lundi 17 juillet 2017

Phoenix – Ti Amo #phoenix

 

Ce n’est pas un secret, j’adore Phoenix. Avec toute la subjectivité que cela implique.

Voici donc les Versaillais de retour, et ce n’est pas cet album qui va leur faire perdre le titre de groupe le plus cool du monde.

Certains vont bien sur critiquer la légèreté de l’ensemble, l’utilisation trop prédominante de claviers (où sont les guitares ?), le coté trop gentillet des paroles en ces temps sombres, mais moi ce que je retiens, outre l’apparente simplicité et l’immédiateté des titres, c’est ce charme. L’album est charmant, réconfortant. Et n’est-ce pas ce qu’on demande dans les temps sombres justement ?

Il est aussi cohérent, Phoenix a voulu un thème, ce thème c’est l’Italie. Mais l’Italie de cartes postales, légère, avec ses clichés, ses Vespas, ses gelatto, son prosecco, ses plages, sa dolce vita et sa disco de lover chantée la chemise ouverte et le poil apparent, mais avec classe. Il ne manque que Aldo Maccione (d’ailleurs ils ont fait une entrée façon Aldo dans l’Aventure c’est l’Aventure à l’émission Quotidien)

Alors oui il y a beaucoup de synthés mais l’album reste immanquablement un disque de Phoenix. Les structures et les mélodies sont très caractéristiques, on y retrouve un certain sens de la formule dans les textes et l’utilisation de mots catchy, ici pour la plupart en italien. Mais surtout, il y a la voix de Thomas Mars, sa façon de chanter si particulière : ses répétitions, son bégaiement, son flow sur J-Boy, ce tempo si particulier quand il fait trainer l’arrivée du chant, comme sur Fior de Latte ou les modulations sur le refrain de Telefono. Tout cela contribue à cette nonchalance cool propre au groupe, comme si tout cela était simple et évident (on pense aussi aux Strokes, enfin plus particulièrement à la reprise de You Only Live Once de la BO de Somewhere, par Phoenix et pour Madame Mars née Coppola, on tourne en rond je vous dis !).

Au total, 10 titres, 5 par face comme chaque album de Phoenix et un album homogène. On enchaine les tubes plutôt dansants avec J-Boy, Ti Amo ou Fleur de Lys, du RnB (inspiration seulement) sur Fior de Latte (elle pourrait être sur Alphabetical sans la prod !) ou le funky disco avec la plus faible Tuttifrutti (ambiance If I Ever Feel Better ou Trying to be Cool). On notera surtout la présence de superbes ballades : planante et électro avec Via Veneto (le style leur va à merveille, la chanson est géniale, j’adore ce clavier déjà superbement utilisé par The Drums sur Wild Geese), plus classique et tout aussi géniale avec Role Model (ma préférée avec Via Veneto). Par moment on flirte aussi avec du Sebastien Tellier comme sur la douce Goodbye Soleil, ou la joyeuse Lovelife (le pont est génial !) et on termine par Telefono paradoxalement la plus phoenixienne du lot malgré son clavier très générique de « Champs Elysée ». Au milieu de cet enchainement parfait de titres, on notera quand même l’absence d’une instrumentale comme Bankrupt, Love Like A Sunset ou North.

On a parlé de la production tout en clavier vintage mais classe (On pense immanquablement à Daft Punk avec tous ces sons électro-vintage), ça devrait surement en gêner certains qui pleureront les guitares, moi ça ne me gêne pas. Cette fois le rôle de Philippe Zdar est seulement de consultant, c’est le groupe qui a bossé seul à la production, mais sa présence a dû être importante pour créer le son de cet album.

Je pense que je n’ai pas vraiment besoin de faire de pub pour Ti Amo, vous l’entendrez forcement cet été, la seule vraie question est : qu’est-ce que vous prendrez avec ça, Spritz ou Americano ?

 

Alt-J – Relaxer #Alt-J


Je les attendais clairement au tournant, et comme pour le précédent album j’ai été très déboussolé à l’écoute. Qu’est-ce que c’est que cet album ?

Autant vous prévenir tout de suite, va falloir s’accrocher et écouter plusieurs fois. Mais une fois l’effort fait, mon Dieu c’est génial, j’irais même jusqu’à dire c’est sacré. L’album est court : 8 titres, 39 min, mais dense en émotion, en expérimentations, en abstraction.

Tout commence par un morceau de bravoure, un titre parfait, une épiphanie. 3ww est tout cela, sur une base hypnotique tendance Doors, sous influence indienne et médiévale, arrive une guitare mexicaine légère, puis un refrain beach boysien empli de soleil. On enchaine sur In Cold Blood, plus rythmée, faisant penser à Another Way to Die le générique du James Bond Quantum Of Solace par Jack White. C’est le single on pourrait dire, tout en cuivre, enjoué et quelque peu jubilatoire, bien et surprenant pour le groupe. Pour se reposer on part sur une reprise vaporeuse, abstraite et sombre de The House of the Rising Sun, avec cordes symphoniques. Ça ne ressemble pas du tout à l’original, même les paroles. On penserait presque à du Woodkid. Pour sortir des nimbes, on enchaine sur un titre garage, limite punk tendance Iggy Pop qui fait un peu tâche de cambouis au milieu de cette sophistication. Hit Me Like That Snare dérange volontairement, le malaise est mis en avant par son mantra final: Fuck You, I do what I wanna do. Parfois il faut un titre un peu moche pour repartir, j’adhère moyen… Peut-être la seule faute de gout (avec la pochette bien sûr !). On enchaine ensuite sur Deadcrush, un titre plus proche du premier album (Flizpleasure, Breezeblocks), pas particulièrement excellent mais très agréable. On continue ensuite sur un autre grand sommet de l’album (et d’Alt-J), la très subtile et calme Adeline. Calme, avant la cavalcade finale de toute beauté. Last Year fait ensuite retomber un peu la pression avec un titre faisant penser à du Simon and Garfunkel d’église (Scarborough Fair), c’est folk, plutôt classique, les paroles sont murmurées jusqu’à l’endormissement avant que la chanson se transforme en un instant avec l’arrivée d’un chant féminin plus enjoué. C’est marrant, peut-être un peu trop conceptuel mais la fin de la chanson apporte beaucoup de fraicheur. Pleader clôt l’album à la manière d’une musique de film. On démarre tout doucement avec une guitare et des cordes qui donnent l’impression d’une marche sautillante, on bascule vers un chœur entre musique classique, sacrée et folklorique avant de finir sur des notes beaucoup plus flippantes.

On peut dire qu’Alt-J expérimente et ne se repose pas sur ses acquis et son Mercury Price. Ils ne choisissent pas la facilité, osent, sortent encore plus du Mainstream (hormis le tube In Cold Blood) et de la zone de confort quitte à perdre du monde au passage.

Accrochez-vous, le voyage vaut vraiment le coup !