vendredi 10 novembre 2017

Beck – Colors #beck


On était habitué aux changements incessants de style avec Beck, mais au finale c’est quand il fait de la pop grand public, plutôt mainstream qu’il surprend le plus. Mon côté indé tend à être déçu par la dernière livraison de Beck, pas assez fofole, pas assez révolutionnaire, pas assez sensible. Mais il y aussi un petit côté plaisir coupable dans cet album. Un petit côté « quel est le mal de faire de la musique populaire quand elle est bien faite ». Car oui c’est plutôt bien fait. Et surtout plutôt accrocheur. On a vraiment l’impression que Beck s’est dit « et puis pourquoi pas moi, je peux faire un bon album mainstream, la preuve ».

Sinon rien de bien neuf niveau idée, Beck creuse un sillon déjà bien appuyé par MGMT ou Foster The People ou dans une moindre mesure Phoenix, de la power pop à grand renfort de synthé, de basses numériques et une production qui n’a pas froid aux yeux.

Alors je n’aime spécialement, la trop 90’s I’m So Free, Wow très RnB non plus. Mais j’aime beaucoup No Distraction, très Police / Tears For Fears joué par Phoenix. Seventh Heaven et Dear Life me touche bien aussi. Peut-être un peu moins le single très Foster The People Dreams ou Up All Night. Encore que.

A vous de vous faire une idée, pour ma part je prends cet album comme il est : un exercice de style mainstream à la production très léchée à mille lieues de la délicatesse folk du précédent album de Beck. Et il faut admettre que je l’aime bien.
 
 
 

Cigarettes After Sex – Cigarettes After Sex #cigarettesaftersex


Palme d’or du non de groupe le plus sexy de tous les temps, voici Cigarettes After Sex. Mais il n’y a pas que le nom de sexy, de langoureux, le groupe propose une musique tout en douceur, on pense à the XX du début un peu mais beaucoup à Beach House. On se dit que le chanteur pourrait être animateur sur FIP avec ce grain de voix. On se dit aussi que le nom du groupe est parfaitement raccord avec l’ambiance. C’est planant, doux, éthéré, cotonneux, on se croirait un dimanche matin, les rayons du soleil entrant avec parcimonie à travers les rideaux. Effet garanti avec K, Each Time You Fall In Love, Apocalypse ou John Wayne (magnifique, ma préferée)

Alors effectivement l’exercice de style à les limites de ses qualités, à la moindre baisse de qualité ça peut vite devenir chiant. Surtout si on n’écoute pas avec attention. Mais il faut reconnaitre qu’il n’y a pas de morceau nul, certains justes un peu plus faibles. En fait, le ressentie va clairement dépendre de l’humeur pendant l’écoute, si on n’écoute pas vraiment ça va nous passer dessus comme un pet sur une toile cirée. Il faut peut-être prendre la peine de se mettre en condition pour écouter. Etre cool, pourquoi pas un dimanche matin, et pourquoi pas s’allumer une cigarette après l’amour.
 
 

The Drums –Abysmal Thoughts #thedrums


 J’ai une relation particulière avec le précédent album de The Drums Encyclopedia. Je l’avais écouté en déambulant seul dans les rues de Hong Kong nappée par la brume. Et comme ses nappes de clavier s’accordaient à merveille avec les lieux, le disque m’avait marqué. Plus que les précédents albums, objectivement meilleurs. On aurait pu penser qu’avec les nappes du précédent album et les changements importants dans le groupe (en fait il ne reste plus que le chanteur) que le son allait changer vers des contrées plus calmes, plus enveloppantes. Et bien non, le nouvel album renoue avec la pop des premiers albums, avec peut être une utilisation plus importante des basses synthétique et des claviers. Mais on reste dans de la pop sautillante, basse bien en place, guitare post punk cristalline, bref très Cures, Smiths et Joy Division pour la rythmique si on ne parle pas du chant. Des airs guillerets certes mais un mal-être derrière tout ça.

En tout cas Jonny Pierce n’a rien perdu de son talent d’écriture, les tubes instantanées s’enchainent (honnêtement je n’arrive pas à ressortir un single des 6 premiers titres, tous aussi bien). L’album en entier est très enthousiasmant (2 3 titres sont plus faible mais rien de gênant), il se permet même une superbe ballade touchante avec If All We Share (Means Nothing).

En fait le seul truc gênant c’est cette pochette d’album plus que what the fuck !

Alors oui vous me dirait c’est du déjà entendu, certes, mais c’est super bien fait, hyper accrocheur et ça porte une vrai signature.
 
 
 
 

mardi 24 octobre 2017

Loney,Dear - Loney, Dear #loneydear


Mea Culpa, je ne connaissais pas Loney Dear, ou plutôt Emil Svanängen avant cet album, il va falloir que je me rattrape !
Si vous ne connaissez pas vous non plus, Loney Dear est un « groupe » nordique de pop, suédois si je ne m’abuse. Il partage d’ailleurs ses musiciens avec I’m From Barcelona (vue le nombre ils peuvent).
Et on peut dire que cet album est un petit bijou. Un bijou de pop de studio, dans la lignée des classiques Beatles ou Beach Boys (peut être pas autant, mais l'intention est là). Un ovni venant du froid.
Magnifiquement produit et regorgeant de moments magnifiques. Rien que Lilies, classique instantané qui convoque Beatles, Beach Boys, Elton John et surtout Jeff Buckley (merci Anne) dans la même chanson mais aussi Sum très bon titre avec ses claviers et basses synthétiques parfaites ou les balades aussi synthétiques Hulls et Isn’t It You valent le déplacement. Le reste de l’album n’est pas en reste et propose des titres plutôt sympathiques (There Are Severals Albert Here, Dark Light) mais surtout une unité.
Pour résumer un bien bel album qu’il faut faire connaitre !
Et pour s'en convaincre, écoutez Lilies tout de suite.
 
  

Petit Fantôme – Un Mouvement Pour le Vent #petitfantome


Bon alors évidemment en tant que passionné de planeur j’ai tout de suite craqué sur la pochette, un K13 en plus (il me faut le vinyle rien que pour ça !). Mais il n’y a pas que ça. Je suis Petit Fantôme depuis longtemps, on l’a déjà vu 2 fois en concert (en première partie de Arctic Monkeys, et pendant un concert plus que mémorable de François & the Atlas Mountains), on a un peu parlé avec lui à la fin des concerts, galéré pour trouver un stylo pour dédicacer sa mixtape. Bref on était déjà attentif.
D’ailleurs, aux dernières nouvelles, Pierre « Peyo » Loustaunau n’est plus tout à fait avec François and the Atlas Mountains et se consacre entièrement à son projet solo Petit Fantôme. De toute façon, après les avoir vu en concert on avait compris que c’était compliqué la répartition dans les différents groupes…
Après plusieurs mixtapes (la dernière, on pouvait plutôt dire que c’était un EP, plutôt bien structuré), voici enfin le premier album. Niveau style on a toujours cette voix aérienne et aigue, façon Tame Impala et ce chant en français. On a toujours quelques synthés un peu cheap avec des bruits de Nintendo. Mais ce qu’on a en plus c’est cette guitare beaucoup plus saturée, un peu low fi très shoegaze. Le mélange est assez marrant et rend la chose un peu unique. Sortir un titre de l’album est un exercice un peu compliqué, il s’écoute plus volontairement en entier pour y dévoiler une ambiance, cotonneuse mais un peu rugueuse mais surtout très désenchantée, notamment à cause des paroles, façon mantra comme « Elle sublimera sa vie mais son corps s’abimera peut être encore » ou encore « je t'ai attendu toute ma vie, et te voilà, maintenant, je dois t'oublier ».

Bref, voici un très bon album, qui regorge de bonnes idées et de belles mélodies, un vrai coup de cœur.
 

 

vendredi 20 octobre 2017

Girls in Hawaii – Nocturne #girlsinhawaii



Cela fait maintenant plus de 10 ans que les belges de Girls in Hawaii sont là pour représenter fièrement la pop belge (la concurrence n’est pas hyper rude, mais quand même). Leur ambition a toujours été de s’orienter vers Radiohead. Et à chaque album on peut dire qu’ils s’en rapprochent. Le dernier album était marqué par le deuil et proposait donc peu de lumière, celui-là même s’il se nomme Nocturne fait rentrer un peu la lumière de la lune. Tout d’abord en laissant entrer un peu d’électro dans leur production. Pourtant ça commence plutôt classiquement avec le très cinématographique This Light, plutôt aérien et bien écrit. On enchaine avec Guinea Pig qui hormis son ouverture vocodée est aussi plutôt classique. On poursuit sur du Radiohead pur jus avec les couplets de Cyclo, aussi très classique dans l’instru, même si les claviers entre doucement. Mais petit à petit les boucles s’invitent à la fête jusqu’à proposer avec Walk un titre entièrement électro plutôt bien fait. On pourrait se focaliser sur cette entrée de machines mais ce serait faire fausse route. Les claviers ne sont pas une fin en soi, les chansons marchent d’elles-mêmes avec ou sans clavier. L’album est plutôt agréable, doux et homogène, à tel point qu’il est difficile d’en sortir un tube potentiel. Après plusieurs écoutes, Walk apparait comme une évidence, Guinea Pig, Cyclo et This Light aussi, Blue Shape et sa rythmique hip hop presque trop légère compte tenu du sujet passe bien, tout comme Up On The Hill qui conclut l’album dans le calme.
Girls in Hawaii continue donc sa route, sans trop de prétention mais avec sérieux.

 

Rostam - Half-Light #rostam


Rostam Batmanglij, ça ne vous dit rien ? Bon évidement une fois que vous aurez écouté cet album vous allez tout de suite deviner d’où sort cet artiste. C’est l’ancien cofondateur, claviériste et producteur de Vampire Weekend. Et ça s’entend. D’ailleurs maintenant que j’y pense ça me fait très peur pour la suite de Vampire Weekend…
Mais revenons à Rostam, et à cet album Half-Light, qui est donc très Vampire Weekend : Pop, sautillant, friand d’ouverture de production et de nouveaux sons, d’imports caribéens et de mélancolie au chant. J’accroche direct ! Vous me direz donc, mais c’est l’album de l’année !
Oui et non. Premièrement parce que tout l’album n’est pas bon et aurait sérieusement mérité d’être étayé de tous les titres dispensables : I Hold You son vocoder et son RnB, Don’t Let It Get To You et sa batucada qui va trop loin, When et ses effets fatiguants, bon aussi je n’adhère pas du tout à la musique indienne de Wood. Déjà que j’ai du mal quand c’est George Harrisson qui le fait, et Dieu sait que j’aime Georgio… Après si on fait son marché et qu’on ne choisit que 7/8 titres sur les 15 on a quelque chose d’absolument génial (OK c’est un avis hyper personnel, et je suis un fan de Vampire Weekend). Summer ouvre magnifiquement l’album avec des clochettes très noël et très Beach Boys, Bike Dreams très pop et sautillante, est une pop song parfaite, Half-Light est l’un de mes coups de cœur de l’année, une magnifique balade traitée de façon moderne, Rudy décompose et réinvente le rocksteady à la perfection en le replaçant en Californie, Thatch Snow est une balade magnifique, Never Going To Catch Me et Will See You Again sont dans la même veine même si moins marquantes.
Allez, je me remets Half-Light !



Neil Young – Hitchhiker #neilyoung

 

Et si l’un des meilleurs albums de l’année avait déjà plus de 40 ans?

Ce mois-ci un petit miracle archéologique vient de se produire : l’exhumation de Hitchhiker, un album de Neil Young enregistré en 1976 et jamais sorti. Ce n’est pas vraiment les titres qui sont nouveaux, la plupart se sont retrouvés sur de futurs albums, c’est leurs versions, ultra folk, dépouillées, guitare voix, magnifiques et incarnées. Bref dans un style Harvest, avant le changement plus électrique qui donnera les versions suivantes de Pocahontas, Powderfdinger, Human Highway ou Hichhiker.

Cet album dépouillé, avec juste la voix magnifique de Neil Young, une guitare, un harmonica et un piano et surtout des titres exceptionnels, nous rappelle comment Neil était et est toujours d’ailleurs (même si Monsento lui monte un peu à la tête) un magicien.

Bref, écoutez l’album et bienvenue à Malibu en aout 1976, dans le studio pour la nuit avec Neil. En toute intimité.

 

lundi 9 octobre 2017

Nick Mulvey – Wake Up Now #nickmulvey


Cucurucu avait été estampillé tube de l’été 2014 par mon beau-père. Sa définition du tube de l’été n’est pas vraiment la même que celle de FUN Radio ou Virgin Radio, mais moi je préfère la sienne. On y trouve des groupes forcément pas connus comme Beautiful South, des gars comme Max Jury aussi. Bon des fois il y a des gens connu aussi, mais ce n’est pas le critère. Bref Nick Mulvey avait placé un titre de son premier album dans le très prisé classement de Jacques. Très prisé de ceux qui connaissent (et qui d’ailleurs lisent tous mon blog !).
Après 3 ans d’absence et de silence, voilà le bon vieux Nick de retour. Le silence, on le comprend après l’avoir vu sur scène s’excuser mille fois d’être là. Du genre timide le Nick. Cette fois il s’est gouré sur le timing et sort son album après l’été, dommage pour le classement Jacques, car il est encore plus ensoleillé que le précédent.
Son folk se nourrit de plus en plus d’influences africaines et sud-américaines qu’on entrapercevait déjà sur le précédent. Du coup l’album est beaucoup plus solaire, et surement beaucoup plus facile d’accès. Je lui promets d’ailleurs un bon succès. Evidemment, après cette définition, on pourrait le classer en digne successeur de Paul Simon. C’est pas faut, mais pas tout à fait vrai non plus…
L’album commence par Unconditional, très dans l’idée de rééditer le coup de Cucurucu ; Mais comme le temps a passé et que l’intention est là, le morceau parait malgré tout nouveau et très frais, il y a des cuivres latins, des chœurs d’Afrique de l’Ouest, une rythmique laid back, la guitare et le chant folk. Ça fonctionne super bien en plus. Dans le même genre, Mountain To Move prolonge l’idée. L’abum oscille allégrement entre emprunt world et surtout africain et folk plus mainstream. On notera Remembering pour l’extrême world, très afro et très bien. On notera in Your Hand pour l’extrême mainstream, tendance Eagle Eye Cherry (je ne sais toujours pas si cette phrase est un compliment ou une insulte, j’ai une relation compliquée avec cette période de ma vie !). C’est parfois dans la même chanson que le twist se fait, comme sur Myela qui twist au milieu entre un folk plaintif plutôt classique et un afro beat très dansant. Je suis aussi sous le charme de Imogen, très folk, voir un peu soul, plutôt intéressante et surtout de l’intermède Lullaby, 1min16 de grâce.

A défaut d’accompagner l’été, laissons cet album illuminer l’automne qui se fait pressant de l’autre côté du carreau.
 
 


 

The National – Sleep Well Beast #thenational



J’ai découvert The National sur le tard, avec leur dernier album en fait. Fireproof reste d’ailleurs pour moi une référence de chanson pop folk parfaite. C’est donc plutôt intéressé que je guettais l’arrivée de cet album. Hasard du calendrier, il sort au même moment que le dernier Grizzly Bear, un autre monument de l’indie pop US à tendance cognitive.
Quand on pense à The National, on pense tout de suite à la voix de Matt Berninger, très grave, plutôt classieuse, voire hypnotique. On pense aussi à un rock plutôt classe, tout en fragilité et réminiscence smithienne. Bref je me demandais si le groupe phare de l’indie pop américaine allait rééditer l’exploit, voire proposer quelque chose de nouveau et de plus grandiose. Le super single The System Only Dreams in Total Darkness, envoyé en éclaireur avant l’été avait aussi largement attisé l’impatience.
Aller hop on écoute ! On commence avec Nobody else Wil Be There, une très belle chanson, au piano, assez fine, élégante, une petite boite à rythme, rien de très nouveau mais c’est magnifique ! Ultra classe. Mais le château s’est un peu écroulé avec Day I Die, pas mauvaise, mais trop datée, on a l’impression de réécouter un album du début 2000, ça passe mais c’est très peu inspiré. Walk It Back essaie de faire rentrer un peu d’électro sur la voix encore plus grave que d’habitude de Matt, c’est pas mal du tout il faut l’admettre, mais toujours pas au niveau de The System Only Dreams in Total Darkness qui arrive ensuite. Born to Beg réédite l’ajout appuyé d’électro, avec un piano. C’est également un bon titre. Par contre, si on enlève Dark Side Of Gym plutôt bien faite, je suis peu séduit par la fin de l’album : Turtleneck très rock ne me galvanise pas, I’ll Still Destroy You et son final à la batterie plutôt conceptuel non plus, Sleep Well Beast ne décolle jamais et les autres sont plus passe-partout sans être mauvaises.
Je me suis retrouvé un peu déçu avec cet album, surtout sa fin. Qu’on ne se méprenne pas, l’album est bon, mais je m’attendais à mieux, du moins pour certains titres, je m’attendais surtout à plus de nouveauté, ce qui n’est vraiment pas le cas. Et oui, il ne suffit pas de rajouter 2 3 boucles électro pour faire moderne.

Pour conclure, Sleep Well Beast est un album classique, tendance début 2000, mais un assez bon album classique.

lundi 2 octobre 2017

Concert Bon Iver, Salle Pleyel Paris, samedi 23 septembre 2017 #boniver



 Il a fallu aller jusqu’à Paris pour voir Bon Iver, mais ça valait le déplacement. Ce mois de septembre, Bon Iver s’est installé 3 jours dans la salle Pleyel, plus connue pour la musique classique que pour des concerts pop. On a réussi à trouver des places pour le dernier jour, en fosse. 20h sur place, il s’agit d’être bien placé ! Et on va l’être.

C’est ébahis par le côté majestueux de la salle que nous prenons place pour la première partie : Mikaela Davis et sa harpe. C’est du folk. Tout simplement, c’est plutôt joli mais ça ne décolle pas vraiment.

Après une courte pause, Justin Vernon monte sur scène avec son groupe, ils ne sont que 3, et vu ce qu’on va entendre dans les prochaines 2 heures c’est une prouesse exceptionnelle ! Justin s’occupe bien sûr du chant, de la guitare (on en a compté 9 différentes), des claviers, il a aussi un piano, un harmonica et tout un tas de trucs pour bidouiller sa voix. Le bassiste fait aussi saxophoniste, chante et a également un clavier. Le batteur, en plus des fûts et des pads, joue du clavier, du xylophone (ou un instrument apparenté) et chante aussi. Ils sont posés chacun sur une estrade carrée avec tout leur matos.

Le set commence par l’ouverture du dernier album avec 22(OVER SooN), dans une version différente de l’album. D’ailleurs toutes les chansons jouées ce soir seront différentes des versions album, et même différentes des versions de la semaine d’avant (on avait visionné la semaine d’avant le concert en Irlande diffusé sur ARTE visible à la fin de l'article), bref les chansons sont en perpétuelle évolution. Les arrangements sont bien entendu différents, proche de ce que propose le dernier album, plutôt électro, mais la voix est surtout encore plus chargée d’émotion. Il quitte souvent sa voix de tête pour un registre plus grave, qui lui va à merveille (conseil pour le prochain album : creuser le coté plus grave). Et c’est vraiment l’émotion qui domine le set, que ce soit quand il chante a capella, avec vocodeur comme sur 715 – CREEKS ou Woods, ou sans aucun artifice comme sur la déchirante Skinny Love (très dur de retenir les larmes), que ce soit quand la partition est plus soul ou gospel comme sur 8(circle), que ce soit la justesse magnifique de Minnesota, WI et le dialogue avec le saxophone. Et je ne parle pas de la furie contenue, toute en tension de Perth (magnifique), des splendides 666 ʇ, 29 #Strafford APTS et bien sûr Holocene (même si la harpe de Mikaela Davis est anecdotique). En un mot Bouleversant. Le tout est amplifié par un son irréprochable, pas trop fort (peut être pas assez), un light show assez sobre mais classieux et une interprétation parfaite venant de Justin mais aussi des 2 autres musiciens, tout bonnement monstrueux ! Encore une fois, je me demande : comment font-ils pour sortir ce son à seulement 3 personnes… ?
D’ailleurs ce qui est fascinant c’est le silence de la salle, personne ne parle, comme captivés par ce qui se passe sur scène.
Alors effectivement, Justin n’est pas un grand communiquant, ne parle pas ou très très peu entre les titres, mais l’émotion il l’a fait passer ailleurs.
On a vraiment passé un moment hors du temps et hors du commun, une expérience sidérante. Pour vous rendre compte d’à quoi ça peut ressembler, je vous laisse visionner le concert ci-dessous en lien.

Pour conclure, je vais citer Justin Vernon : « It’s not entertainment, it is a fucking spiritual thing ».


Setlist complète :
22 (OVER SooN)
10 d E A T h b R E a s T
715 - CREEKS
666 ʇ
29 #Strafford APTS
____45_____
Woods
Minnesota, WI
Babys
Perth
Holocene
Calgary
33 “GOD”
8 (circle)
Skinny Love

Rappel:
Blood Bank
00000 Million


 
Une vidéo exceptionnelle du concert à Cork quelques jours avant pour se faire une idée :
  

Concert des Flamin’ Groovies, Connexion Live Toulouse, 12 septembre 2017



En voyant les affiches dans les rues de Toulouse, certains ont pensé que c’était un tribute to the Flamin’ Groovies qui passait au Connexion. Mais non ce sont bien les vrai Flamin’ Groovies qui passent dans un petit bar du centre-ville. Ils sont encore en vie ? La preuve que oui.

Alors oui, commençons par un peu d’histoire, parce que tout le monde ne connait pas les Flamin’ Groovies. C’est un groupe américain de rock qui s’est formé à la fin des années 60. Considéré par beaucoup comme les inventeurs du power pop. En effet, sur des bases plutôt pop et mélodiques avec harmonies vocales et compagnie, les groovies introduisent un peu de rock : une rythmique plus enjouée héritée du rock fifties, une basse bien en place et une guitare corrosive pendant que la rythmique très Byrdsienne ne bouge pas d’un poil. Très stroksien vous me direz, effectivement les Strokes pourraient être considérés comme les descendants de Television, qui sont des descendants des Flamin’ Groovies.

Bref après de nombreuses et longues brouilles, les 2 leaders se sont remis ensemble et on même sorti un album cette année. Et les voilà au Connexion en ce mardi soir. Le moins qu’on puisse dire c’est que la moyenne d’âge n’est pas la même que d’habitude. La salle est remplie ce qu’il faut et la première partie envoie bien dans un style Rolling Stones période Sticky Finger. Du Honkie Tonk pur jus avec des mecs qui se font plaisir et qui sont on ne peut plus honorés de faire la première partie des Flamin’ Groovies. Ça sonne bien, c’est sympa, on se sent direct dans un bar du Middle West.

Après une courte pause pour changer les instruments et faire un peu de réglages, le groupe arrive sur scène et commence velu.
 

Parlons un peu du look de Cyril Jordan et de sa magnifique moumoutte, un truc de malade, très Phil Spector dans l’idée, vraiment horrible. Surtout avec sa chemise ultra-slim, boutonnée jusqu’en haut. Chris Wilson est plus conventionnel pour le coup, avec une dégaine à jouer dans un bar, ça tombe bien.

Parlons du son : un vrai mur du son, ça envoie un truc de malade, la guitare au corps transparent de Cyril Jordan lacère tout sur son passage, la basse aussi vaut son pesant de cacahouète. Bon du coup il faudra quelques titres pour avoir un réglage cohérent, et qu’on entende les voix des chanteurs, couvertes par la guitare lead.
En tout cas ça décape, on était dans un vrai concert de rock. Des titres qui envoient, de l’énergie, de la mélodie, de l’autodérision…
 
 
Et ce soir on a eu l’impression de se retrouver dans les années 80, dans un obscur club new yorkais. Les téléphones portables en plus…

This Is The Kit – Moonshine freeze #thisisthekit



L’été permet de faire quelques découvertes intéressantes. Allongé au bord de la piscine, casque sur les oreilles et le Magic de l’été entre les mains, j’ai exploré les critiques et je suis tombé sur une critique élogieuse de This Is The Kit. Je connaissais vaguement le nom, sans plus.
Assez Folk, tout l’album pourrait se jouer en guitare sèche voix, il est cependant arrangé façon pop : guitare électrique, batterie, boite à rythme, banjo, saxophone, tout en gardant une certaine simplicité et un certain minimalisme. C’est plutôt frais, sans trop de prétention et possède un certain charme. On est dans un style très semblable à Angel Olsen ou Courtney Barnett en plus calme.
Si vous ne l’avez pas repéré plus tôt, ce n’est pas bien grave, l’automne approche et l’album s’accordera mieux avec la pluie qui tombe que le soleil qui plombe.
Attendez qu’il pleuve, faite vous un bon café, et regardez la pluie tomber par la fenêtre, bercé par This Is the Kit.

Sufjan Stevens, Bryce Dessner, Nico Muhly, James McAlister – Planetarium #sufjanstevens

 

Je me rends compte que j’ai complètement oublié de vous faire part d’un des meilleurs albums de l’année, un avis totalement subjectif bien entendu. Pourquoi ? Déjà parce qu’on a beau avoir quatre noms dans le titre, on retient surtout Sufjan Stevens sur ce projet, tellement l’album est sa signature. Et j’adore Sufjan Stevens.

Au départ de Planetarium il y a pourtant Nico Muhly, et un projet opératique autour de l’univers. Sufjan, alors entre 2 albums (Age of ADZ et Carrie & Lowell) et de nombreux projets, se lance dans l’aventure et s’occupe de la composition. C’est connu, le garçon aime les concept-albums et là il est servi ! Nico produit et arrange, Bryce Dessner de The National apporte aussi son grain de sel et sa guitare et James Mc Alister s’occupe de la batterie. Ils accoucheront de titres qu’ils joueront en live sans rien enregistrer. Et puis chacun est retourné à sa vie civile après la tournée. 5 ans après, apparait miraculeusement et par surprise (c’est le principe du miracle) cet album, enregistré sans faire de pub. Les chansons datent de 2012, et ça se sent dans l’univers de Sufjan Stevens, on a des fulgurances électro, de la douceur et du dépouillement folk, pile entre ses 2 albums quasiment antinomiques.
De par ce concept astronomique, on flirte sévèrement avec le prog rock, on y trouve beaucoup d’envolées symphoniques et électro très planantes, mais aussi des ballades intimistes magnifiques. Tout comme Neptune qui ouvre l’album, génialissime, Moon, Pluto et Mercury (très Carrie and Lowell) sont aussi dans la même veine. D’autres sont plus électro, comme Venus, sublime ballade, mais aussi comme Jupiter, plus complexe mais très belle également, attention quand même au final chaotique qui envoie la vache d’Atom Heart Mother dans l’espace. On trouve aussi des morceaux peut être un peu trop prog rock et new age comme Earth et ses 15 minutes ou Saturne qui tranche trop avec le reste de l’album avec son côté trop électro, j’aime pas trop Mars non plus d’ailleurs.
Bref c’est fourni quand on compte toutes les planètes du système solaire et les intermèdes, et en plus c’est hétéroclite. Il existe 2 façons d’écouter l’album : en extrayant les titres plus conventionnels, et on se retrouve avec un bon album de Sufjan Stevens. Ou bien prendre l’album comme il est, grandiose, débordant, grandiloquant et boursouflé par moment, mais génial. Pour ma part je navigue entre les 2. Quand je n’ai pas le temps ni la force de me faire l’album complet, qui est long et demande de l’attention, je me sors les petites pépites que sont Mercury, Neptune, Pluto ou Venus. Et parfois on peut même gagner un aller-retour Jupiter.




la même en live....

mardi 19 septembre 2017

Grizzly Bear – Painted Ruins #grizzlybear



Afin que ce soit dit, je vais commencer par lister les blagues à la con qui ne manqueront pas de fleurir dans la presse musicale au sujet de Grizzly Bear : ils reprennent du poil de la bête, sortent d’hibernation, sortent du bois, sont mal léchés, il ne faut pas vendre la peau de l’ours, touche pas au grizzly et j’en passe. Si vous en avez d’autres lâchez-vous en commentaire.
On passera aussi vite sur la pochette de Painted Ruins qui peut rejoindre celle des 2 précédents à Beaubourg. Pas trop mon style, mais c’est arty, pour sûr.
Maintenant que tout ça c’est fait, penchons-nous sur cet album, que dis-je ce chef d’œuvre. J’ai vraiment été plus qu’enthousiasmé par cet album, plus que le précédent d’ailleurs.
Il n’y a pourtant pas de changement majeur avec les précédents albums : la musique de Grizzly est toujours aussi intello et complexe. Chaque chanson est une boite de pandore, d’où sort le monstre. Les changements de rythmes, de mélodies, de tonalités sont légions au sein de la même chanson. Au cours de l’écoute, on passe du post punk type Joy Division sur Morning Sound à du jazz rock limite expérimental (Aquarian), à un couplet de folk très Léonard Cohen sur Cut Off, à un refrain tout en canon à la rythmique hypnotique avec Neighbors, à de la pop planante avec Systole, à une balade laid back reggaeisante sur Glass Hillside, à un semblant de RnB sur Wasted Acres. Alors OK, quand je dis couplet, refrain tout ça, c’est un peu présomptueux, les structures sont souvent bousculées et on ne sait plus qui est qui.
Sinon à part ça, la production est parfaite, l’utilisation d’électronique est plutôt mesurée et ne donne pas l’impression de dater l’ensemble, ici on entend plus les cordes, qu’elles soient de guitare, de basse, ou de violon, le tout ponctué par une batterie plus proche du jazz que de la pop, les différents chants (je crois qu’ils sont 3 à chanter) se complètent à merveille.
 Il y a très peu de baisses de régime, les moments de grâce s’enchainent et surtout il y a des moments de pur génie, comme sur Three Rings (au moins 4 chansons dans la même !), Cut Out ou Neighbor très délicate.

Vous l’aurez compris, je suis vraiment sous le charme de cet album, peut-être un peu dur à mettre en musique de fond, certes. Car oui, il y a de l’expérimentation, de la complexité, mais pour citer les paroles de Four Cypresses: « it’s chaos but it works ».

En tout cas je vous conseille vivement l’écoute de préférence en ne faisant rien d’autre !
  
 

Polo & Pan – Caravelle #polo&pan



 Si on faisait une petite pause tout en légèreté ? Avec de la caipirinha, ou plutôt un cocktail de la musique brésilienne, des percussions chaleureuses du monde entier et une boite à rythme vintage des plus glaçantes pour frapper le tout? Et si carrément on chantait en français et on faisait rentrer quelques beats house ?

Caravelle c’est tout ça, c’est attachant, légèrement addictif, sucrée, joyeux, mélancolique ce qu’il faut, et très désuet. Bref, on n’a pas honte d’inviter Bernard Lavilliers à une soirée hype parisienne.

Bon d’accord on est en septembre, c’est un peu tard, mais il y aura peut-être un été indien. En plus, égoïste que je suis, j’ai écouté l’album tout l’été en vacances, j’ai même réussi à en intercaler quelques titres dans des playlists de soirées. Parlons des titres, il y a bien sûr Canopée, que vous avez du entendre sur toutes les radios (ma préféré malgré tout), ou Cœurs Croisés qui lorgne vers du reggae blanc à la Bernard Lavilliers justement (Mélodie, tempo, harmonie ?), il y a Naña avec ses cœurs qu’on prendrait pour tahitiens, Zoom Zoom brésilien jusqu’au bout du string, il y a Plage Isolée (Soleil Levant) qui booste un peu la chanson française, il y a l’enfantine et planante Dorothy, la reprise de la chanson du Peter Pan de Disney avec le bien nommé Pays Imaginaire, mais aussi des morceaux plus house, plus incisif comme Kirghiz ou la géniale Mexicali (on dirait Vladimir Cosma qui fait de la house avec la Denrée et le Glaude aux platines).

Bref c’est hétéroclite, mais toujours très léger, vaporeux et attirant. Un cocktail léger mais enivrant ce qu’il faut. Le dosage parfait?


mercredi 6 septembre 2017

Arcade Fire – Everything Now #arcadefire



Après le mal être des pavillons de banlieue et le mythe d’Orphée, les canadiens d’Arcade Fire reviennent cet été avec un nouveau concept-album basé sur une critique du consumérisme de la société et son aliénation.

Elle va être compliquée cette critique… Pourquoi ? Parce que je ne sais pas encore totalement quoi penser du dernier album d’Arcade Fire. Chaque écoute apporte son lot de chaud et de froid. On peut aligner les adjectifs antinomiques pour le qualifier, il a bien sûr du génie, de l’énergie, mais parfois jusqu’à l’épuisement. Bon d'accord, il y a aussi une chanson pure, magnifique : We Don’t Deserve Love.

Si on y réfléchit méthodiquement, du côté des défauts on pourrait reprocher à cet album la limite de son concept : l’utilisation répétitive et par martellement de slogans publicitaires peu délicats («I want everything now », « Put Your Money On Me », « Infinite content we are infinitely content » « creature confort make it painless »…). D’accord c’est parfait comme hymne pour les concerts. On peut aussi critiquer la production qui en fait trop, superpose des couches, apportant également au sentiment d’étouffement et d’épuisement qu’on peut sentir à certains moments (les basses saturées et indus de Peter Pan par exemple). Tout cela donne l’impression que l’album est taillé pour le live et la danse voir la transe (Creature Confort est difficile à écouter tranquille dans son salon !)

Du côté du positif, outre l’énergie débordante, on va bien sûr mettre en avant l’appropriation de toutes les influences majoritairement 70’s et 80’s. On a du disco tendance Abba avec Everything Now, du rap funky early 80’s avec Sign of Life, du reggae blanc avec Peter Pan et Chemistry, des riffs très Joan Jett sur Chemistry, un emprunt à Prince sur Infinite Content des basses Joy Divisionesques sur Put Your Money On Me et Good God Damn, du Bowie boosté au disco sur Electric Blue. Mais malgré tout l’album sonne comme un album d’Arcade Fire. Il y a cette production qui quand elle n’en met pas trop est juste et profonde, surtout pour la gestion des parties de basse. On sent l’influence de la moitié de Daft Punk sur la gestion de l’électronique un peu vintage et la gestion de l’espace, tout comme celle de Steeve Mackey, le bassiste de Pulp qui doit être pour quelque chose dans la mise en avant des parties de basses. Il y a cette énergie folle sur la face A et cette finesse plus pop sur la face B de l’album qui conclut de façon aérienne sur la sublime We Don’t Deserve Love, pendant de Supersymmetry de Reflektor. Un titre parfait. La structure de l’album en 2 parties est assez marrante, surtout qu’en plus l’album tourne en boucle : la fin de l’album s’intègre parfaitement avec le début.

Bref. Cet album est plein comme un œuf. Riche, trop riche, parfait pour affronter l’hiver, comme une poutine montréalaise en somme.

Tout en écrivant cette critique j’écoute l’album et sans y prêter attention il m’envoute… Il va vraiment falloir attendre et voir ce que l’avenir nous dira de cet album…


The Franklin Electric – Blue Ceilings #thefranklinelectric


C’est assez perturbant à la première écoute. Half Moon Run a changé de nom ou quoi ? D’abord la voix, mais aussi le style et la production. Tout fait penser à Half Moon Run. En creusant on apprend qu’ils sont aussi canadiens et qu’ils font même leur première partie.
Après, peut-on appeler ça du plagiat ? Je ne sais pas.
Est-ce que c’est bien fait ? Assurément, c’est même ultra addictif, on reste scotché à l’écoute dès I Know The Feeling.
Bon évidement pour ceux qui ne connaissent pas Half Moon Run, vous n’allez pas éprouver ce sentiment et vous allez avoir affaire à un bon disque de pop un peu americana avec des incartades desert-rock et une base balade folk. L’instrumentation est classique même si quelques effets de production viennent rehausser le tout.
Je retiendrai surtout I Know The Feeling et So Far qui sont des petites balades qui grossissent au fur et à mesure de la chanson, géniales. Également Someone Just Like You, Burning Flame plus desert rock (on pense à Talisco) et All Along plus pop classique avec des hohoho parfait pour les concerts, un coté Edward Sharpe ou The Head and the Heart, certains diront Local Naytives (sans les harmonies vocales tout de même).
Au final on s’en fout de savoir si c’est trop proche ou pas d’Half Moon Run, c’est un très bon album, avec de bonnes chansons, ne boudons pas notre plaisir.

J’oubliais, vous pouvez aussi écouter le premier album, qui est bien aussi !



Dent May – Across The Multiverse #dentmay


J’avais vraiment plus qu’adoré Warm Blanket, le précèdent album de Dent May, sorte d’album de Beach Boys synthétique et lowfi, pour ne pas dire kitsch. Le genre d’album bourré de titres qui fait plaisir d’entendre quand ça passe dans la playlist. 4 ans après voici son successeur, la voix est toujours très Brian Wilson, les intonations, les intentions. Les arrangements sont dans la même veine quoique beaucoup plus produits, grandioses et moins synthétiques (un peu plus de moyens ?). En proposant quelque chose de plus produit les chansons perdent parfois un peu de leur fragilité et de leur charme, mais la composition est toujours là, et on ne peut que saluer cet album solaire qui fait du bien. La sophistication de la production renvoie directement à Burt Bacharach, d’autant que Dent May n’est pas avare de miel !
N’ayez crainte, il reste encore pas mal de folie, comme en témoignent les synthés un peu kitsch de Across The Multiverse (d’ailleurs géniale) ou l’arrivée funky, le vocoder et les bips bips électroniques de Face Down In The Gutter Of Your Love (un joyeux bordel vivifiant). Ça sent la Californie, Beverly Hills bien sûr, comme le laisse sous-entendre la bien-nommée 90210, on y trouve un peu de mélancolie que l’on noie dans un Américano en essayant de ne pas tacher le pantalon patte d’eph de son smoking blanc.
Pour conclure un très bon album, maintenant il nous reste à espérer 2 choses : que Dent May passe nous voir un de ces 4 pour un concert (surement déjanté) et n’attende pas 4 ans pour un nouvel album !

lundi 17 juillet 2017

Phoenix – Ti Amo #phoenix

 

Ce n’est pas un secret, j’adore Phoenix. Avec toute la subjectivité que cela implique.

Voici donc les Versaillais de retour, et ce n’est pas cet album qui va leur faire perdre le titre de groupe le plus cool du monde.

Certains vont bien sur critiquer la légèreté de l’ensemble, l’utilisation trop prédominante de claviers (où sont les guitares ?), le coté trop gentillet des paroles en ces temps sombres, mais moi ce que je retiens, outre l’apparente simplicité et l’immédiateté des titres, c’est ce charme. L’album est charmant, réconfortant. Et n’est-ce pas ce qu’on demande dans les temps sombres justement ?

Il est aussi cohérent, Phoenix a voulu un thème, ce thème c’est l’Italie. Mais l’Italie de cartes postales, légère, avec ses clichés, ses Vespas, ses gelatto, son prosecco, ses plages, sa dolce vita et sa disco de lover chantée la chemise ouverte et le poil apparent, mais avec classe. Il ne manque que Aldo Maccione (d’ailleurs ils ont fait une entrée façon Aldo dans l’Aventure c’est l’Aventure à l’émission Quotidien)

Alors oui il y a beaucoup de synthés mais l’album reste immanquablement un disque de Phoenix. Les structures et les mélodies sont très caractéristiques, on y retrouve un certain sens de la formule dans les textes et l’utilisation de mots catchy, ici pour la plupart en italien. Mais surtout, il y a la voix de Thomas Mars, sa façon de chanter si particulière : ses répétitions, son bégaiement, son flow sur J-Boy, ce tempo si particulier quand il fait trainer l’arrivée du chant, comme sur Fior de Latte ou les modulations sur le refrain de Telefono. Tout cela contribue à cette nonchalance cool propre au groupe, comme si tout cela était simple et évident (on pense aussi aux Strokes, enfin plus particulièrement à la reprise de You Only Live Once de la BO de Somewhere, par Phoenix et pour Madame Mars née Coppola, on tourne en rond je vous dis !).

Au total, 10 titres, 5 par face comme chaque album de Phoenix et un album homogène. On enchaine les tubes plutôt dansants avec J-Boy, Ti Amo ou Fleur de Lys, du RnB (inspiration seulement) sur Fior de Latte (elle pourrait être sur Alphabetical sans la prod !) ou le funky disco avec la plus faible Tuttifrutti (ambiance If I Ever Feel Better ou Trying to be Cool). On notera surtout la présence de superbes ballades : planante et électro avec Via Veneto (le style leur va à merveille, la chanson est géniale, j’adore ce clavier déjà superbement utilisé par The Drums sur Wild Geese), plus classique et tout aussi géniale avec Role Model (ma préférée avec Via Veneto). Par moment on flirte aussi avec du Sebastien Tellier comme sur la douce Goodbye Soleil, ou la joyeuse Lovelife (le pont est génial !) et on termine par Telefono paradoxalement la plus phoenixienne du lot malgré son clavier très générique de « Champs Elysée ». Au milieu de cet enchainement parfait de titres, on notera quand même l’absence d’une instrumentale comme Bankrupt, Love Like A Sunset ou North.

On a parlé de la production tout en clavier vintage mais classe (On pense immanquablement à Daft Punk avec tous ces sons électro-vintage), ça devrait surement en gêner certains qui pleureront les guitares, moi ça ne me gêne pas. Cette fois le rôle de Philippe Zdar est seulement de consultant, c’est le groupe qui a bossé seul à la production, mais sa présence a dû être importante pour créer le son de cet album.

Je pense que je n’ai pas vraiment besoin de faire de pub pour Ti Amo, vous l’entendrez forcement cet été, la seule vraie question est : qu’est-ce que vous prendrez avec ça, Spritz ou Americano ?

 

Alt-J – Relaxer #Alt-J


Je les attendais clairement au tournant, et comme pour le précédent album j’ai été très déboussolé à l’écoute. Qu’est-ce que c’est que cet album ?

Autant vous prévenir tout de suite, va falloir s’accrocher et écouter plusieurs fois. Mais une fois l’effort fait, mon Dieu c’est génial, j’irais même jusqu’à dire c’est sacré. L’album est court : 8 titres, 39 min, mais dense en émotion, en expérimentations, en abstraction.

Tout commence par un morceau de bravoure, un titre parfait, une épiphanie. 3ww est tout cela, sur une base hypnotique tendance Doors, sous influence indienne et médiévale, arrive une guitare mexicaine légère, puis un refrain beach boysien empli de soleil. On enchaine sur In Cold Blood, plus rythmée, faisant penser à Another Way to Die le générique du James Bond Quantum Of Solace par Jack White. C’est le single on pourrait dire, tout en cuivre, enjoué et quelque peu jubilatoire, bien et surprenant pour le groupe. Pour se reposer on part sur une reprise vaporeuse, abstraite et sombre de The House of the Rising Sun, avec cordes symphoniques. Ça ne ressemble pas du tout à l’original, même les paroles. On penserait presque à du Woodkid. Pour sortir des nimbes, on enchaine sur un titre garage, limite punk tendance Iggy Pop qui fait un peu tâche de cambouis au milieu de cette sophistication. Hit Me Like That Snare dérange volontairement, le malaise est mis en avant par son mantra final: Fuck You, I do what I wanna do. Parfois il faut un titre un peu moche pour repartir, j’adhère moyen… Peut-être la seule faute de gout (avec la pochette bien sûr !). On enchaine ensuite sur Deadcrush, un titre plus proche du premier album (Flizpleasure, Breezeblocks), pas particulièrement excellent mais très agréable. On continue ensuite sur un autre grand sommet de l’album (et d’Alt-J), la très subtile et calme Adeline. Calme, avant la cavalcade finale de toute beauté. Last Year fait ensuite retomber un peu la pression avec un titre faisant penser à du Simon and Garfunkel d’église (Scarborough Fair), c’est folk, plutôt classique, les paroles sont murmurées jusqu’à l’endormissement avant que la chanson se transforme en un instant avec l’arrivée d’un chant féminin plus enjoué. C’est marrant, peut-être un peu trop conceptuel mais la fin de la chanson apporte beaucoup de fraicheur. Pleader clôt l’album à la manière d’une musique de film. On démarre tout doucement avec une guitare et des cordes qui donnent l’impression d’une marche sautillante, on bascule vers un chœur entre musique classique, sacrée et folklorique avant de finir sur des notes beaucoup plus flippantes.

On peut dire qu’Alt-J expérimente et ne se repose pas sur ses acquis et son Mercury Price. Ils ne choisissent pas la facilité, osent, sortent encore plus du Mainstream (hormis le tube In Cold Blood) et de la zone de confort quitte à perdre du monde au passage.

Accrochez-vous, le voyage vaut vraiment le coup !
 
 

mercredi 7 juin 2017

Diagrams – Dorothy #diagrams



Et si on tenait là un classique intemporel ? À ranger à côté des albums d’Elliott Smith et de Sufjan Stevens ? Derrière une modestie apparente, des difficultés de financement (album réalisé grâce au crowdfunding), une économie d’effet, voici un album bouleversant de beauté et de justesse.
Diagrams c’est en fait une seule personne, Sam Genders, ancien co-leader de Tunng qui avait apporté un vent de fraicheur au folk dans les années 2000. Son précédent album Chromatics, sorti il y a 3 ans, faisait déjà partie des grands albums, de ceux qu’on réécoute, avec des titres qui n’arrivent pas à se défaire des playlists. Son nouveau projet est une collaboration avec une antique poétesse américaine inconnue (la Dorothy du titre). Un album qui parle de nature. Dis comme ça ce n’est pas vendeur, c’est sûrement ce qu’a dû penser sa maison de disque pour qu’il doive réaliser lui-même le financement.
Dorothy est concis, 30 minutes tout mouillé, comme un poème. Parfaitement produit, intimiste, profond et grandiose, entre une folk précieuse tendance Sufjan Stevens et Villagers et une pop plus luxuriante très anglaise, entre Beatles et Kinks, on pense à ses contemporains de Leisure Society ou à Beirut, dont il emprunte le trompettiste.
L’album commence doucement avec 2 merveilleuses ballades folk qui marquent, et pour longtemps : Under The Graphite Sky et It’s Only Light. La pop prend ensuite le dessus avec la Beatlesienne I Tell Myself, plus joyeuse avec cuivres et solo de guitare, mais également Motherboard et Wild Grasses et sa basse tendue et ses cordes subtiles, toutes aussi géniales les unes que les autres. Le tout est entrecoupé de 2 ballades folks minimalistes : Everything et Crimson Leaves. Et c’est le temps de conclure avec Winter River, ballade simple se transformant en une cavalcade de cuivres épique.

Bref un album parfait.



samedi 3 juin 2017

Concert Peter Von Poehl et Michelle Blade au Connexion, Toulouse 16 mai 2017 #petervonpoehl


Put…. ça fait combien de temps qu’on n’avait pas passé un aussi bon moment à un concert ? La dernière fois, je pense c’était au même endroit, et ça remonte à un live dantesque de François and the Atlas Mountain. Car oui il n’y a presque plus de concerts de pop intéressants en centre de Toulouse. C’est un drame … Où sont passés les Kevin Morby, Vandaveer, Isaac Delusion, ALB, Talisco, Griefjoy, Motorama, Jil is Lucky, Gruff Rhys, Jacco Gardner, Wave Pictures et leurs remplaçants qui venaient dans les petites salles de la ville rose ? La faute aux attentats ? Possible. La faute aux riverains du Connexion ? Ça ne doit pas arranger. Mais je pense surtout qu’il faut trouver des associations pour organiser ces évènements et relancer la machine (friends of P est mort de sa belle mort).Cette fois-ci c’est grâce à Topophone qu’on a pu voir ce magnifique concert de Peter Von Poehl et Michelle Blade. Comme au bon vieux temps donc. Une salle qui offre une proximité géniale (on ne pouvait pas être plus près) un son plutôt bon, et une bonne ambiance. Avec une bière un peu moins chère ce serait le nirvana !


Mais revenons sur la prestation scénique. Tout d’abord la première partie : Michelle Blade. Je ne connaissais pas du tout et j’ai été séduit, par sa musique mais aussi par sa loufoquerie. Elle est toute seule sur scène, armée seulement de sa guitare électrique et de son accent mexicain tout mignon. Chaque nouvelle chanson est prétexte à une introduction sur ce qui l’a motivée pour faire cette chanson, c’est souvent très barré ! Mais c’est charmant, les compositions sont un peu déjantées, en anglais, parfois en espagnol et c’est très plaisant. Sur la fin de sa prestation elle a fait appel à un guitariste local, ils n’ont répété que pendant la balance. « mais c’est pas pour m’excuser, mais au contraire parce que je trouve ça cool, en plus je vais pouvoir faire des solo ! »


Après un très court entracte arrive Peter Von Poehl et son groupe : un batteur vraiment excellent, un bassiste aussi très bon, un guitariste bon aussi et Peter (très bon aussi) qui alterne guitare électro acoustique classique et guitare ténor (4 cordes) avec un peu d’harmonica par moment. Il n’y a pas de chœurs c’est le seul truc un peu dommage. En tout cas le son est génial, le tout est très homogène, proche des albums mais avec un peu plus d’âme et moins de production bien sûr. Les arrangements de cordes, cuivres, orgues ont disparu et laissent la place à une prestation plus énergique où la guitare a plus la place de respirer, le tout tenu par une section rythmique exceptionnelle. Son phrasé si particulier parait un peu plus mis en avant. La setlist fait bien sûr la part belle au dernier album avec quelques ajouts « électro » grâce au pad du batteur. Elle est vraiment sans faute et très équilibrée. Pas d’effet d’attente pour son tube The Story of the Impossible, qui n’est pas en rappel mais tombe au bon endroit au bon moment. Peter fait bien participer le public sur les chansons permettant des youhou, raconte des histoires et des blagues à la con (en français) entre les titres, principalement pour avoir le temps de réaccorder sa guitare, la salle étant petite, il se permet même de descendre dans la fosse. Le tout avec une certaine timidité très nordique et un sourire communicatif.


Bref un super set et un super moment.
Après le concert nous sommes passés voir les artistes pour acheter des vinyles et parler un peu. L’impression est confirmée, Peter Von Poehl est très sympa, il était visiblement content de son concert. Il nous a expliqué qu’il a récupéré les droits sur ses anciens albums, il fait maintenant presser lui-même ses vinyles d’où des prix plus qu’attractif. Du coup on en a pris plusieurs !


L’impression est confirmée également pour Michelle Blade, un peu fofolle mais super sympa. On a parlé très longtemps (elle n’avait pas de stylo pour dédicacer et n’osait pas déranger Peter Von Poehl, « il est tellement gentil qu’on n’a pas envie de l’interrompre !), de son album, d’une anecdote toulousaine enfumée concernant une chanson, d’un ami d’ami commun, du fait qu’elle a moins le temps de se concentrer sur son album vu qu’elle est aussi la bassiste de Fishbach. Bref un bon moment avant et après le concert. C’est quand le prochain concert de cette qualité à Toulouse ? On espère bientôt et bravo à Topophone pour l’organisation (peut-être un peu plus de com à l’avenir ?


les photos sont de Claire Hugonnet, récupérées sur le Facebook de Topophone.

Sylvan Esso – What Now #sylvanesso


Quand l’électro rencontre la pop folk voilà ce que ça peut donner. D’un côté Amelia Meath une chanteuse multi-instrumentiste plutôt sur des notes de « cute pop » et de l’autre, le producteur électro Nick Sanborn. Et c’est bien ça qui est proposé, d’un côté une voix claire, joyeuse, sans aucun effet et de l’autre une électro pure et dure sans aucun instrument, le tout sur des structures de chansons plutôt classiques. L’équilibre peut sembler instable mais le dosage est parfait et donne toute sa finesse à l’ensemble. Les géniales Kick Jump Twist ou Die Young en sont les témoins. On y trouve même un tube justement appelé Radio !Du coup j’ai été voir le premier album de ce groupe bizarre, qui est à recommander aussi même s’il est moins abouti que celui-là. En tout cas une belle surprise fraiche et innovante à découvrir.

Real Estate – In Mind #realestate

L’année dernière j’avais fait un comparatif des albums solo de Martin Courtney et de Ducktail (Matt Mondanile) et avais conclu que le prochain album de Real Estate allait mettre tout le monde d’accord.
Manque de bol, Matt n’a pas re-signé avec Real Estate…
C’est donc tout seul comme compositeur, mais avec l’aide des autres Real Estate que Martin Courtney nous propose ce nouvel opus, juste un an après son album solo. Autant le dire tout de suite, on n’est malgré tout pas dépaysé. Même si un clavier ou une boite à rythme viennent appuyer quelques notes par ci par là, c’est léger ! Pas de révolution en cours, on creuse le sillon. Tant mieux c’est beau, c’est fin, et ils sont quasiment seuls sur le secteur.
A la première écoute j’ai été un peu déçu. L’album est moins immédiat, moins tubesque que Many Moon, l’album solo de Martin Courtney. Mais en y écoutant de plus près on se fait happer par la finesse d’écriture, les guitares cristallines avec des arpèges toujours très Byrds (ha la 12 cordes). Bien entendu, il faut l’écouter avec attention, c’est délicat, les changements de rythme ou les effets de production sont très légers, nuancés.
A l’image du titre d’ouverture Darling d’une finesse rare (ce pont !), mais aussi des très pop White Light et Same Sun, de Serve The Song, de la nonchalante Holding Pattern. C’est bien simple de bout en bout on trouve de petites perles fines dans chaque titre (After the Moon un peu en dessous peut être). Quoi de nouveau ? Peut-être un peu plus de soleil, l’album a été enregistré en Californie et le changement de côte se sent, Times revendique les Beach Boys, ça sent le sable, mais aussi la poussière du middle ouest qu’ils ont dû traverser en venant du New Jersey avec Diamond Eyes.
Alors oui, Real Estate a le charisme d’une moule, un nom tout sauf glamour - franchement t’appellerais ton groupe Immobilier ?- ne fait pas trop de pub, mais reste un groupe majeur de la pop, de vrais artisans de la pop, des joailliers même.Le dernier bijou ne brille pas de tous feux, mais est très joliment travaillé.

lundi 29 mai 2017

Joe Goddard – Electric Lines #joegoddard #hotchip



Joe Goddard ça vous dit peut être rien, par contre Hot Chip j’espère que oui. Et bien Joe est une des 2 têtes pensantes d’Hot Chip et ça s’entend sur cet album solo. Si on retire le premier titre Ordinary Madness, qui n’a vraiment rien à faire sur cet album, à la rigueur dans une pub de parfum, bref, si on le vire on se retrouve avec un album très Hot Chip. On y trouve donc des envolées house comme sur Children, de électro pop chic comme sur Truth is Light ou Electric Lines, des références disco et funcky comme Home, un morceau de bravoure à la Flutes avec Lose Your Love (choisir la version longue). 

Bref rien de neuf (surtout pas les vocoder Daft Punkien) vous me direz. Certes, mais Electric Lines est un bon album électro pop avec ce petit plus : les machines ont un cœur.

Raoul Vignal – The Silver Veil #raoulvignal



Voici ma petite découverte du moment.
Raoul est français, chante en anglais des balades folk.

Le tout est très délicat, mélancolique comme le folk se doit d’être, mais aussi très pop et bien arrangé. Certains magazines le comparent aux Kings of Convenience, je suis plutôt d’accord avec l’origine nordique et le coté très doux mais je dirais plus que Raoul Vignal est proche de José Gonzalez (le leader de Junip qui a composé la BO de Walter Mitty). Toujours est-il que c’est très beau, et que je recommande chaudement, après c’est sûr ce n’est pas à proprement parler un disque pour danser !

 



Peter Von Poehl – Sympathetic Magic #petervonpoehl



4 ans après Big Issues Printed In Small, le blondinet suédois, Peter Von Poehl nous revient avec un nouveau disque tout aussi passionnant et maitrisé.

Ce nouvel opus garde les (bonnes) bases précédentes : des titres ultra mélodiques, ultra pop, ultra arrangés, des sortes de petites symphonies de poche avec cordes et bois, une voix en apesanteur et un phrasé particulier. La nouveauté vient de l’ajout par ci par là de petites touches de clavier vintage, de bips électroniques sortis d’un pad. Le tout se mariant à la perfection. Ce n’est pas du tout pour faire dans le temps, ça ne sonne pas du tout 80’s, c’est discret, intégré, juste entre un hautbois et un arpège de guitare. Du grand art.

Au cours des 11 titres, Peter Von Poehl réussit l’exploit de contenir la luxuriance des arrangements. Que ce soit pour la magnifique ouverture Grubbed Up Pt 1, sur la génialement 90’s tendance Radiohead Inertia, sur le clavier de la délicate A Stack Of Fire Wood (géniale), sur le « tube » Sympathetic Magic, sur la joyeuse et cuivrée King’s Ransom, sur la planante Elysium, le charme opère et on se dit que Peter mérite beaucoup beaucoup plus que le succès d’estime qu’il a.

 

Mac DeMarco – This Old Dog #macdemarco




C’est marrant comme les disques de Marc deMarco ressemblent de moins en moins à son image de trublion qui fout le bordel lors des concerts (J’aimerais d’ailleurs le voir sur scène voir comment il se débrouille avec ses chansons pour pouvoir faire tout ça !).

Bref, le Canadien continue dans la veine du précédent (et excellent) EP Another One, et nous propose un album solaire, mélodique et calme. Le style est toujours là : une production low fi à base de guitare légèrement déglinguée, de clavier 80’s et de boite à rythme cheap, une nonchalance solaire et une petite dose de mélancolie. A la tambouille habituelle, Mac rajoute un peu d’exotisme, faisant penser à un Paul Simon mais en plus bordélique !

On a l’impression de se retrouver un dimanche matin de lendemain de soirée, le café est bon, les rayons du soleil font du bien, le canapé est moelleux, mais on a toujours cette putain de barre, du coup vaut mieux chanter doucement.

L’album semble d’ailleurs enregistré à l’arrache dans son appart, un dimanche matin justement, entre les calbuts sales et une boite de pizza non finie. Mais quand on y prête attention, c’est plutôt travaillé, tout tombe incroyablement juste et sincère. Mac deMarco est toujours aussi déconcertant dans le rôle du branleur qui arrive à sortir de si belles mélodies, cela parait toujours désespérant d’aisance.

Bref c’est beau, ça fait du bien ! Que demander de plus ?

vendredi 24 mars 2017

Leif Vollebekk – Twin Solitude #leifvollebekk



Attention découverte. Je remercie d’ailleurs les inrocks d’avoir fait un article dessus pour me permettre de découvrir cet artiste canadien. Je vous préviens de suite, ça va être dur à trouver : un soundcloud et c’est presque tout. Pas disponible en streaming sur les sites habituels… Je cherche toujours un moyen de me procurer le vinyle d’ailleurs !
Twin Solitude est un album plutôt calme et nous emmène vers de belles balades, en douceur, en délicatesse. Dire que c’est du folk serait terriblement réducteur, il y a aussi des notes de pop avec piano (façon Tobias Jesso Jr), un peu de country et de l’americana (l’ombre de Neil Young) mais surtout de la soul, notamment grâce à la voix chaude et habitée de Leif. Ce mélange fait penser d’ailleurs à Jeff Buckley.
En tout cas, il y a de l’émotion et de l’authenticité.
La production n’est pas en reste même si elle n’est pas luxuriante, on a bien pris gare à ne pas en mettre trop, l’album reste épuré, pas trop chargé.

Bref, un album délicat et fin, sorti de nulle part et déjà très présent, à classer à côté d’Avi Buffalo, Tobias Jesso Jr, Max Jury, et pas loin du Dieu Elliott ; à découvrir absolument.



vendredi 17 mars 2017

Inna de Yard – The Soul Of Jamaica #innadeyard



C’est un fait, le reggae jamaïcain est moribond. Cela fait maintenant 20 ans (avant internet !), on a essayé (surtout en France) d’exhumer le répertoire historique de l’ile, façon Buena Vista Social Club à dreadlocks. On avait été chercher Stanley Beckford de sa misérable retraite pour le faire tourner entre Chauvigny, Pouziou la Jarie et Sorreze, reproduit Toots et lui permettre d’enregistrer avec Clapton, Ben Harper ou Manu Chao, fait un peu de pub aux Stakhanovistes des Gladiator, usé jusqu’à la moelle le contrebassiste des Skatalites, fondé le Jamaican All Stars avec les survivants de la vague 70’s, on avait surtout imité de toutes part le roots reggae dans un anglais approximatif des « hou yeah » trop présents et des « jah rastafari » poussés du fin fond de la Vendée. Et puis plus rien, le reggae s’en est allé avec l’arrivée d’internet, des jeans slim et du revival rock. Il reste encore un peu présent là où la nature et la nonchalance le nécessitent : dans les iles, de la Polynésie aux Antilles, de Bali à la Nouvelle Calédonie. La Nouvelle Zélande se l’est même du coup approprié, sans même le demander.
Il ne reste donc pour les amoureux du skank et du one drop que les yeux pour pleurer et les compiles Trojan (en pleine réédition) pour écouter en boucle les enregistrements d’époque fortement altérés par des conditions de production et de stockage d’un autre âge.
Mais voilà qu’arrive, en 2017, un album complètement anachronique, sorti surement 15 ans trop tard : Sound Of Jamaica de Inna de Yard. Un collectif de vieux routard de l’ile qui avait déjà sévi à l’époque.
Rien de neuf, juste un nouveau témoignage sur ces oubliés de l’ile, trop petits derrière l’ombre géante de Bob Marley.
Le principe d’Inna De Yard est de proposer une musique de rue, telle que jouée entre les prises, dans les yards (les cours) à l’entrée des studios. Plus authentique donc, plus acoustique. Sur une rythmique souvent Nyabingui (chant de prière rasta sur fond de percussions africaines tribales, popularisé dans les 70’s par Ras Michael) s’exercent quelques jeunots mais surtout les voix de vieilles gloires jamaïcaines comme le fabuleux Ken Boothe, soulman de l’ère rocksteady, comme les Viceroys (et leurs somptueuses harmonies vocales), comme Winston McAnuff ou comme le leader des Congos. Du Roots Reggae donc, du vrai.
Bon remède pour les allergiques au one drop, sa batterie minimaliste, au skank trop appuyé (célèbre clavier et guitare ensemble) de la fin des 70’s ou du dub, la production minimaliste laisse la part belle aux mélodies et aux voix. 
Pour les amoureux de Redemption Song donc. 
Cela ne veut pas dire que tout est acoustique, on y trouve aussi des basses rondes qui tiennent la mélodie, des cuivres (un excellent trombone qui ravive les souvenirs de Don Drumond), une guitare électrique, du reggae quoi.
The Soul of Jamaica, le titre n’est pas trompeur, il y a de la soul, de la mélancolie, des belles voix (Love Is The Key, Let The Water Run Dry, Youthman et ses chœurs masculins très Gladiators), mais aussi une pointe de ragga en mode mineur (le flow de Sign of the Time et ses montées bien senties).
Pour les amoureux du reggae, ceux qui veulent se sentir en vacances, ceux qui cherchent un angle d’attaque pour aborder cette musique, sautez sur ce disque. Bien produit, original par son attaque et diablement attachant. On devra encore attendre 10 ans pour avoir la suite ?