samedi 26 novembre 2016

Un Nobel pour Dylan



J’aime beaucoup la polémique qui tourne autour du prix Nobel de Bob Dylan. J’aimerais d’abord dire BRAVO, non pas au Zim qui doit s’en foutre un peu ou être tout juste un peu amusé, mais à l’institut Nobel qui a eu les couilles de faire ça. Un nobel de littérature à un musicien ? Et pourquoi pas ?

Le paradoxe pour moi, français ayant grandi biberonné aux chansons de Bob Dylan, c’est que je ne comprenais rien aux textes, et que je n’ai (à l'époque) jamais d’ailleurs essayé de traduire quoi que ce soit.

Desire tournait en boucle à la maison, en particulier Hurricane, que je connais vraiment quasiment par cœur, pas les paroles bien sûr, la musique. D’ailleurs ce qui est marrant c’est qu’on se forge une identité musicale à partir d’une chanson, d’un album. Pour moi Bob Dylan, ce n’est pas Blowin’ in the Wind, c’est Hurricane.

Pas de palabre sur le pour ou contre le passage à l’électricité de Highway 61 Revisited, l’électricité est déjà là, Joan Baez est loin (même si j’étais persuadé jeune que c’est elle qui faisait les chœurs), il y a du rock, de la country, même un violon incongru qui donne un coté country. Pour moi, c’est le meilleur album de Dylan, bien avant Freewheelin’, Highway 61 Revisited et Blonde On Blonde. C’est bien entendu plus que subjectif. Et objectivement faux, je le reconnais maintenant.

Prenons donc Hurricane pour parler littérature, vu que c’est le sujet. Et ouais, depuis je me suis penché sur le texte ! Je ne rentrerai pas dans la polémique judiciaire, Hurricane Carter est-il coupable tout ça. Vous trouverez bon nombre de sites qui revendiquent haut et fort que Dylan a tort, que Rubin Carter est bien coupable. Passons le coté intégrité journalistique et parlons un peu du texte. Déjà, il est long ! C’est rare un texte si long en chanson. La chanson dure 7 minutes et Dylan parle vite, dans l’urgence. Dylan raconte à la façon d’un rapport de police presque factuel l’histoire de ce triple meurtre. Le style est vif, haletant, sans pose, sans point ni virgule, à la manière de Kerouac, dont personne n’irait remettre en question le coté littéraire. Car c’est ça Dylan, une mise en chanson de textes qui pourraient être des poèmes de Ginsberg (ils étaient d’ailleurs proches), un texte de Kerouac, une utilisation de la technique du cut-off de Burrough qui a même donné naissance bien plus tard au flow du rap. Dylan est beat. Dans Hurricane, mais encore plus dans le surréalisme des textes de Blonde On Blonde (on dit souvent surréaliste ou psychédélique quand on ne comprend pas). Il est le prolongement de la beat generation.

Toute sa vie Dylan a été dans la fuite. La fuite de la responsabilité d’une prise de conscience sociale et politique suite à ses premières protest songs, la fuite du succès, la volonté de mouvement d’être là où on ne l’attend pas, de « trahir » le folk pour passer à l’électricité. Et on ne parle pas de sa vie personnelle et sentimentale. Dylan est le mouvement, le mouvement qu’il continue toujours avec son endless tour, le symbole d’une Amérique bohème et vagabonde. 

Sur La Route.

vendredi 11 novembre 2016

Devendra Banhart – Ape in Pink Marble #devendrabanhart



Je n’ai jamais vraiment trop aimé Devendra Banhart, en particulier sa voix trop chevrotante et ses excès psychédéliques. Je ne détestais pas vraiment non plus, je n’avais juste pas accroché. Suite à une critique dans les inrocks, je me suis dit que j’allais réécouter pour me faire une idée, et j’ai été plutôt séduit. J’ai même poussé jusqu’à réécouter son précédent album « Mala ». Pas mal.

Revenons à Ape in Pink Marble qui vient de sortir. On y retrouve un mélange de folk song plutôt classique avec quelques effets marrants, inattendus, à la production, avec notamment la présence sur beaucoup de titres d’un koto, un instrument japonais mais également de quelques synthés déglingués façon Mac deMarco. On y trouve même du steel drum (surement électronique). C’est plutôt doux, grâce à sa voix cotonneuse, toujours un peu chevrotante sur les fins de phrase. Niveau inspiration, on évolue entre pop folk classique (Saturday Night ou Souvenirs), de la bossa (Theme for a Taiwanese Woman in Lime Green, Jon Lends a Hand), du jazz chanté (Linda), un disco funk (Fig in Leather), de la synth pop (Mourner’s Dance et sa nappe de claviers bavante) et même du reggae (Mara). Mais c’est le Japon qui ressort le plus de tout ça, chaque chanson comporte son lot de notes asiatisantes, des notes de Koto, mais aussi de flute, de percussion, de claviers et même du son 8 bit très Nintendo.

On trouve un bon nombre de titres plutôt intéressants comme Jon Lends a Hand, à relents brésiliens, tropicaux. J’aime aussi beaucoup le reggae léger Mara ; Saturday Night aussi, qui me fait penser à du Vampire Weekend endormi. J’aime aussi beaucoup Linda, qui elle me fait penser à une rencontre entre Radiohead (Exit Music (for a film)) et Chet Backer, en tout bien tout honneur.

Ce n’est pas le disque de l’année, mais c’est plutôt plaisant à écouter, et assez sincère.

C Duncan -The Midnight Sun #CDuncan



Cet écossais est déjà l’auteur d’un sublime album paru l’année dernière et passé inaperçu, pour moi bien sûr, parce que pour d’autres pas du tout, il était même nominé au Mercury Prize 2015. Son premier album s’appelle Architect et propose une pop plutôt planante à tendance un peu folk (guitare sèche), mais très produit, avec des synthés, des voix, par couches successives, avec force harmonies vocales (en fait la sienne superposée). C’est propre, sans excès, parfaitement dosé. Je vous conseille sans modération ce premier album sans réel tube mais avec une homogénéité et une maturité impressionnante.

Et donc moins d’un an après, C Duncan remet le couvert avec un nouvel album, toujours aussi intéressant, voire mieux ! La principale différence est l’abandon des guitares pour passer au tout électronique. L’album est toujours produit minutieusement, avec l’attention d’un orfèvre, les mélodies sont toujours aussi imparables. On se rapproche un peu plus de Beach House ou Air avec ce choix du « moins de guitare ». C’est un peu plus vaporeux, planant. Le rendu est aussi plus cinématographique, tendance 60’s 70’s. De l’aveu même de l’auteur qui comptait plonger dans le monde de sa série préférée : la 4ème dimension (The Twilight Zone). The Midnight Sun en est la parfaite illustration, un excellent titre, porté par son leitmotiv hypnotique typique du générique de la série. Tout comme Nothing More et Do I Hear ? Également de très bons titres plutôt hypnotiques, sous forme de chants d’église. On y trouve aussi du plus classique avec Other Side ou de l’électro plus dynamique avec Wanted To Want It Too.
L’album en entier est très bon, c’est apaisant, c’est beau. Parfait pour un petit moment méditatif.


Et pour ceux qui avait loupé Architect, voici un titre de rattrapage !

Bayonne – Primitive #bayonne





Je vous rassure tout de suite, Bayonne n’est pas un super-groupe formé par Patrick Sebastien pour les fêtes de Bayonne. C’est en fait un gars du Texas, Austin, Texas, qui s’est appelé comme ça à cause de la rue dans laquelle il habite. Et donc il y a une route de Bayonne à Austin. Fun fact…

Donc le gars derrière Bayonne, n’est pas un jambon (fallait que je la fasse) et se prénomme Roger Sellers. Roger nous propose de la synth pop très joyeuse et ensoleillée. Là où l’électro est souvent synonyme de mélancolie, ce premier album est rayonnant. Enfin électro, le nom est mal choisi, Roger Sellers utilise ses machines pour faire des boucles mais la musique provient elle de vrais instruments. La formule est simple : une voix plutôt folk, un peu vaporeuse, des synthés et des pianos à mi-chemin entre Caribou, Passion Pit (celui du début, pas la marmelade ultra sucrée du dernier album (avis personnel)), des grosses percussions tribales à la Frendly Fire et la préciosité d’un Owen Pallett. Le coté boucle électro en association avec la voix me fait aussi pas mal penser à ce que font les groupes nordiques comme Of Monster and Men ou Asgeir, mais en plus joyeux et plus dynamique.

Le résultat de cette tambouille est un magnifique album plein de perles pop. Car Roger est un génie, de l'arrangement mais aussi en ce qui concerne la constitution de magnifiques mélodies. On ne va pas les compter elles sont presque toutes géniales, Appeals, Spectrolite, Waves, Steps ou Living Room sortent quand même un peu du lot.

Très bien produit, ultra accrocheur mais quand même profond, c’est pour moi une révélation de cette rentrée. J’espère que la renommée de Bayonne va aller grandissante, à priori ça devrait le faire, il fait les premières parties de Caribou et de Two Door Cinema Club.





Et en prime voici une petite loop live session, ça fait un peu geek collectionneur mais ça envoie grave !






lundi 31 octobre 2016

Golden Suits – Kubla Khan #goldensuits





J’avais déjà apprécié le premier album de Golden Suits et son imparable single Swimming in ’99 sortie il y 3 ans maintenant, et bien revoilà Golden Suits avec un nouvel album. Golden Suits c’est en fait Fred Nicolaus, qui était avant dans le groupe Departements of Eagles avec Daniel Rossen de Grizzly Bear (rien n’est dit sur un arrêt du groupe d’ailleurs). D’ailleurs ce dernier Daniel Rossen vient aider de temps en temps. Je ne serais même pas étonné qu’on trouve des traces des mecs de Woods, Kevin Morby ou Real Estate ! Bref ça se passe entre Brooklinien et ça s’entend. Toujours vaguement folk, principalement indie pop, avec le spectre de The National, Grizzly Bear ou Death Cab For Cutie derrière. 
On ne change pas une équipe qui gagne, le nouvel opus est dans la même veine, peut-être un peu plus pop. On y trouve de très bons titres très indie pop comme Gold Feeling (le tube) ou Only Waiting, Lie (superbe) ou Like A Bird. L’album en entier est très plaisant (sauf peut etre Useless, la première de l’album un peu lassante avec sa répétition de refrain trop appuyé. Useless effectivement). La voix est toujours très agréable, douce, plutôt grave (le très Leonard Cohen You’re Crossing A River), souvent doublée, un peu désabusée entre mélancolie et joie. C’est plutôt bien produit aussi (un peu de synthé, un glockenspiel, des claps de main, des grosses caisses…) Bref rien de révolutionnaire mais un album très sympathique, doux est assez immédiat pour les amateurs d’indie pop US tendance fixie et bonnet barbe en vogue à Brooklyn.

Ça permet d’attendre un prochain Real Estate, Grizly Bear ou National tranquillement. Surtout maintenant que Local Natives nous a un peu fait faut bon.

Two Door Cinema Club – Gameshow #TDCC




Pour moi, une des grosses révélations du pop rock du début des années 2010, c’est Two Door Cinema Club et son premier album coup de poing. Une collection fabuleuse de tubes. Presque tous les titres ont finis dans une pub ou un générique d’émission télé. Bon d’accord ce n’est pas toujours gage de qualité. Leur deuxième album pouvait sembler plus faible, mais il restait bon nombre de titres tubesques, instantanés. Après une pause de près de 4 ans, durant laquelle ils ont frôlé la séparation et le burnout, les voici de retour avec un nouvel album.

L’idée de départ semble être de changer de style, car on pouvait critiquer la similarité des 2 premiers albums. Vu que c’est la mode, pourquoi ne pas regarder du côté de la nostalgie des années 80 ? Tout le monde de l’électro pop ou de la pop en général le fait. Rien de nouveau donc. Enfin si. Le modèle de TDCC semble être un peu plus respectable que les Duran Duran et consort, eux se tournent plus vers Prince mais surtout Peter Gabriel. Un peu moins kitch normalement (même si les clips de Peter Gabriel nous font penser vraiment le contraire…). C’est particulièrement visible sur Bad Decisions (dont les parties instrumentales ressemblent à Steam) ou sur la plus expérimentale Surgery.

Donc Two Door Cinema ouvre grande la porte aux claviers. Ils n’ont pas été aussi loin qu’avec l’EP Changing Of The Seasons sorti il y a 3 ans qui était très électro, limite dance.

Cependant, on y perd (en partie) leur rythmique sautillante surexcitée et leurs riffs de guitares incisifs, remplacés par des cocottes à la Niel Rodger, plus gentillettes, et bien sûr double dose de nappe de synthé. Je précise en partie car on trouve encore quelques saillies à cordes bien senties qui rehaussent le tout (les refrains de Lavender ou Are We Ready ? par exemple ou même le limite punk Gameshow).

A la première écoute, au casque, ça ne m’a pas fait sauter sur ma chaise, un petit manque d’énergie jubilatoire et primaire comme sur Undercover Martyn, I Can Talk ou Someday. Du moins c’est que je m’attendais à avoir. Mais je l’ai mis à maison sur la chaine HiFi plutôt fort, basses rondelettes bien en avant, et là, mon fils de 4 ans s’est mis à se déhancher sur Bad Decisions (Je précise que mon fils a bon gout et voue un culte à The Less I Know The Better de Tame Impala ainsi qu’à Mrs Vandebilt de Paul McCartney). Il y a moins d’urgence dans le propos que sur Tourist History, d’explosivité pourrait-on dire, mais il a toujours ce côté ultra efficace : Alex Trimble écrit toujours des mélodies hyper accrocheuses, du vrai chewing-gum. Ça colle et ça reste longtemps en tête. Are We Ready ? (Wreck) et sa guitare funky, Bad Decision, Lavender, Fever pour les plus marquantes ont du mal à sortir de la tête une fois rentrées. Bref il nous a à l’usure.
Les nouvelles directions permettent au groupe de se lâcher un peu plus, d’oser un slow à la Phil Collins, voix de Bee Gees et solo de guitare héro avec Invisible. D’oser un morceau très bizarre avec force vocoder comme Surgery (que je n’aime pas mais bon). De faire une intro de 30 s planante à la Pink Floyd et d’enchaîner sans transition sur du disco funk avec Fever. Et surtout de ne pas avoir peur d’en mettre trop. Souvent ça passe, un peu sucré mais bon, des fois ça dépasse carrément la dose acceptable comme avec Je Viens de là (dommage sans ce trop-plein de sucre le titre aurait pu être pas mal). Enfin on est quand même pas au niveau du dernier Passion Pit quand même ! ou même du dernier M83.
Il n’empêche qu’on va retrouver partout ces nouveaux tubes immédiats, pour preuve Bad Decision, déjà générique de Quotidien. En plus des 2 single déjà parus, je prédis un grand avenir à Ordinary, Lavender et Fever. Les titres plus lents comme Invisible (un peu cheesy quand même) ou Good Morning seront moins sur le devant de la scène mais reste de bons titres.
Si vous avez la version Deluxe, en plus de divers remix (dispensable comme souvent) et une version live, vous allez trouver 2 très bons titres qui auraient dû finir dans l’album officiel selon moi : Gasoline et sa rythmique un peu 8 bits très sympathique et Sucker, une sorte de slow très laid back. Deux titres moins dynamiques mais très bons !

Two Door Cinema Club avouent s’être bien amusés à créer cet album, de ne s’être rien refusés, ça se sent, ça parait heureux, et la voix d’Alex Trimble est au diapason de l’album. Contrairement au décevant Local Natives, qui tentaient le même virage, mais sans l’assumer pleinement, les TDCC ont compris que dans la pop joyeuse, il fallait l’être à fond, jusque dans le moindre synthé. Et contrairement à M83, ils ont réussi.

Certains regretteront que TDCC délaissent leur style plus explosif des débuts, criant à qui veut bien l’entendre qu’ils ont cédé aux sirènes du succès. Mais je ne pense pas qu’ils aient déjà cherché autre chose que le succès. Leur but a toujours été de faire danser, bouger et de sortir de la pop instantanée. Mission plus que réussi il me semble.




lundi 3 octobre 2016

Warhaus – We Fucked A Flame Into Being #warhaus


Le matin, en me réveillant, j’écoute Pop n Co sur France Inter avec Rebecca Manzoni. Je vous conseille, c’est court, bien fait, et les critiques sont intéressantes. On y fait des découvertes. Comme Warhaus par exemple. Pas sûr que sans cette émission je sois tombé dessus. Et ça aurait été dommage car c’est une belle découverte. 

Warhaus, c’est en fait Maarten Devoldere, toujours pas ? C’est en fait l'une des moitiés du groupe Balthazar, un groupe belge, flamand même. Je sens que j’en raccroche quelques un mais pas tout le monde.

Pas grave, concentrons-nous sur Warhaus. Difficile de caractériser cet album, on pense à Léonard Cohen par le timbre rauque du chant, le côté nonchalant érayé et désabusé (et vice et versa). On pense à Gainsbourg période Requiem Pour Un Con avec ses percussions hypnotiques (Wanda). Mais on pense surtout à Lou Reed, celui de Walk On The Wild Side et sa fausse légèreté (Time And Again). Car la production tranche avec la nonchalance du chant. C’est rigoureux, foisonnant, ample, des chœurs, des cuivres, une guitare incisive, des notes de soul, de slow années 60, de pop eighties, un piano bar. Le son est compact percutant, on pense à certains beats hip hop (I’m Not Him, qui ouvre génialement l’album). 

Une bien belle découverte que je vous invite à écouter.

Cocoon – Welcome Home #cocoon





Même si le groupe vient de Clermont-Ferrand, je suis sûr que vous avez déjà entendu Cocoon et son tube Chupee, qui a fait le tour des spots publicitaires.
Pour son troisième album, Mark Daumail est désormais seul, on a bien quelques voix féminines, mais c’est Natalie Prass qui vient poser sa voix. Il est seul à composer et propose d’ailleurs quelque chose de très intime, en rapport avec le titre. La plupart des chansons ont été composées à l’hôpital, au chevet de son fils malade pendant plusieurs mois. S’en découle bien sûr une fragilité mais paradoxalement un peu de joie et de légèreté, la touche cocoon en fait, le glockenspiel.

On retrouve donc la voix douce, les balades un peu pop folk classique, mais avec plus d’intensité. On y trouve aussi une production plus léchée que précédemment. C’est Mathew E White qui s’y frotte, d’où l’apparition de chœurs gospel, d’un peu de soul, d’une guitare slide et de cordes dans un style très américain.
Le premier titre Retreat est bien dans ce style, avec de la soul et de l’émotion. Get Well Soon, enfonce le clou avec des paroles dures "It’s been a tough year for my family" et un air léger, limite joyeux avec ses trompettes mariachi et son glockenspiel léger, très bon titre. I Can't Wait lorgne vers du Beirut ou du Angus and Julia Stone premier album. C’est aussi très frais et doux, mais avec la mélancolie qu’amènent les paroles. Dans le style frais proche des albums précédents on trouve aussi Middle Finger et Miracle. Watch My Back, Grandaddy proposent des balades calmes : guitare folk, guitare slide et cordes, douces et délicates. On a aussi Out Of Tune qui sonne plus contemporaine, on pense à du Alt J, c’est très bien fait, un très grand titre.

Pour conclure, voici un très bel album, le meilleur de Cocoon selon moi : des mélodies pop imparables, une production parfaite, de l’émotion, de la délicatesse, de la joie, et une certaine grâce.

Bref ça fait du bien.


vendredi 23 septembre 2016

Bon Iver – 22, A Million #boniver



Après 5 ans d’attente, le délicat, et donc rare, Bon Iver (Justin Vernon principalement) nous revient par surprise avec un nouvel album en cette rentrée. J’ai découvert sur le tard Bon Iver, mais j’ai rapidement accroché à cette pop folk exigeante, son dernier album en date étant un vrai classique. Cette fois ci, fort de son succès et de sa place quasi christique de sauveur de l’indie pop, Justin sort du cadre classique et se lance dans l’électronique expérimentale, à la manière d’un Sufjan Stevens période Age of ADZ.
Tout comme avec le susnommé album de Sufjan, on peut être un peu laissé sur le bas-côté.
A la première écoute, on a l’impression que les délicates mélodies sont polluées par des saillies électroniques dissonantes, de lourds beats saturés et des voix de chipmunks vocodées.
Ce n’est pas tout à fait faux. Ni tout à fait vrai.

Par moment, effectivement ça va trop loin, beaucoup trop loin : je n’arrive pas à écouter la 2 plus de 10 secondes, et je ne parle pas des sonneries et du saxo qu’on étrangle dans la 7… Je dis la 2 et pas le titre qui est 10 d E A T h b R E a s T ⊠ ⊠ parce que tous les titres sont du même acabit, avec pleins de symboles bizarre. C’est arty à n’en point douter….
La 1 est malheureusement victime de ce trop de bidouillage, selon mon goût bien sûr ! Trop en avant par rapport à la production classique, la fin de la boucle est trop abrupte et créé une dissonance. Dans le même problème de dosage, la 3 est indigeste de trop de vocodeur…

Par contre, quand c’est bien dosé, ça peut devenir féérique.

C’est toute l’ambiguïté de ce disque où le magnifique côtoie l’horrible, parfois dans la même chanson. Il y a le single, la numéro 4, qui bien qu’arborant des sonorité chelous et des voix de chipmunks s’en sort plutôt bien.
La 5 plus classique me plait bien aussi, c’est délicat (sauf dans un écrêtage volontaire d’une envolée, pas franchement nécessaire…). Tout comme la 9 calme avec son banjo.
La 6 est vraiment géniale, un des sommets de l’album, le dosage entre touches électro et la mélodie semble être parfait.
Bon Iver nous embarque aussi dans un slow RnB avec la 8 qui propose quelque chose avec beaucoup d’ampleur, assez magique. C’est plutôt sympa, la prestation chez Jimmy Fallon de ce titre (en bas) est vraiment géniale, électro, instruments classiques, chœur et la voix de Justin Vernon, bidouillée ou non s’entrecroisent et se complètent parfaitement !
La 10 clôt magnifiquement l’album, sans fioriture, sans perturbation électronique, pure, claire et tout simplement magnifique.

Que dire pour conclure ?
Justin Vernon est un vrai génie, avec ce qu’il faut de folie et de portenawak pour appartenir au genre. Une imagination sans limite, qui apporte son lot de grandiose, mais aussi de wtf. Effectivement, il y aurait quand même à redire en ce qui concerne la moitié de l’album, quasiment inaudible pour moi (la première partie de l’album d’ailleurs, ce qui n’arrange rien pour rentrer dedans). Mais quand tout est bien dosé les mélodies délicates sont sublimées et on touche la perfection.



et le fameux live chez Jimmy Fallon :



Angel Olsen – My Woman #angelolsen



J’étais passé à coté de son dernier album il y a deux ans. Un album sympathique, authentique de pop folk un peu rock. La formule avait l’air de marcher, alors pourquoi changer ? Angel nous revient donc sur la même veine avec un album encore mieux ! On commence l’album sur les chapeaux de roues avec de la pop un peu énervée, plutot grunge. Riff un peu Nirvana, son de guitare un peu crado, alternance calme/tempête et basse obsédante s’invitent sur des titres à la construction pop classique (couplet refrain pont). On se replonge tout de suite dans les 90’s avec par exemple Give It Up, très Breeders. Not Gonna Kill You est dans le même genre avec un pont assez irrésistible. Shut Up Kiss Me est très rock aussi, alors sortons les sur-chemises à carreaux et secouons la tête !

ça, c’est le programme de la première partie d’album, plutôt électrique et sympathique. La deuxième partie (la deuxième face ?) de l’album est plus cool, avec de belles ballades folk délicates : Those Were The Days et Hear Shaped Face, plutôt douces, Sister qui commence plutôt folk limite country et qui monte sérieusement en puissance sur la fin. On y trouve aussi la magnifique Woman, toute désabusée et habillée d’une ligne de basse reggaeisante. Du blues piano délicat, un peu Lana Del Rey comme avec la magnifique Pops. Pour résumer voici une belle surprise qui ne révolutionne absolument rien mais que je recommande chaudement surtout si vous aimez la pop, la folk et que vous avez porté sur-chemises, jeans troués et Doc Marteens.


The Divine Comedy – Foreverland #thedivinecomedy



Cela fait plusieurs années qu’on n'avait pas eu de nouvelles de Neil Hannon, l’irlandais qui se cache derrière Divine Comedy. Et bien, on peut dire que le temps n’a pas d’emprise sur lui, du moins sur sa musique. Toujours complètement hors d’âge. On pense aux Beatles, même à beaucoup plus vieux ! C’est désuet en fait, donc tout à fait charmant et raffiné. Bien entendu c’est joliment enluminé (enfin produit comme on dit de nos jours) : cordes bien sûr, accordéon, hautbois, banjo et cuivres en tout genre. C’est baroque, cabaret, baltringue (façon Paul Mc Cartney), un peu chargé et rococo ! On y parle de Napoléon et Catherine the Great, de légion étrangère, on y joue des balades fifties un peu comédie musicale, toute douce en duo, une musique orientalisante toute en cuivre de course poursuite façon James Bond 60’s en disant qu’on est désespéré, on se permet de ne pas finir ses chansons (Other Peoples). C’est un peu foufou, mais c’est superbement bien écrit. 

Bref un indispensable pour tous les amoureux de la pop 60s et même plus vieille, bien entendu !


jeudi 15 septembre 2016

Local Natives –Sunlit Youth #localnatives


Pour son troisième album, Local Natives muscle son jeu, rajoute des beats et de l’électro à sa pop délicate tout en harmonies vocales. Au risque d’y perdre son âme ?
Un petit peu il me semble.

L’intention est louable, emmener un peu plus loin l’indie pop folk avec harmonies, vers des zones plus éclairées par les spotlights, vers des endroits déjà défrichés par Two Door Cinema Club par exemple.
Sans non plus tomber dans le syndrome Coldplay (pour l’instant), le dernier Local Natives propose la parfaite panoplie du disque d’indie pop qui veut plaire à tout le monde dans les années 2010 : production marquée, batterie électronique, boite à rythme, quelques claps, des nappes de synthé et même quelques Ououhouh très pop nordique façon Rodriguez ou Of Monters And Men. Ça peut servir si un jour on joue dans un stade comme on dit. 
Bon je suis un peu méchant, il reste toujours la délicatesse des harmonies vocales, la voix plaintive du leader et les bases de Local Natives. Mais il manque un petit truc ou peut-être qu’il y en a trop en fait. Trop produit. Trop propre. Trop efficace. Trop prévisible. Trop de bons sentiments, comme s'ils étaient devenus trop heureux et fiers de le montrer. Cela rend la chose beaucoup moins délicate que pour les précédents albums. C’est bien connu, une chanson triste est bien plus intéressante qu’une chanson heureuse.
On y trouve quand même de très bons titres : Past Lives et sa rythmique à la Kids de MGMT échappe au souci susmentionné, Villainy (sans guitare, une première pour eux), Mother Emanuel, et Coins qui joue la rupture avec sa rythmique plus lascive, limite reggae, aussi. D’autres titres sont aussi « pas trop mal » mais à la limite de la musique de stade : Fontain Of Youth ou Psycho Lovers par exemple. On a aussi des titres un peu mielleux, comme Everything All At Once ou Ellie Alice. Un peu calorique pour moi mais il y en a qui aiment le sucre !
Ce qui est marrant avec cette introduction d’électronique c’est qu’ils se rapprochent d’un de leurs suiveurs : Wildcat! Wildcat!

Au final, l’album est plutôt sympa, mais il me reste en bouche une légère sensation d’un manque de finesse, de retenue et de délicatesse qui m’empêche de dire que c’est pleinement réussi.
Désolé les gars. Ça m’embête de dire ça, j’attendais beaucoup plus de cet album…
J’espère que vous vous ressaisirez pour le prochain album et ne pencherez pas vers le côté obscur et les sirènes du succès (coucou Chris Martin…).


Cassius – Ibifornia #cassius



Pour la rentrée les vétérans de la French Touch nous apportent un peu de sursis de vacances. Mettez vos lunettes de soleil et allons danser en tongs.

Car Cassius est de retour, et ils ont invité plein de copains à la grande fiesta : Pharell William, Mike D des Beasty Boy, Cat Power, Mathieu Chedid aux guitares et moins fréquentable : le chanteur de One Republic. Ça sent les vacances et les soirées d’Ibiza et de Californie comme son nom l’indique, c’est dance, funcky, rythmé avec des percus. C’est frais, hyper catchy (ils ont vraiment un sens inouï de la formule), solaire et hyper décontracté. Pour preuve la voix type thriller qui peuple tout le titre phare Ibifornia et les bruitages d’oiseaux rares et les gimmicks utilisés par ci par là.

On retrouve donc au cours de cet album, des titres taillés pour le dancefloor comme les entêtantes The Missing et Action, funky et chaloupées à souhait. Dans un genre voisin Love Parade et Go Up, portée par Pharrel William en mode Freedom s’en sortent pas mal. On trouve aussi de la House pure et dure avec Ibifornia et Ponce. Mais on y trouve aussi de la pop plus classique comme Blue Jean Smile, Hey You dans un style limite Beatles (sic !) ou Feel Like Me qui poursuit la piste du single I Love U So sorti il y a 6 ans. Et il y a aussi The Sound Of Love, un slow collant type 80’s qui tourne en dance.
Bref c’est éclectique, et plutôt bien fait.

Ce n’est pas le disque qu’on écoutera en boucle, mais on se ruera sur la piste de dance dès que The Missing ou Action passeront dans la boite !
Un peu comme avec Toop Toop en fait.

mercredi 14 septembre 2016

La Femme – Mystère #lafemme


Irrévérencieux, c’est le premier mot qui me vient à l’esprit. Punk dans le geste, mais pas dans la musique. C’est peut-être pour ça que je pense souvent à la scène française des années 80 en écoutant le dernier La Femme. Les Negresses Vertes, Jacno, Los Carrayos, Hot Pants ou le début de la Mano, ne sont pas loin, Taxigirl, Bashung ou Marie et Les Garçons non plus.

Il y a 2 ans sortait le premier album du phénomène La Femme, un collectif vraiment barré, décomplexé au possible. Après les débuts euphoriques, peut-être un peu lassant à la longue (un peu répétitif mais plein de fougue), l’heure du deuxième album a sonné. Toujours aussi peu orthodoxe, toujours rempli de mélanges un peu contre nature. Et pour preuve.

Le générique de K2000 devient oppressant et une douce voix se pose dessus façon Yéyé sur Sphynx. La Surf music à la Dick Dales se pare de paroles en français pour nous faire une BO d’un Pulp Fiction à la française avec sifflement morriconien sur Où va le Monde. On danse sur du disco en déambulant vers Strasbourg - Saint Denis, remplaçant les bars à putes et les Narvalos de Pigalle de leurs ainés sur S.S.D. On introduit de la musique arabe (plutôt bien sur Psyzook, avec moins de brio sur Al Warda) mélangé avec des balades à consonances moyenâgeuses. Etienne Daho nous fait du Rockabily sur Tatiana. On fait rimer tragique et Gin Tonic, Ça fait mal avec organe génital. On associe le prog rock de Pink Floyd à du shoegaze, mâtiné d’images de vagues et de relents de vacances sur la côte basque. On parle de mycoses sur une ligne de basse rigide de Joy Division et une boite à rythme minimaliste, on ne respecte même pas la tristesse de Ian Curtis, on la bafoue en se concentrant sur ses problèmes de parties génitales. Non mais sérieux, qui a déjà écrit une chanson entière sur des problèmes de mycoses ? On fait aussi du rap sur une rythmique 70’s type Mélodie Nelson sur Exorciseur. Sur Septembre, on raconte que c’est dur la rentrée quand même après 3 mois de vacances (bon d’accord j’ai moins accroché, je suis trop vieux pour ces conneries, ils font chier ces jeunes en fac d’histoire de l’art). Charmant bordel en perspective.

Mais on y trouve aussi un songwriting fin et simple (le renouveau d’une variété française de qualité ?) comme sur Elle ne t’aime pas ou Le Vide Est Ton Prénom. Charmant programme de rupture en perspective. Car oui ça parle pas mal de rupture, de drague, de soirée déglingue, de gueule de bois sentimentales et alcoolisées, d’été fini, de blizzard comme disait Fauve.

L’album aurait quand même mérité à être un peu raccourci : 17 titres c’est assez conséquent, d’autant que ça s’essouffle dès qu’on attaque la 10ème piste.

Mais ne boudons pas ces trublions de la chanson française qui voient d’ailleurs beaucoup plus loin que l’hexagone. J’ai trouvé une chronique assez enthousiaste du Guardian, faisant remarquer qu’ils ne comp

mardi 6 septembre 2016

Michael Kiwanuka – Love & Hate #michaelkiwanuka


Il avait créé la sensation il y a 3 ans avec son premier album. Révélation soul de l’année comme on avait dit à l’époque. Pourtant le jeune homme n’est pas un admirateur inconditionnel de la soul et de Marvin Gaye comme on aurait pu le penser. Il y avait pas mal de folk dans son premier essai, mais là il s’éloigne encore plus de ce pourquoi on le prédestinait. Pour preuve, ce nouvel album et son choix radical de prendre Danger Mouse comme producteur. Sa voix soul vient se parfaire des arrangements classiques de Danger Mouse, entre envolées bluesy (comme sur les albums des Black Keys), prog rock planant à la Pink Floyd (comme sur le dernier Black Keys), rythmique appuyée, cette fois plutôt soul (comme sur la plupart de ses productions mais plus précisément avec Gnarls Barkley ou sur Electric Guest, d’ailleurs qu’est-ce qu’ils deviennent ?) et sa touche Ennio Morricone (comme sur son excellent album avec Daniel Lippi, Rome).
En y réfléchissant bien, on a d’ailleurs plus l’impression d’entendre un album de Danger Mouse que de Michael Kiwanuka. Mais ça c’est à la première écoute, et surtout parce que je connais bien les tics de production de Danger Mouse. Car ce qu’on voit derrière tout ça, c’est des titres magnifiquement écrits, un chanteur mais aussi un joueur de guitare accompli. Quelqu’un qui aime autant David Gilmour que Curtis Mayfield, Fella Kuti que les Beatles.
Tout commence par un immense morceau de 10 minutes, avec une intro longue, instrumentale, Pink Floydienne, symphonique et cinématographique (Extasy of Gold d’Ennio Morricone me vient direct en tête), puis la mélodie se pose doucement, le rythme aussi, enfin la voix arrive au bout de 5 minutes. « Did You Ever Want It ? » on accroche tout de suite à sa voix sincère, à son timbre, sa mélancolie, à la composition. On ne pouvait pas faire une meilleure chanson pour démarrer l’album et affirmer ses intentions : fini la soul folk de l’album précédent, Michael voit grand, le format ne passe pas à la radio, c’est sûr, mais le titre est un vrai tube, ultra pop et immédiat. On enchaîne ensuite sur ce qui pourrait par contre plus passer à la radio : Black Man in a White World, très afro, le morceau le plus soul de l’album et sûrement un future hymne Black Lives Matter. Tout est dans le titre. Le reste de l’album oscille entre pop, blues et soul, Falling et ses synthés, One More Night et son côté un peu laidback et funky est géniale, on a les douces Father’s Child et Rule the World, qui renoue avec la soul folk mais avec une trouvaille géniale pour dynamiser le tout : le contretemps des chœurs, en avance sur le chant, c’est gospel, c’est parfait. On a aussi Love and Hate, slow hyper arrangé de cordes somptueuses. Pour couronner le tout, The Final Frame clôt en beauté et en mélancolie l’album entre Otis Redding et Neil Young, voix cassée et troublante, bluesy et laidback. Parfait.
On peut regretter peut être le côté trop propre de l’album, moins immédiat que le premier album qui avait un petit côté démo assez sympathique. On peut regretter l'emprunte trop forte de Danger Mouse. On peut aussi apprécier sans retenue ce mélange subtil de soul, de pop, de prog rock, de funk et surtout de talent et d’âme.


John Cunningham – Fell #johncunningham



Qui d’entre vous connais John Cunningham ? Pas grand monde. C’est pourtant l’un des génies de la pop. Mais alors surement le plus discret et le plus méconnu. En plus il met 14 ans entre 2 albums, ça n’aide pas de nos jours ou il faut buzzer à mort pour exister. En 2002 sortait Happy-Go-Unlucky, un super album confidentiel, de ceux qu’on ne comprend pas pourquoi il ne fait pas un carton, puis plus rien. Pendant 14 ans.
John est tellement un artiste confidentiel, que malgré ses précédents succès d’estime, il a dû faire une souscription, un crowdfunding comme on dit, pour pouvoir enregistrer cet album. D’ailleurs un album comme celui-là coûte 6458 euros. Pour ceux qui se posaient la question. Evidemment qui dit pop et pas connu, dit suivi par Jacques, mon beau père, qui a participé à la souscription d’ailleurs. Bref j’étais bien informé sur la sortie de ce que nous pouvons appeler un petit bijou pop.
Complètement hors du temps, ancré profondément dans les sixties, Beatles, Zombies et Beach Boys se retrouvent mélangés dans cet album magnifiquement et finement composé et de plus magnifiquement produit, ce qui ne gâche rien, surtout pour 6458 euros ! Des cordes, des cuivres, du piano, quelques touches de synthé (dont l’interlude un peu psyché de We Get So We Don’t Know). C’est beau, touchant, la voix est sincère, fébrile par moment, toujours pleine d’émotion, les mélodies sont magnifiques. Je n’arrive pas à ressortir une chanson tant tout me semble à garder. Bon allez, Frozen In Time est un tube de l’été comme on dit !
Dans la vie il y a des injustices, John Cunningham en est victime. Consentante? Peut-être, car le milieu de la musique n’a que faire des gens respectueux et discrets. Cet album ne changera probablement rien à son statut, génie mais inconnu. Vous entendrez surement peu parler de cet album pourtant fabuleux. Magic n’est plus là pour en faire le disque du mois (enfin jusqu’en janvier car ils ont eu un repreneur. Chic !). Il n’y a guère que Christophe Conte pour écrire un joli article dans les inrocks. Il rentrera surement l’album dans la version 2 de son anti-discothèque idéale. Ne cherchez pas d’articles hors de France (le disque est distribué par un éditeur français) dans le NME ou Pitchfork, rien, et c’est dommage, et c’est surtout injuste.
Alors procurez-vous l’album, de préférence légalement, de toute façon il est introuvable sur les sites de streaming. Vous ne serez pas déçus, l’album est génial. On espère juste ne pas attendre 14 ans pour le prochain !


Summer Fiction – Himalaya #summerfiction




Je pense qu’on pourrait faire un label avec ce que défriche mon beau père, on y trouverait une certaine cohérence. Dans la même ligne (claire ?) que Any Version Of Me, Real Estate, les Leisure Society ou moins récent Beautiful South ou encore moins récemment The La’s. Je remonte violemment le temps à coup de 10 ans, on peut continuer comme ça et arriver vers Harry Nilsson, et comme toujours les Beatles en passant par les Smiths si on aime la pop anglaise triste. Donc voici Summer Fiction. De la pop dans le plus pur style 60’s. Du songwriting classique, des mélodies accrocheuses, une guitare rythmique plutôt sèche, quelques gimmicks plus électriques mais avec un son clair, de la 12 cordes bien en avant, des whouhouhous sur les refrains, un piano qui appuie les temps, 2 3 violons, un peu de mélancolie, un peu d’espoir, un concept d’album avec thème repris. Bref de la pop. Ce n’est pas pour rien si le co-producteur n’est autre que le leader de BC Camplight.

Alors oui bien sûr ça ne révolutionne rien, mais c’est frais, c’est sympa, et même si ça pourrait ressembler à une variation autour d’un thème plus que connu, il y a de bonnes pépites avec en tête Lauren Lorraine (plus Beach Boys pour le coup à cause de l’instru), mais aussi Genevieve (très italien, mais aussi très Something Stupid des Sinatras père et fille), Dirty Blonde, By My Side ou On and On qui démarre l’album en force (le thème est d’ailleurs repris dans le dernier titre Cathedral).

Bon alors après, le problème c’est que c’est plutôt un groupe confidentiel, très dur de trouver des infos dessus, alors l’album… Enfin légalement.

Mais sa rareté vous fera surement briller en société quand on vous demandera quel est ce morceau dans ta playlist ? Une réédition d’un Harry Nilsson? Encore un side project de Real Estate ? Et non c’est un petit groupe du New Jersey, pas très connu, mais il va percer, c’est sûr.

J’ajoute que c’est n’est pas vraiment une nouveauté, c’est sorti en milieu d’année 2015, mais le temps que ça nous arrive… Si on rajoute à ça que j’écoute Summer Fiction depuis janvier et que je n’avais pas encore écrit la chronique…

Enfin ça rajoute au côté « j’ai déniché ça c’est vraiment pas connu »


lundi 5 septembre 2016

Andrew Bird – Are You Serious #andrewbird


Mieux vaut tard que jamais comme on dit. Car oui cet album est sorti il y a plusieurs mois, en avril pour être précis. J’avais écouté vite fait mais pas pris le temps de vraiment rentrer dedans. Il a fallu retomber sur certains morceaux par hasard pour me replonger dedans (merci Baptiste !). Et grand bien m’en a pris.
Alors évidemment, c’est très pop, folk aussi bien sûr, et c’est surtout très richement produit et avec goût. Pizzicati de violon (son instrument de prédilection), des cordes langoureuses, des cuivres, du banjo (ou serait-ce un violon joué sans archet ?), une flûte andine et le sifflement ultra juste du chanteur… En fait, du classique pour le virtuose Andrew Bird me direz-vous. Ce qui est nouveau, c’est plutôt une certaine simplicité, des refrains accrocheurs. Moins intello, plus immédiat en quelques sortes.
Alors bon, c’est vrai je suis moins tenté par le power pop « simpliste » de Capsized, Puma ou Valleys Of The Young, qui par contre risque de mettre d’accord un plus large public !
Je suis beaucoup plus séduit par les balades folk comme Chemical Switches et Left Handed Kisses (génial duo avec Fiona Apple), simples et belles. Il y aussi Are You Serious, chaloupée comme du Beirut, tout comme Truth Lies Low, vraiment très bien ou The New Saint Jude, avec son rythme caribéen, ses guitares ensoleillées et ses flûtes andines, c’est bien simple on dirait du Vampire Weekend de salon, du Paul Simon quoi ! Saints Peservus me fait penser à des chants sacrés à l’espagnole croisé avec du Ennio Morricone, avec banjo, sifflotement et violons.
Bref on ne le retrouvera surement pas aux MTV Music Award, mais Andrew Bird a fait des efforts pour séduire un plus grand nombre, plus d’immédiateté et d’émotion, même s’il reste encore un peu d’épate par moment, on ne cache pas facilement son érudition. Il n’empêche, voici un très bon album, qui fait plaisir à écouter, simple mais malgré tout exigent.


mercredi 27 juillet 2016

Metronomy – Summer 08 #metronomy


J’ai découvert Metronomy avec English Riviera, j’ai vraiment adoré cet album. Le suivant était plutôt sympa, solaire et agréable quoique moins bien, mais avait eu l’avantage de tomber une année plutôt vide en sorties. Bref je l’ai beaucoup écouté, je l’écoute beaucoup moins.

Pour ce nouvel album, on parle de retour aux sources. Aux sources d’avant ces deux albums et donc à cet été 2008 où est sorti Nights Out. Car oui, cet album est différent, moins alambiqué, peut-être moins subtil que les 2 derniers. Comme la typo de la pochette le laisse deviner on est encore dans une ambiance 70’s 80’s disco, moite et sexuelle cette fois ci. La basse est avec poutre apparente, la batterie claque, les synthés sont de sortie comme sur Miami Logic très « Flic de Beverly Hills ». La rythmique est très en avant, moins les melodies.
Et c’est ce qui me gêne un peu, comme sur le début de Back Together (et de l’album). C’est plutôt dissonant et en contraste avec la fin de la chanson plus disco et plutôt parfaite. Miami Logic dans un style différent, parait plus comme un exercice de style qu’une chanson : pas vraiment de mélodie et une production 80’s très en avant. C’est un choix, j’adhère moins.

Il reste bien sûr de très bons morceaux avec aux premières loges Night Owl, un très bon titre avec un refrain accrocheur et mélodique, renforcé par un clavier très bien vu. Il y a aussi Hang Me Out to Dry avec la participation de la chanteuse Robyn, assez entêtante. 16 Beat aussi passe superbement avec son refrain imparable. Il y a aussi le single très dansant Old Skool, avec sa basse bien en place et ses scratchs du DJ des Beastie Boys. My House sans atteindre des sommets est plutôt agréable, dans un style plus reconnaissable, avec une basse plus légère elle aurait pu être sur English Riviera.
Le reste de l’album est plus insipide : Mike Slow, Love’s not an obstacle ou la conclusion instrumentale Summer Jam sont bien, sans plus, elles passent un peu inaperçues, limite dispensables.

Alors oui, toutes les critiques ont adoré ce nouvel opus, je suis un peu plus réservé. J’adore certains titres (Night Owl, Hang Me Out to Dry, Old Skool), un peu moins l’album.

Summer 08 ne sera pas défendu sur scène, Joseph Mount en a marre de ne pas pouvoir sortir plus d’album à cause des longues tournées, il retourne en studio le plus vite possible, j’espère qu’il prendra un peu plus son temps cette fois. Ne se focalisant pas sur ses trouvailles rythmiques (si bien soit elle), et allant plus loin dans l’écriture.
 
 

Neil Young live au Zenith de Toulouse – 21 juin 2016 #neilyoung


Qu’attend-on d’une icône du rock encore en activité comme Neil Young ? Un set nostalgique ? Quelque chose de résolument moderne et en accord avec ce qu’il fait de nos jours ? Un peu des 2 ?
Le vrai problème avec Neil Young, c’est que sa carrière est plutôt en dents de scie, il y a des albums magnifiques, de bonnes bouses, du folk, de la country, du rock bien crade, des expérimentations plus électriques. Bref à boire et à manger.
Moi, perso j’espérais surtout avoir du Harvest. En me disant que j’allais être très déçu.

Alors évidement quand il entre sur scène seul et commence au piano After The Gold Rush, la magie opère. D’autant plus que malgré ses 70 ans il garde cette si belle voix, c’est tout bonnement impressionnant. Beaucoup d’émotion, une interprétation fabuleuse. Et ça continue pendant ½ heure, seul sur scène, il enchaîne Heart of Gold et The Needle and the Damage Done avec sa vielle Martin cabossée. Magnifique. Il passe ensuite seul sur un orgue, pas un orgue électronique, non, un vrai orgue avec des tubes et compagnie pour sortir Mother Earth (Natural Anthem) pendant que des figurants en combinaison bactériologique aspergent la scène de fumée.
Le groupe arrive, le set devient plus viril. 3 guitares : une Stratocaster très américana/country, une Les Paul pour la rythmique un peu baveuse et Neil qui enchaîne entre sa Martin, une Gretch électro acoustique (avec une rondeur affolante, parfaite sur Walk On) et majoritaire une Les Paul. Toutes ses guitares ont de la bouteille, ça se voit. Sa pédale d’effets est aussi hors d’âge, surement bricolée par lui-même. Le piano baltringue refait son apparition sur quelques titres. S’ajoute à cette orgie de cordes, une basse bien en place, des percussions et une batterie métronomique mais appuyée. Et bien sûr de temps en temps son harmonica. Il n’y a aucun appareil numérique, tout est analogique et ça se sent : les micros d’époque des guitares bavent ce qu’il faut, on reconnait le son de chaque instrument et on voit son utilité. On est bien loin de la musique « aseptisée » avec boucle, synthé et boite à rythme.
On voyage pas mal entre les époques, entre des titres du début comme Cowgirl in the Sand, qui s’étire en combat de guitare pendant que la basse tient la mélodie à merveille. Bien sûr Alabama envoie ce qu’il faut et fait chanter toute la salle. Walk On et sa nonchalance passe bien, mais les prémisses du chaos commencent à se faire sentir. Plus on avance dans le concert plus la Les Paul est de sortie. Ça distord grave, les morceaux n’en finissent plus, les guitares pleurent méchamment et non gentiment. L’apothéose apocalyptique arrive avec les titres de son dernier album Monsanto Years. En tout cas on comprend bien le message : c’est la fin du monde. On ressort de ce chaos un peu épuisé, après tout le bonhomme a joué pendant 3h, sacrée performance.

Epuisé, mais aussi plutôt perplexe, autant le rock apocalyptique tout en saturation et triturage de guitares, c’est vraiment dur, autant la pureté de son folk, la bonhomie des chansons type country, les vieux titres en somme, sont vraiment géniaux et valent à eux seuls le déplacement. Et surtout, Neil Young n’a rien perdu avec les années, ni la hargne des expérimentations musicales, ni sa voix et son jeu si émouvant. Bon évidement on aurait aimé avoir un peu plus d’émotion, avec pourquoi pas Harvest, Hey Hey My My et surtout Old Man.

Mais quel moment de grâce que l’intro de the Needle and the Damage Done ou Heart Of Gold…

mercredi 6 juillet 2016

Parquet courts – Human Performance #parquetcourts



J’étais peut-être un peu trop « pop » pour apprécier l’immédiateté de Parquet Courts. Disons que ça c’était avant ce cinquième album (en 5 ans).
Pourquoi ? Tout simplement parce que ce Human Performance est un peu plus pop, plus léché, moins brutal, plus abordable donc. Il reste toujours des envolées dignes des Ramones, je vous rassure, mais pas que.
On ne va pas non plus dire que c’est un album minutieusement peaufiné, ça sent toujours le live, la sueur, la bière renversée, la pisse et le salpêtre. Un bar pourrave, oui, mais un bar New Yorkais, le CBGB quoi. Car les influences sont évidemment new yorkaises (comme la terre d’adoption du groupe) : Television, Ramones, Velvet, Feelies, Jonathan Richman and the Modern Lovers. Et je ne parle volontairement pas des Strokes, trop commerciaux pour ces punks qui n’ont pas que le parquet court.
C’est donc plutôt rock, punk sur les bords comme sur Two Dead Cops, psychédélique, expérimental et venimeux dans ses envolées très Velvetienne comme sur Dust et surtout sur One Man One City qui se permet des guitares velvetiennes sur un air de bango. C’est Surf rock et plutôt sixties sur Berlin Got Blur, ou sur Pathos Prairie dans un style Modern Lovers. C’est plutôt pop aussi, comme sur Outside, très Feelies, sur Human Performance, sur la traînante Captive Of The Sun, sur Keep It Even, du Television à la guitare classique. Cet album aurait pu sortir en 78 si on retire quelques boites à rythme dispensables.
Vous me direz, houlala c’est très référencé tout ça ! Ils ne font que copier.
Certes. Niveau style ça n’invente rien. Mais c’est très bien écrit, avec ce qu’il faut de mélodie, production (un peu mais pas trop), mais surtout de spontanéité, de désinvolture et de fraîcheur pour que ça paraisse nouveau.

Tout est dans le dosage, ici le résultat est juste, et c’est une très bonne surprise.

lundi 4 juillet 2016

Jil Is Lucky – Manon #jilislucky


« Ça fait des mois que je n’ai plus de nouvelle d’elle,
Signalement : petite blonde, un soixante et quelque »

Voilà comment commence cet album concept gainsbourien de Jil Is Lucky. Et ça change (encore) de l’album précédent.

Après la folk-pop arrangée, un peu world avec cuivres du premier album, la pop synthétique joyeuse avec paroles tristes de In The Tiger’s Bed, voici le concept album en français.
Car oui c’est un album concept, sans réel tube (même si certaines chansons restent plus en tête), qui raconte une histoire, à l’image de l’homme à la tête de choux, inspiration avouée qui transpire dans tout l’album : orchestration synthétique et classique plutôt grandiloquente, le coté synthé seventies, le thème de la petite jeunette, le phrasé et les paroles salasses avec allitérations en S de sssérie. Maintenant il faut se détacher de cette référence si on veut apprécier l’album car on ne peut égaler le maitre, personne n’oserait être aussi cru à notre époque si conformiste, surtout dans une langue qu’on comprendrait !
Au cours de ces 11 titres, Jil nous raconte donc une histoire d’amour passionnelle, qui sent le vécu, forcement romancée dans le mauvais sens, sordide (du moins j’espère pour lui !). L’histoire de Manon et lui, racontée à la première personne. La rencontre, le sexe, l’incompatibilité, la tromperie, l’acceptation de la rupture. On y trouve une écriture particulière, plutôt en détail de la relation entre lui, et la fougueuse DJette parisienne d’origine japonaise. Niveau musique, on continue dans la même veine électro pop du précédent album avec un renfort important de son 8 bits, surement pour donner un côté « Nintendo » en rapport avec les origines asiatiques de la muse imaginaire. Et ça rend plutôt bien. Le tout laisse planer une ambiance à la Owen Pallett (BO de Her par exemple). Ça donne un coté cinématographique à la chose, ça me fait penser à Pégase aussi. C’est particulièrement marquant sur l’instrumentale Chip Romance. Car oui musicalement il n’y a vraiment pas grand-chose à redire.

Par contre, le côté variété française de certains titres, surtout quand ils sont pris séparément, peut rebuter. La voix plutôt susurrante et les textes un peu racoleurs aussi. Et je ne parle pas du côté « Gainsbarre sans sucre ».
Mais au final ce qui me choque le plus, ce n’est pas ce qu’est l’album mais plutôt que ce qu’il n’est pas : le successeur de In The Tiger’s Bed. 
Où est le groupe qui m’a fait vibrer en live ? Où sont les chœurs magnifiques (sa voix et celle de son frère s’accordent à merveille) ?
Moi aussi il faut que je fasse le deuil de cette période révolue et que j’accepte ce nouvel opus, parce qu’il est quand même intéressant.
J’espère malgré tout que ce ne sera qu’une aventure sans lendemain et sans avenir dans l’histoire de Jil, comme cette relation avec la petite Manon en sorte. 

Et si vous êtes depuis un smartphone et que vous voulez avoir l’air d’un con pendant 10 min, vous pouvez visualiser ce film en réalité virtuelle 360°


vendredi 24 juin 2016

The Strokes – Past, Present and Future EP #thestrokes




On les croyait morts dans d’interminables guerres d’égo, au bord de la rupture, plus accaparés par leurs projets perso : Albert Hammond Jr qui nous fait du Strokes en solo et Julian Casablancas qui nous fait du n’importe quoi avec the Voidz. Et bien, à la surprise générale, voici un EP et donc 3 nouveaux titres qui apparaissent et l’annonce d’un possible prochain album.

Autant vous le dire tout de suite, cet EP ne révolutionne rien, les Strokes nous font du Strokes. On retrouve tous les traceurs classiques du groupe : le son des guitares, la voix de Julian grave et détachée, avec quelques fulgurances aigues, capacité découverte grâce à Daft Punk et déjà développée sur l’album précédent. C’est même un retour aux sources.

Donc 3 titres c’est peu, mais c’est mieux que rien. Je ne parle pas du remix dispensable de Fab Moretti tellement plus inspiré quand il nous faisait du Little Joy.
Drag Queen ne me transporte guère, même si l’essai cold wave est plutôt bien vu, on pense à Joy Division parfois, plutôt un bon point.
Oblivius est plus sympathique, très typique du son Strokes, avec une guitare qui sonne comme un synthé, l’autre qui tricote autour, les refrains éructés, un solo tendu avec un passage plutôt 80’s en raccord avec leurs dernières sorties, sans compter la voix de tête sur le pont.
J’aime particulièrement Threat Of Joy, plus légère et nonchalante (le bégaiement de Casablancas pour retomber dans les temps est génial), mais toujours tellement Strokes (le refrain). Ça passe tout seul, c’est cool, presque comme dans le début des années 2000.

L’écoute de ces 3 titres donne l’impression d’un retour en arrière, d’un retour aux basiques du son Strokes. C’est moins aventureux, certes. On leur a reproché ça sur Room on Fire, certes. Mais au final ça donne l’impression que tout le monde a participé et s’est retrouvé, plutôt que d’être aux ordres d’un Casablancas empli de lubies synthétiques (pas forcément toutes mauvaises) comme sur les 2 précédents opus, tellement irréguliers.
Et est-ce qu’en fait, après avoir longuement critiqué le fait que les 2 premiers albums se ressemblaient trop on n’en redemanderait pas?
De quoi être confiant pour l’avenir ?
Peut-être. Un LP est en préparation.



The Who live à Toulouse au Zenith le 14 juin 2016 #thewho


C’est toujours délicat ces concerts de « Dinosaure du Rock », c’est mon cinquième après Ray Davies des Kinks, Brian Wilson des Beach Boys, Bruce Springsteen et Sir Paul McCartney et juste avant Neil Young la semaine prochaine. Vont-ils nous décevoir ? Qu’est-ce qu’on attend d’eux ?

Pour les Who, leur souhait ne s’est pas réalisé « hope I die before get old » comme ils disaient. Ils sont vieux. Plus que Springsteen qui peut encore physiquement se permettre des 1, 2, 3, 4 rock n roll ! Les Who jouent du rock engagé, plus engagé que la pop de Brian qui se joue assis devant un piano ou celle de Ray nous faisant Dead End Street à la guitare sèche. Je ne compare pas à Polo, c’est un extra-terrestre, point barre.

Bref en voyant arriver sur scène le sosie de Jean Pierre Marielle (Pete Townshend) et le sosie de Christian Constant avec une perruque de David Hasselhoff (Roger Daltrey) d’un pas peu assuré, on pouvait avoir peur. On voit mal Pete, avec ses lunettes de vieux attachées par un cordon fracasser sa guitare sur l’ampli. Et portant…

En fait le résultat est plutôt surprenant. Commençant direct par du lourd avec Can’t Explain, Pete nous prouve qu’il a toujours du mordant, ça mouline grave, il triture sa Stratocaster (fini les Rickenbacker, il a changé d’écurie) dans tous les sens et envoie sévèrement à grand renfort de ses fameux moulinets de bras. Et ceci pendant tout le concert. C’est lui les Who, l’esprit, le mordant. Pareil derrière les fûts, le fils de Ringo Starr, Zak Starkey martèle comme un bœuf à la façon du regretté Keith Moon. La basse tenue par Pino Palladino fait le job et est diablement en place, il pousse aussi le mimétisme avec John Entwistle en ne bougeant strictement pas. 

En fait le problème c’est Roger. Il est trop vieux pour ces conneries le Roger. OK il continue à lancer le micro, à faire 2, 3 pas de danse, mais niveau vocal il ne tient plus la cadence. Non pas qu’il chante mal, au contraire c’est plutôt bon. Mais quand ça commence à s’accélérer, il s’étouffe et le volume diminue. J’aurais dû lui jeter ma ventoline ! Bon ce n’est pas sur tous les titres mais ça se ressent. Et personne n’est là pour l’aider (comme avec Brian Wilson ou le backing band aide sur le chant), les autres sont là que pour les chœurs.

Parlons des titres, évidemment que des classiques, des titres des 60’s : Substitute, I Can’t Expain, The Kids Are Alright, My Generation, I Can See For Miles (géniale), un meddley Tommy : Amazing Journey, Sparks, Pinball Wizard, See Me, Feel Me, un peu de Quadrophenia, du Who’s Next : Who Are You, Bargain, Behind Blue Eyes, Baba O’Riley et Won’t Get Fooled Again et des singles à la pelle : Join Together et The Seeker des 70’s, You Better You Bet et Eminence Front (le seul bof du concert) plus récents.

21 titres, pas de rappel mais un concert généreux. Ils sont contents d’être là, ça se voit et ça transparait. Il y a de la fougue, ça bouge, de l’émotion aussi – sur Behind Blue Eyes ou sur l’instrumental The Rock avec comme fond des images d’actualité des 70’s à nos jours. Et il y a surtout ces moments géniaux qu’on attend particulièrement, comme l’arrivée de la guitare sur Pinball Wizzard, l’intro de Baba O’Riley, le solo de basse de My Generation, la partition de batterie de I Can See For Miles, les moulinets de Pete, l’agressivité de la batterie et tout ce qui fait les Who.

En tout cas ça faisait plaisir à voir. Pete est toujours là et c’est toujours l’un des plus grands guitaristes.


Who the fuck is the who ? nous demandaient les jeunes il y a pas longtemps à l’issue d’une histoire de plagiat. C’est l’histoire, la vieillesse délinquante, le refus de vieillir, même si leur génération est en train de se décimer grave, Pete, guitare à la main continue de déchirer la nuit à grand coup de médiator sans respect pour les vieux. Prudemment, quand même, il ne saute plus. Ce serait dommage de se faire un col du fémur.

Twin Peaks – Down In Heaven #twinpeaks




Autrefois infréquentables, immatures et sérieusement garage, les Twin Peaks essaient de s’acheter une conduite et une caution pop avec ce troisième album. Et ils y parviennent plutôt bien.

Dans Twin peaks, tous les membres composent et presque tout le monde chante, du coup, le disque ressemble à un patchwork bigarré. On y trouve quelques résurgences garage (Butterfly), limite pop, du rock classique ascendant Stones (Walk To the One You Love, Keep It Together et sa guitare circa Gimme Shelter), de l’Americana 70’s (Getting Better) mais aussi quelques fulgurances pop magnifiques (Lolisa très 60’s, You Don’t, les guitares «Real Estate » de Cold Lips ou de Holding Roses) et surtout une production digne de ce nom et plutôt bien sentie (la montée de cuivre de Heavenly Showers est géniale).
On y trouve surtout des mélodies imparables et de super compositions toujours à cheval entre plusieurs mondes.
Ce que l’on ressent le plus à l’écoute de cet album, c’est sa coolitude, cette nonchalance, cette décontraction et cette facilité de glandeurs prodiges. Mais il ne faut pas s’y tromper tout est plutôt travaillé et minutieux. Ça m’a pas mal fait penser à The Vaccines, enfin avant le catastrophique dernier album…
Toujours est-il que cet album fait du bien avant l’été, ça ne révolutionne rien, certes, mais c’est frais, un peu pêchu parfois, plus calme de temps en temps, il y en a pour tous les goûts. Bref, c’est à écouter !


Max Jury – Max Jury #maxjury



On va nous faire le coup tous les ans du jeune prodige ? Après Tobias Jesso Jr, voici venir Max Jury pour un premier album plutôt exceptionnel. On croyait la place déjà prise cette année par Lionslimb, va falloir se serrer sur le podium, voire laisser sa place !
Comme Tobias, Max s’arme de son piano pour composer des hymnes universels, même encore moins marqués, plus intemporels.

Les influences sont multiples bien que toutes américaines, on y entend bien sur l’americana de Laurel Canyon cher à Neil Young mais aussi Gram Parsons (comparaison plus qu’évidente), de la soul un peu blanchie par sa voix de jeunot (Home et le refrain de Ella’s Moonshine très Otis des docks de la baie), du Gospel (Numb), un peu de country (Ella’s Moonshine) et plus généralement de la pop 70’s façon Elton John (Grace), Randy Newman, John Lennon (Love That Grow Old) ou piano corde plus classique (Great American Novel).

Mais ce qui frappe tout de suite c’est sa capacité à sortir des mélodies lumineuses, imparables et plus qu’accrocheuses qu’on ne peut qu’apprécier. Dès la première écoute on reste scotché sur les refrains de Beg & Crawl et de Ellas’s Moonshine ou le magnifique pont de Love That Grows Old.
Magnifiquement écrit, cet album est aussi richement produit (et pas nécessairement vintage), et le tout sans enlever la sincérité du propos. Sincère, intimiste, plein de spleen avec une voix toujours juste et touchante sans pour autant être une « super voix ».

Je promets un très grand avenir au jeune Max, il le mérite, car ce très bel album est vraiment pour l’instant la révélation de l’année.
D’ailleurs je vous invite aussi à écouter ce qu’il a fait avant, plus classique, moins produit mais tout aussi intéressant !