne de stade » pour moi (mais bon ça passe quand même) et de l’orientalisme de Ceremony. La fin est intéressante mais n’atteint pas, pour moi, l’intensité de la première partie.

En tout cas voici un album plutôt ambitieux et bien réalisé : de bons titres, un parti-pris artistique (ne pas se limiter aux 3 min 30), une production parfaite, bref beaucoup de travail. Alors peut être que certains titres en deviennent un peu éloquent comme Echos ou Ceremony, mais ne soyons pas mesquin, c’est vraiment du très beau boulot !

Je ne comprends vraiment pas la critique assassine de Magic sur cet album. Ce n’est vraiment pas justifié. Je vous conseille grandement l’écoute si vous aimé l’électro pop. Ils passent en concert le 27 à Toulouse, je ne pourrais pas y être, je vais laisser ma femme s’occuper de la critique !

En attendant voici la clips à bases de jeunes gens en job ! vous avez dit jeune?

Ewert And The Two Dragons – Circles #ewertandthetwodragons



J’avais déjà vu ces Estoniens en concert il y a quelques temps à Toulouse, c’était bien ! J’avais même acheté un vinyle que la bande avait gentiment dédicacé. Le disque avait pas mal tourné en son temps, et donc quand j’ai vu un nouvel album, j’ai sauté dessus. Et bien c’est toujours aussi bien, c’est même mieux ! C’est très pop, plutôt sunshine pop que chanson triste et torturée. La voix est assez particulière et vraiment sympathique. La grosse différence est surtout une production bien plus aboutie. On sent qu’il y a plus de moyens. La batterie est moins martiale, le tout est un peu plus fin. On y trouve plus d’inspiration américaine, un peu antifolk à la Edward Sharpe, une musicalité faisant penser à Half Moon Run. Surtout sur le début de l’album et le très bon tiercé Million Miles (et son intro en basse tendu, limite strokesienne), Pictures et Speechless (ma préférée de l'album). Il reste toujours les influences britanniques à la Coldplay du précédent opus (Coldplay du début, surtout pas celui des merdes récentes), aussi des trucs plus soul comme Could Have Been avec sa basse géniale et son refrain plus pop tu meurs. Bref un beau disque pour un groupe qui mérite vraiment d’être plus connu, du moins hors de l’Estonie.

Ils ne repassent visiblement pas à Toulouse, dommage, j’aurais rempilé direct !



mardi 17 mars 2015

Sufjan Stevens – Carrie & Lowell #sufjanstevens


Attention, chef d'oeuvre...

Le ventre plein d’un bon repas, les sens en éveil grâce à quelques verres de succulents vins, callé au plus profond de mon canapé en compagnie de ma belle-sœur, mon beau-frère et sa femme, il est 3h du matin ce samedi soir. Les premières notes de guitare de Death With Dignity retentissent pour la première fois dans mon salon et dans ma tête. Coup de foudre immédiat.
5 ans depuis le dernier album et le virage plutôt expérimental de Sufjan. On avait parlé de génie, de folie, de beaucoup de choses pour son dernier album et ses lives plutôt fous. Perso, j’avais plutôt moyennement accroché, pas que ce soit mauvais, bien au contraire, mais plutôt pas à mon goût je dirais. Bref, je préfère Illinois, plus pop, moins expérimental.
Donc revoilà Sufjan. De retour avec un album plus intimiste, beaucoup plus folk, fini les expériences électro de The Age Of ADZ.
Alors oui, c’est roots folk, dépouillé même, il y a beaucoup mois de production (disons plutôt qu’elle est beaucoup plus discrète, car elle est quand même là) que sur par exemple Illinois. Exit les trompettes, les cordes (il en reste quelques une par ci par là en fin de chanson) et glockenspiels, et même la batterie. De la guitare (classique, surtout pas électrique), surement du banjo ou un autre instrument à corde du genre, un peu de piano, beaucoup d’émotion et cette voix si particulière, souvent doublée, et si bien mise en avant. Il n’y a pas de changement radical, seulement moins de fioritures, un dégraissage en règle. Niveau texte, ça parle de la vie, de la mort, de l’amour, du manque, de déprime, de joie. Bon évidemment « We all gonna die » répété en boucle dans 4th Of July, ça plombe un peu… Après, quand on nomme l’album du nom de sa mère qui l’a abandonné à 1 an avec sa famille et que en plus celle-là vient de mourir, ça plombe c’est sûr… ça fait un peu Garden State dans le scénario. Je ressens d’ailleurs à l’écoute le même sentiment qu’en regardant ce film, une mélancolie mélangée à de la joie et de la beauté.
A première vue on pourrait considérer que c’est un album mineur de par son coté humble et peu expansif, un peu en rupture avec les précédents albums. On est en effet très loin de la pop grandiose tout en production aventureuse de Illinois et Michigan, bien loin de l’électronique du dernier album. Mais ce serait une grave erreur.
Cet album est très touchant, direct, bien sûr mélancolique, mais vraiment beau. Il y a beaucoup de délicatesse dans les arrangements, les guitares en picking sont rassurantes et parfaites, la voix est belle, sans forcer, du bout des lèvres, tout en soupir, d’ailleurs les souffles ne sont pas gommés et font partie intégrante des chansons, il y a également comme un bruit blanc en fond qui englobe le tout d’un côté authentique (j’ai lu qu’il a volontairement enregistré le bruit de sa clim). Et je ne parle pas des petits trucs de productions comme ces chœurs très discrets, très Bon Iver, comme sur Should Have Known Better. Le rythme est parfois haché pour redonner du souffle à la chanson comme sur Death With Dignity ou No Shade In The Shadow Of The Cross, c’est vraiment bien fait, assez typique de la folk, mais c’est intéressant, j’aime bien. On pense souvent à Simon and Garfunkel (surtout Paul Simon, sur Carrie & Lowell c’est le plus criant), à un de ses anciens tubes : John Wayne Gacy Jr (sur Illinois). Si vous aimez ce titre, il n’y a pas de raison de ne pas aimer l’album ! Mais on pense aussi à Elliott Smith, son fantôme rode sur une bonne partie de l’album, avec sa mélancolie et sa fragilité.
Tout l’album est intéressant, mais s’il fallait faire une sélection : je vote pour Death With Dignity, Should Have Known Better, Drawn To The Blood, Carrie & Lowell, No Shade In The Shadow Of The Cross (le single sorti en éclaireur) et Eugene, vraiment des classiques immédiats.
Cela fait plus d’une semaine que l’album tourne en boucle et je suis toujours autant sous le charme, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas été aussi scotché par un album. Il y a beaucoup d’émotions qui passe dans ce disque et c’est le plus important. On a envie de pleurer, de rire, de courir dans l’herbe, de contempler les nuages passer. La vie quoi.

Reste plus qu’à attendre le vinyle édition spéciale en pré commande…


Noel Gallagher’s High Flying Birds – Chasing Yesterday #noelgallagher #oasis


Dès le premier coup de médiator sur la guitare on sait tout de suite ce que proposera ce disque. Mais c’est Wonderwall, c’est quoi cette blague ??? Bon et en fait non c’est surtout la tonalité. Il y a des gens qui ne changent pas, et Noel en fait partie, si vous cherchez un virage artistique total, un déni du passé Oasis, passez votre chemin. Tout est dans le titre de l’album : Chasing Yesterday. Que ce soit la chanson de Macca qu’il a toujours cherché (à grand renfort de cordes du temps d’Oasis) ou son passé glorieux des 90’s, Noel rumine, revient encore et encore à ses bases. Evidemment le garçon est solide quand il s’agit de composer, les mélodies sont bonnes, c’est plutôt bien fait, mais bon il reste ce sentiment de déjà entendu mille fois. La nouveauté ? Noel a enfin arrêté de jouer avec la production et de rajouter une couche de miel sur quelque chose de déjà sucré, comme sur son précédent album bien mais assez indigeste, surtout à la longue. On trouve aussi des emprunts au rock 80’s (c’est la mode) dans Ballad Of The Mighty I, voix et instru, pas trop mal, des emprunts 70’s : l’intro en bois de The Girl With X-Ray Eyes, tellement Stairway To Heaven (Mais je crois que c’est interdit de jouer ça !) pour continuer sur un couplet très Hotel California. Marrant, à défaut d’être original. Ça vire un peu punk bubble-gum californien, tendance Green Day, comme sur You Know We Can’t Go Back, ou Coldplay énervé comme sur While The Song Remains The Same. Rien de révolutionnaire en somme, mais quelque chose de bien fait.

Alors cet album ? Confort ? Facilité ? Auto-plagia ? Bienveillance ? Un peu de tout ça. D’un côté il y a l’effet madeleine de Proust, la joie de se retrouver dans quelque chose de connu et de confortable, mais d’un autre coté ça manque sérieusement d’aventure tout ça. Du coup on peine à sortir un single du lot, tout est bien mais rien n’est mémorable…

Bon évidemment si on aime Oasis, et que vous ne cherchez pas quelque chose de nouveau, cet album est plutôt sympathique.


Rone – Creatures #rone



Les français aiment bien l’électro, et sont d’ailleurs les meilleurs, il n’y a aucun chauvinisme derrière tout ça ! Donc, voici Rone, la dernière sensation électro en provenance de l’hexagone. Ce n’est pas de la dance, ni de la techno mais plutôt quelque chose de planant, pas si éloigné que ça d’un Jean-Michel Jarre sur l’intention (la mégalo, les pyramides et la coupe de douille en moins peut-être !). On oscille entre délires planants, titres plus classiques, chantés en français, électro pure et dure et musique de film ( Acid Reflux, c’est Jean-Michel Jarre qui fait la BO du Grand Bleu ? Avec sa longue intro avec des cris de dauphins faits à la trompette par Toshinori Kondo. En fait ça me fait penser à Ecco, un jeu vidéo sur mégadrive avec un dauphin).

On y trouve beaucoup de guest stars : Bryce Dessner de The National, Frànçois sans ses Atlas Mountains, Etienne Daho et d’autres moins connus. C’est assez particulier, il faut rentrer dedans mais c’est vraiment bien fait. Mortelle avec Etienne Daho ou Quitter La Ville avec Frànçois rendent bien, et j’aime particulièrement Sing Song ou Sir Orfeo qui fait un peu penser à Pégase. Après il faut aimer l’électro, c’est sûr !

José Gonzalez – Vestiges & Claws #joségonzales



Après une longue pause en groupe avec Junip et dans les BO avec d’excellents titres pour la BO de Walter Mitty, revoici le suédois au nom et au look ibérique pour un album solo. Alors c’est sûr qu’on peut dire qu’il n’invente pas la roue ! C’est classique, c’est folk. Une guitare folk, une voix, des fois doublée, rien de plus, c’est un peu plus dépouillé que pour Walter Mitty… Dommage car Stay Alive reste pour moi un des plus beau titre de l’année dernière…

Du coup ce n’est pas vraiment une musique d’ambiance, il faut faire un effort pour écouter José. Le mieux est d’avoir un châlet au fond des bois, de se faire un feu, d’allumer 2, 3 bougies et de boire une tisane en regardant la biche marcher sur la neige par la fenêtre. On peut aussi se faire couler un bain bien chaud avec de la mousse. En fait le mieux c’est qu’en plus José soit là avec sa guitare, parce que c’est pas la production de l’album qui va vous manquer…

Donc c’est de la folk, tendance Simon & Garfunkel mais en solo en fait. Après c’est plutôt délicat, bien fait, Open Book et With The Ink Of A Ghost sortent bien du lot, et surtout Leaf Off / The Cave !

Mais je vous aurai prévenus, n’écoutez pas ça en voiture quand vous êtes fatigué !



samedi 7 mars 2015

BC Camplight – How To Die In The North #bccamplight



Parfait inconnu pour moi, déniché par mon beau père Jacques, voici BC Camplight, un américain exilé à Manchester mais qui continue à écrire une pop très américaine, tout sauf contemporaine, guettant les Beach Boys et Harry Nilsson, avec le même genre de voix haut perchée et d’arrangements en cuivres et cordes. C’est bien entendu très pop, très 70’s, un peu soul, pas hyper inventif mais assez attachant.

On notera Why doesn’t Anybody Fall In Love Anymore, Piano voix sensible qui se transforme en explosion typique 70’s (Queen??), également Just Because I Love You pop 70’s mielleuse, parfaitement réalisée et qui fait du bien ou encore Thieves In Antigua faisant ouvertement référence aux Beach Boys, mais plus ceux de Surfin in The USA qu’au Pet Sounds souvent copié. Bref rien de neuf mais de bons morceaux de pop.



The Avener – The Wandering Of The Avener #theavener


On peut dire que The Avener divise, tout d’abord par ce qu’il propose : ce ne sont pas des chansons originales mais des remixes ou reworks. Bref des reprises. On a donc plus affaire à un travail de producteur, une électro pop tendance boum boum un peu plus raffinée et recherchée que la moyenne. Partant de chansons vintages estampillées 70’s ou 80’s, The Avener impose un mix plus contemporain à base de basses profondes et de beats appuyés, parfait pour le dancefloor. Et le mélange passe plutôt pas mal, à la lumière du titre Fade Out Lines de Phoebe Killdeer paru en éclaireur au cours de 2014. Les Black Keys (Lonely Boy surprenant), John Lee Hooker, Sixto Rodriguez (autre très bon titre) ou Mazzy Star tous passent ainsi à la moulinette de la deep soul façon St Germain (d’ailleurs que sont-ils devenus??). Alors quoi en penser ? Effet de mode ? Remix à bar boite hype ? Ces remixes trahissent les originaux ? Leur donnent un coup de jeune ? À voir.

En attendant ça permet d’avoir des chansons dansantes de bonne qualité.