samedi 26 novembre 2016

Un Nobel pour Dylan



J’aime beaucoup la polémique qui tourne autour du prix Nobel de Bob Dylan. J’aimerais d’abord dire BRAVO, non pas au Zim qui doit s’en foutre un peu ou être tout juste un peu amusé, mais à l’institut Nobel qui a eu les couilles de faire ça. Un nobel de littérature à un musicien ? Et pourquoi pas ?

Le paradoxe pour moi, français ayant grandi biberonné aux chansons de Bob Dylan, c’est que je ne comprenais rien aux textes, et que je n’ai (à l'époque) jamais d’ailleurs essayé de traduire quoi que ce soit.

Desire tournait en boucle à la maison, en particulier Hurricane, que je connais vraiment quasiment par cœur, pas les paroles bien sûr, la musique. D’ailleurs ce qui est marrant c’est qu’on se forge une identité musicale à partir d’une chanson, d’un album. Pour moi Bob Dylan, ce n’est pas Blowin’ in the Wind, c’est Hurricane.

Pas de palabre sur le pour ou contre le passage à l’électricité de Highway 61 Revisited, l’électricité est déjà là, Joan Baez est loin (même si j’étais persuadé jeune que c’est elle qui faisait les chœurs), il y a du rock, de la country, même un violon incongru qui donne un coté country. Pour moi, c’est le meilleur album de Dylan, bien avant Freewheelin’, Highway 61 Revisited et Blonde On Blonde. C’est bien entendu plus que subjectif. Et objectivement faux, je le reconnais maintenant.

Prenons donc Hurricane pour parler littérature, vu que c’est le sujet. Et ouais, depuis je me suis penché sur le texte ! Je ne rentrerai pas dans la polémique judiciaire, Hurricane Carter est-il coupable tout ça. Vous trouverez bon nombre de sites qui revendiquent haut et fort que Dylan a tort, que Rubin Carter est bien coupable. Passons le coté intégrité journalistique et parlons un peu du texte. Déjà, il est long ! C’est rare un texte si long en chanson. La chanson dure 7 minutes et Dylan parle vite, dans l’urgence. Dylan raconte à la façon d’un rapport de police presque factuel l’histoire de ce triple meurtre. Le style est vif, haletant, sans pose, sans point ni virgule, à la manière de Kerouac, dont personne n’irait remettre en question le coté littéraire. Car c’est ça Dylan, une mise en chanson de textes qui pourraient être des poèmes de Ginsberg (ils étaient d’ailleurs proches), un texte de Kerouac, une utilisation de la technique du cut-off de Burrough qui a même donné naissance bien plus tard au flow du rap. Dylan est beat. Dans Hurricane, mais encore plus dans le surréalisme des textes de Blonde On Blonde (on dit souvent surréaliste ou psychédélique quand on ne comprend pas). Il est le prolongement de la beat generation.

Toute sa vie Dylan a été dans la fuite. La fuite de la responsabilité d’une prise de conscience sociale et politique suite à ses premières protest songs, la fuite du succès, la volonté de mouvement d’être là où on ne l’attend pas, de « trahir » le folk pour passer à l’électricité. Et on ne parle pas de sa vie personnelle et sentimentale. Dylan est le mouvement, le mouvement qu’il continue toujours avec son endless tour, le symbole d’une Amérique bohème et vagabonde. 

Sur La Route.

vendredi 11 novembre 2016

Devendra Banhart – Ape in Pink Marble #devendrabanhart



Je n’ai jamais vraiment trop aimé Devendra Banhart, en particulier sa voix trop chevrotante et ses excès psychédéliques. Je ne détestais pas vraiment non plus, je n’avais juste pas accroché. Suite à une critique dans les inrocks, je me suis dit que j’allais réécouter pour me faire une idée, et j’ai été plutôt séduit. J’ai même poussé jusqu’à réécouter son précédent album « Mala ». Pas mal.

Revenons à Ape in Pink Marble qui vient de sortir. On y retrouve un mélange de folk song plutôt classique avec quelques effets marrants, inattendus, à la production, avec notamment la présence sur beaucoup de titres d’un koto, un instrument japonais mais également de quelques synthés déglingués façon Mac deMarco. On y trouve même du steel drum (surement électronique). C’est plutôt doux, grâce à sa voix cotonneuse, toujours un peu chevrotante sur les fins de phrase. Niveau inspiration, on évolue entre pop folk classique (Saturday Night ou Souvenirs), de la bossa (Theme for a Taiwanese Woman in Lime Green, Jon Lends a Hand), du jazz chanté (Linda), un disco funk (Fig in Leather), de la synth pop (Mourner’s Dance et sa nappe de claviers bavante) et même du reggae (Mara). Mais c’est le Japon qui ressort le plus de tout ça, chaque chanson comporte son lot de notes asiatisantes, des notes de Koto, mais aussi de flute, de percussion, de claviers et même du son 8 bit très Nintendo.

On trouve un bon nombre de titres plutôt intéressants comme Jon Lends a Hand, à relents brésiliens, tropicaux. J’aime aussi beaucoup le reggae léger Mara ; Saturday Night aussi, qui me fait penser à du Vampire Weekend endormi. J’aime aussi beaucoup Linda, qui elle me fait penser à une rencontre entre Radiohead (Exit Music (for a film)) et Chet Backer, en tout bien tout honneur.

Ce n’est pas le disque de l’année, mais c’est plutôt plaisant à écouter, et assez sincère.

C Duncan -The Midnight Sun #CDuncan



Cet écossais est déjà l’auteur d’un sublime album paru l’année dernière et passé inaperçu, pour moi bien sûr, parce que pour d’autres pas du tout, il était même nominé au Mercury Prize 2015. Son premier album s’appelle Architect et propose une pop plutôt planante à tendance un peu folk (guitare sèche), mais très produit, avec des synthés, des voix, par couches successives, avec force harmonies vocales (en fait la sienne superposée). C’est propre, sans excès, parfaitement dosé. Je vous conseille sans modération ce premier album sans réel tube mais avec une homogénéité et une maturité impressionnante.

Et donc moins d’un an après, C Duncan remet le couvert avec un nouvel album, toujours aussi intéressant, voire mieux ! La principale différence est l’abandon des guitares pour passer au tout électronique. L’album est toujours produit minutieusement, avec l’attention d’un orfèvre, les mélodies sont toujours aussi imparables. On se rapproche un peu plus de Beach House ou Air avec ce choix du « moins de guitare ». C’est un peu plus vaporeux, planant. Le rendu est aussi plus cinématographique, tendance 60’s 70’s. De l’aveu même de l’auteur qui comptait plonger dans le monde de sa série préférée : la 4ème dimension (The Twilight Zone). The Midnight Sun en est la parfaite illustration, un excellent titre, porté par son leitmotiv hypnotique typique du générique de la série. Tout comme Nothing More et Do I Hear ? Également de très bons titres plutôt hypnotiques, sous forme de chants d’église. On y trouve aussi du plus classique avec Other Side ou de l’électro plus dynamique avec Wanted To Want It Too.
L’album en entier est très bon, c’est apaisant, c’est beau. Parfait pour un petit moment méditatif.


Et pour ceux qui avait loupé Architect, voici un titre de rattrapage !

Bayonne – Primitive #bayonne





Je vous rassure tout de suite, Bayonne n’est pas un super-groupe formé par Patrick Sebastien pour les fêtes de Bayonne. C’est en fait un gars du Texas, Austin, Texas, qui s’est appelé comme ça à cause de la rue dans laquelle il habite. Et donc il y a une route de Bayonne à Austin. Fun fact…

Donc le gars derrière Bayonne, n’est pas un jambon (fallait que je la fasse) et se prénomme Roger Sellers. Roger nous propose de la synth pop très joyeuse et ensoleillée. Là où l’électro est souvent synonyme de mélancolie, ce premier album est rayonnant. Enfin électro, le nom est mal choisi, Roger Sellers utilise ses machines pour faire des boucles mais la musique provient elle de vrais instruments. La formule est simple : une voix plutôt folk, un peu vaporeuse, des synthés et des pianos à mi-chemin entre Caribou, Passion Pit (celui du début, pas la marmelade ultra sucrée du dernier album (avis personnel)), des grosses percussions tribales à la Frendly Fire et la préciosité d’un Owen Pallett. Le coté boucle électro en association avec la voix me fait aussi pas mal penser à ce que font les groupes nordiques comme Of Monster and Men ou Asgeir, mais en plus joyeux et plus dynamique.

Le résultat de cette tambouille est un magnifique album plein de perles pop. Car Roger est un génie, de l'arrangement mais aussi en ce qui concerne la constitution de magnifiques mélodies. On ne va pas les compter elles sont presque toutes géniales, Appeals, Spectrolite, Waves, Steps ou Living Room sortent quand même un peu du lot.

Très bien produit, ultra accrocheur mais quand même profond, c’est pour moi une révélation de cette rentrée. J’espère que la renommée de Bayonne va aller grandissante, à priori ça devrait le faire, il fait les premières parties de Caribou et de Two Door Cinema Club.





Et en prime voici une petite loop live session, ça fait un peu geek collectionneur mais ça envoie grave !