Après 5 ans d’attente, le délicat, et donc rare, Bon Iver (Justin Vernon principalement) nous revient par surprise avec un nouvel album en cette rentrée. J’ai découvert sur le tard Bon Iver, mais j’ai rapidement accroché à cette pop folk exigeante, son dernier album en date étant un vrai classique. Cette fois ci, fort de son succès et de sa place quasi christique de sauveur de l’indie pop, Justin sort du cadre classique et se lance dans l’électronique expérimentale, à la manière d’un Sufjan Stevens période Age of ADZ.
Tout comme avec le susnommé album de Sufjan, on peut être un peu laissé sur le bas-côté.
A la première écoute, on a l’impression que les délicates mélodies sont polluées par des saillies électroniques dissonantes, de lourds beats saturés et des voix de chipmunks vocodées.
Ce n’est pas tout à fait faux. Ni tout à fait vrai.
Par moment, effectivement ça va trop loin, beaucoup trop loin : je n’arrive pas à écouter la 2 plus de 10 secondes, et je ne parle pas des sonneries et du saxo qu’on étrangle dans la 7… Je dis la 2 et pas le titre qui est 10 d E A T h b R E a s T ⊠ ⊠ parce que tous les titres sont du même acabit, avec pleins de symboles bizarre. C’est arty à n’en point douter….
La 1 est malheureusement victime de ce trop de bidouillage, selon mon goût bien sûr ! Trop en avant par rapport à la production classique, la fin de la boucle est trop abrupte et créé une dissonance. Dans le même problème de dosage, la 3 est indigeste de trop de vocodeur…
Par contre, quand c’est bien dosé, ça peut devenir féérique.
C’est toute l’ambiguïté de ce disque où le magnifique côtoie l’horrible, parfois dans la même chanson. Il y a le single, la numéro 4, qui bien qu’arborant des sonorité chelous et des voix de chipmunks s’en sort plutôt bien.
La 5 plus classique me plait bien aussi, c’est délicat (sauf dans un écrêtage volontaire d’une envolée, pas franchement nécessaire…). Tout comme la 9 calme avec son banjo.
La 6 est vraiment géniale, un des sommets de l’album, le dosage entre touches électro et la mélodie semble être parfait.
Bon Iver nous embarque aussi dans un slow RnB avec la 8 qui propose quelque chose avec beaucoup d’ampleur, assez magique. C’est plutôt sympa, la prestation chez Jimmy Fallon de ce titre (en bas) est vraiment géniale, électro, instruments classiques, chœur et la voix de Justin Vernon, bidouillée ou non s’entrecroisent et se complètent parfaitement !
La 10 clôt magnifiquement l’album, sans fioriture, sans perturbation électronique, pure, claire et tout simplement magnifique.
Que dire pour conclure ?
Justin Vernon est un vrai génie, avec ce qu’il faut de folie et de portenawak pour appartenir au genre. Une imagination sans limite, qui apporte son lot de grandiose, mais aussi de wtf. Effectivement, il y aurait quand même à redire en ce qui concerne la moitié de l’album, quasiment inaudible pour moi (la première partie de l’album d’ailleurs, ce qui n’arrange rien pour rentrer dedans). Mais quand tout est bien dosé les mélodies délicates sont sublimées et on touche la perfection.
et le fameux live chez Jimmy Fallon :