jeudi 15 novembre 2018

Boy Pablo – Soy Pablo #soypablo



Et si Dent May avait piqué la guitare de Mac Demarco avec ses pédales et qu’il se lançait à jouer avec Kakkmaddafakka et Erlend Oye ? Et bien ça donnerait cet EP. Une guitare déglinguée, de la sunshine pop de norvégien, un coté californien, un peu de nonchalance, des paroles tristes et des titres enjoués et voici 6 super titres très dansant comme Feeling Lonely ou Losing You, plus downtempo come Sick Feeling ou T-Shirt (où il montre qu’en plus il chante bien). Une très bonne surprise, ça réchauffe un peu en ces temps d’automne. 

On dit merci qui ? Merci Alice !


Flavien Berger – Contre-temps #flavienberger



Je suis complétement passé à côté de Flavien Berger et de son premier album. Ce n’est pas une raison pour laisser filer celui-là, parait-il plus accessible.
Pourtant c’est un album très expérimental, électro, pop, bourré de trouvailles et de sonorités. C’est planant, électro, barré, mais aussi très pop, limite variété française. En fait cet album est un patchwork, un collage divers d’enregistrements pris sur le vif, de sensations, de bouts de phrases, d’idées, de couleurs, de motifs électro, de ritournelles pop, de prog, de messages abscons et profonds. Ça peut dérouter, on peut trouver ça loufoque, mais c’est impressionnant de maîtrise et de trouvailles. 

Un peu inclassable mais très bon, du début à la fin, sans aucune baisse de régime. Le renouveau de la pop française à son paroxysme !


Jungle – For Ever #jungle


J’avais trouvé très intéressant le premier album de Jungle surtout dans les chansons minimalistes comme Platoon ou surtout Drops, ou on ressentait la house derrière l’emballage soul/RnB mais sans trop en faire. Tout dans la retenue à la manière de the XX. Les autres titres plus connus comme Easy Earning bien qu’objectivement bon ne m’avaient moins touché. C’est un peu mon sentiment global de ce nouvel album : c’est bien fait, mais ça ne me transcende pas. La production est un peu plus ample, on se rapproche de Justice sur l’intention, surtout au début comme sur la très dansante Heavy, California qui doit sacrément envoyer en soirée (et je ne parle pas d’en live !). Bien qu’il y ait des moments plus fins, un peu de clavier eighties tendance Metronomy sur Casio, de la soul façon Gnarls Barkley sur Happy Man et des chansons mid tempo plus intéressantes comme Cherry, il me reste quand même un sentiment de trop produit qui m’embête un peu. 

Peut-être que si je n’avais pas autant écouté Drops, je ne m’en serais pas rendu compte.


Parcels – Parcels #parcels




On peut dire que je l’aurais attendu cet album. J’ai tout de suite été emballé par Parcels, par son EP Hideout, par Overnight et sa colab avec Daft Punk. L’album est là, ce n’est pas vraiment une surprise pour la plupart des titres, mais plutôt une confirmation. Le style électro funky cher au duo casqué du dernier album Random Access Memory est bien représenté, on avait d’ailleurs déjà eu un aperçu avec Lightenup (qui se retrouve augmenté de Comedown, 2 chansons qui se suivent et partagent la même instru) et Tieduprightnow sorties en éclaireur. On peut même dire que l’album (presque) entier est dans ce style : basse très présente, cocotte nielsrogersienne, électro discrète, pedale wah wah, synthé vintage. Mais ce qui diffère c’est les voix, non trafiquées, des harmonies vocales très belles et légèrement sixties, disons beach boysiennes. Et c’est sur ce point précis que Parcels tire admirablement bien son épingle du jeu et propose quelque chose de plutôt charmant, doux. Pour exemple les 2 magnifiques balades, sans cocotte, sans artifice que sont Bemyself (regardez la version a capella ou presque sur Arte.tv) et surtout Yourfault, belle à pleurer.
En tout cas Parcels ne se refuse rien, titres enchainés sur la même rythmique entêtante (Comedown puis Lightenup), flutiau (Lightenup), balade (Yourfault et Bemyself), divagation électro-prog hors format pop (Everyday), boite à rythme minimaliste limite strokes (Tape), intro de 2 minutes (IknowhowIfeel tellement Random Access Memory), titre de conclusion pour les Credits, pour un premier album c’est couillu. 

Parcels confirme la direction prise depuis Overnight avec un coté plus électro disco funk et des titres ultra catchy mais ils laissent aussi entrevoir la suite en proposant de belles balades, moins dansante. 

Le seul défaut de l’album ? D’être sorti après les vacances, même si pour ma part Tieduprightnow a tourné tout l’été ! 

Il parait que ça envoie en concert, je les vois vendredi, je vous dirai !







et en bonus, la version a capela de bemyself




Et une reprise funky d'Every Night de Paul McCartney, parce qu'ils ont du goût.

mardi 16 octobre 2018

Ellipse festival – 3-7 octobre 2018



Pas trop de concerts à se mettre sous la dent à Toulouse en ce moment, tous les groupes passent à Paris mais ne descendent plus à Toulouse. Encore heureux il reste quelques petits festivals ! Comme l’Ellipse festival qui sur 4 jours propose une programmation plutôt intéressante. Je n’ai pas pu aller à tout malheureusement mais j’ai pu voir 2 moments de musique assez exceptionnels et aux antipodes : Petit Fantôme au Rex et Laish à la Chapelle des Carmélites. 


Tout d’abord le vendredi, où nous allions voir Petit Fantôme, mais nous avons profité de Gareth Dickson, seul à la guitare en première partie.



Un peu plombant peut-être, mais beau. J’ai jamais vu un son pareil avec une seule guitare classique. Le garçon n’est pas bien à l’aise mais nous propose une reprise de Joy Division complètement hallucinante. Quoi ? C’est quoi ce cliché de personnes mal à l’aise qui écoute Joy Division ou les Smiths ? 


ça donne ça Gareth Dickson

Après ce moment de finesse, place à Petit Fantôme. Et pour être au premier rang on était au premier rang. L’ambiance est différente, c’est l’avant dernière date de la tournée et ça se sent : ils sont en place, ça envoie sec. Le set est très rock, avec de la disto, un batteur qui tape tant qu’il peut, une basse très libre et présente, mais toujours avec de la finesse. Pas mal de clavier et de bidouille 8 bits aussi. Bref, un très bon set, peut être réglé un peu fort pour la taille de la pièce, on fait un peu nos papis !




En tout cas, c’était vraiment sympa, un bon moment même si la salle ne bougeait pas tant que ça. Après on n’était pas très nombreux… Nous avons dû partir avant le troisième groupe Francky goes to Pointe à Pitre : on avait la babysitter à délivrer. 

Le samedi on n’a pas pu faire, à grand regret, Moodoïd et Halo Maud mais on a pu passer à la chapelle des Carmélites le dimanche pour le magnifique concert de Laish. Laish c’est normalement un groupe, mais là il n’y avait que Daniel Green, le leader avec sa guitare. Laish est un groupe de pop folk britannique plutôt proche de The Leasure Society (je crois d’ailleurs qu’ils se connaissent). Donc c’est plutôt sympa, même si honte à moi, je n’ai pas écouté le dernier album sorti en mai. Je suis en train de me rattraper. Bref.



Donc Daniel Green est là, seul au milieu de la chapelle des Carmélites pour un concert très confidentiel : à peine une centaine de personnes ont bravé le froid et les trombes d’eau pour venir. Le lieu est impressionnant, une ancienne chapelle très richement décorée, le spectacle génial. Déjà Daniel a une certaine présence sur scène. Il est à l’aise, blague, il a énormément d’humour et nous explique qu’écrire une chanson sur un Pingouin et un cheval c’est songwriting classique anglais. Mais surtout il chante super bien. Les versions dépouillées des chansons sont juste magnifiques, presque mieux que les originales je dirais. Daniel utilise ses pédales d’effets pour faire quelques boucles et grossir artificiellement le nombre de guitares ou en ajoutant une ligne de basse, quand il ne sort pas un boum boum chick à la bouche en précisant que normalement avec la batterie ça envoie plus. Il descend même dans le public (bon ya que 2 marches à descendre) pour jouer en acoustique pur quelques morceaux.



Un moment de pure magie dans un lieu hors du commun. Plus qu’un concert, une expérience et une rencontre. 

Merci qui ? Merci Ellipse festival !

Motorama – Many Nights #motorama


Ah enfin un nouvel album de mon groupe de cold wave russe préféré ! 

Cela commence par un clavier bien plus présent qu’à l’accoutumée, la guitare familière arrive, avec des percus (bizarre ?) et puis tout à coup la voix arrive. Mais qu’est ce qui est arrivé à la voix de Vladislav? Il se permet de chanter dans les aigus ! Et c’est tant mieux car cela rajoute une nouvelle palette au groupe et fait de Second Part un très bon titre que pourrait reprendre The Drums sans soucis. 

Motorama est toujours encré dans leur cold wave avec guitare cristalline et basse ultra présente mais sur cet album et pas que sur le premier titre, le synthé se fait un peu plus sentir, c’était déjà le cas sur Dialogues, c’est encore plus présent. Comme toujours avec eux, il est dur de ressortir un titre, c’est une ambiance (froide, mais en réchauffement). Et on peut dire que ce nouvel album étoffe leur répertoire, et qu’ils proposent leur meilleur album peut être ex-aequo avec Calendar. 

Et puis merde, des russes qui font de la cold wave anglaise avec des percus africaines, ça court pas les routes !


Villagers - The Art Of Pretending To Swim #villagers


Le précèdent album de Villagers était un modèle de délicatesse, des titres folks d’une beauté infinie. J’attendais donc avec impatience le nouveau disque. 
Again la première chanson reprend là où on l’avait laissé, avec du folk, une guitare en picking, et sa voix si particulière. Seule différence, le ton plus enjoué, plus rythmé avec cette batterie légère qui dynamise le tempo, puis sans crier gare, les nappes de synthé et une boite à rythme arrivent. Je ne l’avais pas vu venir celle-là ! Le titre est enjoué, plein de soul tout en restant très catchy. 
Et c’est bien ça la nouveauté de cet album : c’est plus pop, plus immédiat. Mais qui dit plus immédiat, dit aussi un peu moins touchant. Il n’y a pas de titres aussi déchirants que Courage ou Drawning on Me (points culminants du précédent opus). Conor O’Brian, a l’air d’aller mieux, de s’être accepté. Et ça s’entend. 
Again donc et sa folktronica très Tunng mais tellement Villagers dans le chant, A Trick Of The Light qui s’aventure vers la soul et le RnB ou la pop parfaite de Fool sont les grand moments de l’album. Le reste est de très bonne facture, entre ballade folk pop, matiné d’électro, un coté Radiohead du début et même des incartades freejazz. Bref un très bon disque, qui aurait pu être l’album de l’année s’il avait aussi collé dans l’album un titre de pure émotion mélancolique du style de Courage ou Drawning on Me. 
Mais on ne va pas bouder, d’autant que comme je l’ai dit, il plaira à un plus grand nombre. Et c’est un très grand disque, un des grands moments de la rentrée.


jeudi 27 septembre 2018

Coming Soon – Sentimental Jukebox #comingsoon


J’attendais avec impatience la parution de l’album de Coming Soon. Déjà parce que j’ai bien aimé leur précédent album Tiger Meets Lion (qui a 4 ans quand même) et puis j’avais entendu en éclaireur la superbe Dreaming Of You. Très pop, légèrement folk et qui vire reggae au refrain. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre ! 

Ce qui frappe le plus à l’écoute, c’est le chant : tout le monde chante, la voix change suivant les chansons. Malgré tout l’unité est là dans ce jukebox. La mélancolie est toujours là, ce côté rétro est plutôt plaisant et le coté laid back partant rapidement vers le reggae aussi. 

Depuis 4 ans le groupe a muri, il ne tente plus de faire « moderne » (ou pas d’ailleurs) en insufflant un coté 80’s à la production. Ici les titres sont plus classiques. Il y a bien des claviers, des guitares cristallines par moment mais ils sont là pour appuyer le titre, la production ne bouffe pas tout comme on dit. C’est peut être leur tournée commune avec Adam Green qui les a aidé. Vas savoir. 

En tout cas les 11 titres de l’album sont superbes, entre pop classique tendance 60’s, folk ou plutôt anti-folk, reggae-pop voire hip hop, avec une pincée d’électro pop. Il y a une certaine ambition dans cet album, car derrière certains titres immédiats se cache autre chose, beaucoup de délicatesse mais aussi un peu d’expérimentation comme sur le final Never Over. 

C’est un de mes disques de la rentrée.


Miles Kane – Coup de Grace #mileskane



Un peu déçu. J’ai du mal à dire autre chose. J’attendais peut-être trop de cet album solo de Miles Kane. Après le dernier Last Shadow Puppets, on pouvait penser que Miles allait envoyer du lourd. En plus une rupture amoureuse, toujours responsable de superbes chansons, l’avait récemment affecté. 
On ne va pas non plus dire que l’album est mauvais, mais il est trop facile, trop classique et trop court. Je m’attendais à mieux. Au lieu d’aller chercher dans la délicatesse, dans la fêlure, Miles a préféré l’énergie punk rock. 
Du Glam de T-Rex sur Cry On My Guitar au punk des Buzzcocks sur Too Little Too Late, d’Oasis (imitant John Lennon) sur Killing The Joke (pas si mal) à Roxy Music sur Coup de Grace, ou encore les Libertines couplés avec les Arctic Monkeys le temps d’un pont (salut Alex !) sur Something To Rely On, Miles a décidé de convoquer tout la scène pop anglaise. C’est sympa mais pour l’originalité on va repasser. 

Alors il reste quelques très bons titres, J’aime bien Loaded, Killing the Joke est très bonne, et j’aime bien aussi Wrong Side Of Life. Mais ça reste un peu léger…


Hers – Invitation to Her’s #hers



J’aime les surprises, en plus celle-là est tombée pour mon anniversaire ! J’aurais pu passer à côté si mon disquaire n’avait pas posté la sortie avec un intriguant « The Strokes et Mac DeMarco ont eu un enfant : il s’appelle Her’s » sur son Facebook. Et bien sûr si ma femme n’avait pas immédiatement sauté dessus. 

Alors oui il y a un côté Mac DeMarco avec ses guitares déglingueés, le côté DIY, les mélodies branleuses et accrocheuses. Il y a aussi des Strokes, la voix crâneuse surtout. Mais il n’y a pas qu’eux. Il y a un peu des Smiths, du Boss, de la pop 80’s, des ambiances tropicales, ou du moins balnéaire. On pense à Dent May par moment, on se voit sur la plage, certainement. 

Iconoclaste, excentrique, nonchalant, low fi, mélodique. Bref, j’aime beaucoup !


mercredi 12 septembre 2018

Jess Sah Bi & Peter One – Our Garden Needs Its Flowers #jesssahbi


Vous connaissez la country-folk ivoirienne des années 80 ?
Moi non, mais de bons défricheurs du label Awesome Tapes From Africa ont ressorti ce magnifique bijou de nulle part.
Si on en croit les recherches que j’ai faites, en 85 on ne pouvait pas faire une fête du président Houphouët-Boigny sans entendre Jess Sah Bi. De Yamousoukro à Abidjan, et même jusqu’au Togo, les bonhommes étaient connus et remplissaient les salles et parfois même les stades. Et vous savez quoi ? C’était plus que mérité !
Mais voilà, vite l’oubli arriva. Un seul album, puis plus rien. Une histoire à la Sixto Rodriguez mais avec des locaux.

Pour se faire une idée de ce qu’est vraiment ce disque il faut bien sûr l’écouter. Mais il faut l’écouter sans a priori. De la country-folk traditionnelle, avec guitare slide, harmonica, batterie un peu laid back, très CSNY, très Simon & Garfunkel aussi, mais avec par-dessus un chant très africain (Paul Simon doit se mordre les doigts de ne pas avoir bossé avec eux !).
C’est beau, estival, indispensable.


The Molochs – Flowers in the Springs #themolochs


Le moins qu’on puisse dire sur cet album c’est que ce n’est pas hyper innovant. C’est effectivement du déjà (beaucoup) entendu : des guitares cristallines, des ponts en veux-tu en voilà, une voix à la Dylan, des harmonies vocales, du psychédélisme, un peu de Syd Barrett, des La’s, du Go Between, du Smiths, du Kinks, du Kevin Morby si on pense à plus récent, de la guitare slide par ci par là, on a même trouvé des cordes, c’est dire. Un bon gros dictionnaire de ce qu’il faut pour faire une chanson pop des 2 côtés de l’atlantique.
Mais en fait ce qu’il faut surtout pour faire une bonne chanson pop, c’est une bonne chanson. Et c’est ce qui sépare ce qui est dispensable d’indispensable.
Et c’est là qu’arrive cet album, pop, instantané, limite branleur, il faut le dire. Une compil de ce qu’on aime dans la pop des plus classiques, surtout des bonnes chansons. Un album indispensable donc.

Pas des tubes ultimes, juste des titres bien écrits, bien interprétés, c’est humble, bien fait, que demander de plus !


Tunng – Song You Make At Night #tunng


Quand je pense à Tunng, j’ai Bullets dans la tête, cette parfaite chanson folk avec ce beat métallique, dérangeant. Car oui, il y a 10 ans, mélanger de la folk avec de l’electro, il fallait oser, et c’est eux les premiers (entre autre avec Four Tet et Caribou puis Erlend Oye et son Whitest Boy Alive) à avoir tenté ça.

10 ans après, Tunng revient, change peu la formule, ajoute peut être un peu plus d’électro et surtout de textures. Surtout Tunng revient avec son line up original, Sam Genders (Diagrams, 2 albums indispensables) est revenu dans le groupe au côté de Mike Lindsay, et ça apporte de la mélodie quand même !

Songs You Make At Night porte bien son titre, la thématique du rêve est bien développée, tout y est doux, vaporeux, flottant. Ça c’est pour le côté folk. Pour le côté cauchemar, plus noir, il y a l’électronique. On se retrouve avec des basses et des beats synthétiques très texturés, analogiques et des samples plutôt chaleureux (le gimmick de Dark Heart est génial !) qui viennent compléter la voix un peu monocorde. Le tout avec un dosage parfait en clair-obscur.

Tous les titres de l’album sont géniaux, que ce soit la douceur mélodique de Crow, de Dream In, de Battlefront, le coté folk enjoué de Evaporate les envolées electro de ABOP, Dark Heart ou Sleepwalking (3 possibles singles), ou dans la fin de Nobody Here, la délicatesse et la force de Flat Land (proche de Bullets dans l’idée).

Vous cherchiez l’album de la rentrée (peut-être de l’année) ? Et bien le voilà !


vendredi 20 juillet 2018

Dirty Projectors – Lamp Lit Prose #dirtyprojector


Le dernier album de Dirty Projectors m’avait irrité : il y avait des choses magnifiques, de superbes mélodies, de bonnes idées de production mais tout de suite massacrées dans le même titre. Trop expérimental et torturé pour moi… D’un autre coté le garçon était en pleine rupture et en avait gros ! 

Un an après, revoilà David Longsteth, leader de Dirty Projectors, de retour avec un projet bien plus lisible, plus joyeux aussi. Il continue une inspiration RnB déjà creusée dans le précédent mais laisse revenir les guitares. Surtout il laisse revenir de la lumière. De la lumière, du jazz (Feel It All très Chet Becker), du power pop 90’s (Zombie Conqueror), de la pop classique (Blue Bird), de la folk classique aussi (That’s A Lifesyle, You’re the One), du funk à la Michael Jackson (I Feel Energy), de l’afro pop (le tubesque Break-Thru), de la soul, du RnB (What Is The Time), du vocoder (Right Now) et une flopée d’invités prestigieux (Rosdam de Vampire Weekend, Haim, Robin Pecknold de Fleet Foxes, Syd de The Internet). 

Beaucoup moins alambiqué, mais toujours ambitieux et richement produit, beaucoup plus joyeux mais sans être vide, Lamp Lit Prose est un bon album, pas forcément immédiat mais plutôt de ceux qu’il faut écouter attentivement pour saisir les nuances.

Evergreen – Overseas #evergreen


4 ans après leur premier album Towards, We Were Evergreen perd le “We Were” et se met au chant en français. Car oui c’est maintenant beaucoup moins tabou de chanter en français et se frotter à la pop tendance variété. Peut-être au risque d’y perdre son charme. 

Mais Evergreen est malin. Même en employant le français, ils gardent ce qui faisait le charme de leur précédent album : ce côté léger et vacances, associé à une rythmique balnéaire puisant dans l’électro étherée de Metronomy, dans la musique brésilienne et les caraïbes. OK il y a un couac avec le single Comme Si, plutôt banal, limite variété, mais le reste de l’album est plutôt bon : en particulier Foreigner et sa rythmique géniale, Conifère, Tongue (plus sur sa partie anglaise que le break en français), Bloom ou Gemini léger et très Metronomy. 

Je reste juste un peu sur ma faim, préférant malgré tout le premier, mais on ne va pas bouder quand même ! 

La production est maîtrisée, les mélodies entraînantes et surtout le timing est parfait !

Clara Luciani – Sainte Victoire #claraluciani



Vous n’avez pas pu passer à côté de la révélation française de l’année : Clara Luciani, c’est bien simple on la voit partout. 

Il faut dire que c’est original, c’est engagé, et surtout c’est très très bien. Clara Luciani chante en français et chante avec ses tripes. Pour ce qui est des textes, Sainte Victoire peut être considéré comme un manifeste féministe, la Grenade mais surtout Drôle d’Epoque le confirment. C’est avant tout un album intime, mais comme ses préoccupations sont universelles et que c’est une femme, cela en devient féministe. 

Clara chante avec une voix grave, tout de suite reconnaissable. Il n’y a qu’à l’entendre en live pour comprendre la puissance et la justesse de sa voix. Cette voix est posée sur une instrumentation tantôt électro-pop tantôt plus rock, mais avec toujours une basse bien en avant, le tout est magnifiquement produit par Sage. Une petite bizarrerie dans l’album : la reprise en français de The Bay de Metronomy encore plus chaloupée que l’originale. Génial. 

Qu’on soit ou pas touché par les paroles (je parle pour les hommes, les femmes seront forcément touchées), qu’on soit ou pas touché par le coté dansant, par la voix grave et charnue, par la pureté des mélodies, il faut indéniablement reconnaître que Sainte Victoire est un grand album et Clara Luciani une grande artiste, bien à part.


jeudi 12 juillet 2018

Ari Roar - Calm Down #ariroar


Vous aimez vous la couler douce en tongs ou en Van’s trouées, une bière ou un verre de rosé à la main, peinards, pendant que les saucisses cuisent ? Ari Roar est là pour vous offrir la bande son qui va avec. 
Très Low Fi, très branleur, très laid back, très cool, mais aussi hyper mélodique, efficace. 

On pense bien sûr à Marc DeMarco, mais aussi à Dent May (en moins produit) ou même Elliott Smith quand ce n’est pas d’autres illustres inspirations 60’s californiennes ou anglaises. Avec 15 titres dont le plus long fait 2min20, Ari fait dans l’efficace et ça marche ; l’album s’écoute en entier et distille sa nonchalance bienvenue. 

Parfaite bande son de l’été qui est déjà là, Ari Roar se déguste au soleil et fait du bien.

Gorillaz – The Now Now #gorillaz



J’ai cordialement détesté le dernier Gorillaz. J’ai beau essayé de me soigner, j’ai vraiment du mal avec le rap, et sur les 20 titres d’Humanz, je ne suis pas sûr d’avoir accroché à plus de 2 titres. Je n’étais donc pas dans l’excitation de l’attente de ce nouvel album tout juste 1 an après le précédent. 

Grave erreur, celui-là est fait pour moi. Débarrassé d’un grand nombre de featuring, cet album est plus Damon Albarn, plus proche d’Everyday Robots que de Humanz. Et c’est tant mieux. Moins urbain, plus pop, plus mélancolique, plus soul, plus funky et très laid back. 

Magic City, légèrement reggae, electro pop à souhait, a été composée pour moi. Les ballades Idaho ou Kansas, sont très plaisantes dans un style très apaisé. Tout comme Souk Eye et son fond bossa, vraiment sympa. Il y a aussi le single Humility un titre très…vacances. On pense à 10cc, a de la soul 80, Tears for Fears, tout ça. C’est bien fait, sympa. Tranz est aussi intéressante, très 80’s, très électro-pop et très Suffragette City en fait ! Même Hollywood, featuring Snoop Dog et Jamie Principle m’enchante, c’est dire. 

Sans être l’album de l’année, ce nouvel album me réconcilie avec Gorillaz ! Vraiment plaisant.


mercredi 27 juin 2018

Sage - Paint Myself #sage



Attention à écouter d’urgence !

Ça faisait longtemps que je n’étais pas parti en trip professionnel avec un album à écouter, et surtout un album magnifique pour ne pas changer de suite. Là les planètes étaient alignées. Le voyage dans un lieu dépaysant (la Chine et le Tibet) et l’album parfait. En plus je n’avais pas eu le temps de l’écouter avant : première chanson dans l’avion à l’aller.

Alors un grand merci à Jacques et Alice pour m’avoir fait remarquer sa sortie, juste avant de partir.

Oui je connaissais Sage, alias Ambroise Willaume, son précédent et premier album (bien mais pas entièrement génial) et surtout en tant que compositeur et chanteur de Revolver. Pour ceux qui ne connaissent pas c’est français mais c’est de la pop en anglais, mais le genre classe, avec des mélodies ultra accrocheuses et une production pas en reste. Bref de quoi aller boxer dans la catégorie du dessus.

Là on ne parle plus de catégorie. De l’orfèvrerie mélodique, je vous dis.

Ultra accrocheur, on aime à la première écoute, mais aussi ultra fin, ça fait 5 jours que je n’écoute que ça en boucle le plus souvent au casque et j’en redemande.

Bien sur ce qui saute aux yeux, et ce dès le premier titre Most Anything, c’est la simplicité d’une mélodie comme celle de Untitled #2 (pub SFR) ou Leave Me Alone de Revolver. Et il y en a à la pelle des balades de cet acabit : So Real, If You Should Fall, Us Again, Juliette et sa boite à rythme magique ou All I Can Do, ou si Michel Berger faisait une BO de générique de James Bond. Et si on augmente le tempo, on peut parler de No One Sees You Crying et son refrain en disto parfait ou Any Other Time et son bégaiement Phoenixien (et pas que). Mais je dois dire aussi que je suis impressionné par les tentatives de productions actuelles que sont Nothing Left Behind (sur toutes les pubs et vidéos cool de l’année ? à parier !) ou One Way Ticket. Et ça passe en plus, incroyable. Je ne sais pas si elles vieilliront bien mais elles sont mélodiquement parfaites et avec une sonorité on ne peut plus moderne, mainstream et dancefloor tout en étant pop à souhait.

Fallait pas donner le synthé de Major Lazer à un amoureux des Beatles.

Alors c’est sûr ça ne plaira pas à tout le monde, je vois bien l’argument à 2 sesterces « ça ressemble à du Milky Chance ou du Gotye ». Désolé, d’abord j’aime bien, et en plus c’est plus fin et surtout ça fonctionne avec ou sans la prod. En fait c’est un remix ! Sinon, écoutez les autres et voilà !

Si vous comptez bien, je viens de sortir tous les titres de l’album, normal, ils sont tous géniaux.

Qu’est-ce que vous faites encore à me lire, vous n’êtes pas en train de l’écouter ?

Moi je cours chez mon disquaire l’acheter au format physique en rentrant.


Update après écoute du vinyle : le mixage de Nothing Left Behind est assez différent, un peu moins boosté, mais reste toujours un excellent morceau !


mercredi 13 juin 2018

Father John Misty - God's Favorite Customer #fatherjohnmisty


Je n’avais pas trop apprécié le dernier album de Josh Tillman (contrairement au précédent), alias Father John Misty, Pure Comedy, que j’avais trouvé trop acerbe, trop grandiloquent, trop prétentieux et un peu en-dessous niveau mélodique. Bref, je n’avais pas accroché. Ce n’est qu’un avis personnel, plein de gens l’avaient adoré. Et puis il était politiquement très critique et engagé ce qui est plutôt bien.
Un an après, voici un nouvel opus, cette fois plus personnel, plus introspectif, bien meilleur et engagé selon moi. Faut-il forcément être malheureux pour écrire de bonnes chansons ? Vous avez 40 min, et 10 titres.
Car oui, God’s Favorite Customer fait très album de rupture (même s’il n’est pas vraiment établi que dans la vrai vie, Josh Tillman soit vraiment séparé, une chose est sûre, il ne va pas très bien).
Toujours est-il que cet album est le plus sincère qu’il ait fait, exit le cynisme, la belle assurance et la prise de distance, le barbu semble bien touché et ça s’entend. Les mélodies sont cristallines, touchantes, plus épurées, la voix affectée et moins distante. Bref ça sonne vrai et ça m’embarque.
Laissez-vous embarquer par la mélancolie, mais aussi par les mélodies plus enjouées qui font contrepoint et font rentrer de la lumière dans tout ça. C’est cet équilibre fragile qui me plait, et qui d’ailleurs me manquait dans le prétentieux Pure Comedy.
Un grand album donc, pour un énorme artiste.







Otzeki - Binary Childhood #otzeki



Venant tout droit de Londres, voici des petits nouveaux dans la musique électronique tendance calme et émotive.
C’est aéré, voir éthéré, charnel tout en restant électro et les compositions sont bonnes. Pour résumer c’est entre the XX, Moderat et Whomadewho. Donc que du bon.
Ça ne révolutionne rien mais c’est très plaisant, très classe en fait. True Love est superbe, pour moi la meilleure de l’album, suivi de près par Almost Dead et Sun is Rising.

Bonne écoute !

Leon Bridges - Coming Home - Good Thing #leonbridges


 
Et si Sam Cooke n’était pas mort? C’est du moins ce que m’a fait ressentir l’écoute de Leon Bridges.

J’ai découvert en même temps ses 2 albums : Coming Home sorti en 2016 et Good Thing sorti il y a peu. 2 albums, 2 ambiances. Le premier, Coming Home est un album de soul très vintage, il aurait pu être sorti dans les sixties. C’est classique, mais qu’est-ce que c’est bien. La voix est géniale, la production parfaite et les titres géniaux. Comment suis-je passé à côté de ce magnifique album de soul ?
Mais pour son deuxième album Leon Bridges a changé de direction, fini le rétro, place à plus de modernité, à ce qu’il est vraiment. Alors, c’est mieux ou c’est moins bien ? Bonne question, et la réponse est… peut-être bien que oui, peut-être bien que non, n’oubliez pas, je suis Normand.

J’aime les 2, même si à la première écoute, l’académisme du premier album me convenait plus.

La production plus RnB, plus moderne, du deuxième est aussi intéressante. Ça sonne Marvin Gaye (Bet Ain’t Worth the Hand et ses cordes très Motown) ou Al Green (Shy), ça sonne jazzy tendance lounge inspiration St Germain (Bad Bad News), ça peut être très funky, Prince et Michael ne sont pas loin (If It feels Good), voire disco (You Don’t Know), mais aussi rester plus classique, slow jam (Mrs), bref c’est plus hétéroclite.

Bon aller je me mouille, je préfère malgré tout le premier album, le côté plus classique, la voix plus en avant, le côté un peu moins mainstream, et après tout je suis plus Soul que RnB !
Voilà !

Quelques titres du premier album




Quelques titres du second


Gruff Rhys - Babelsberg #gruffrhys



Je n’ai vu qu’une fois en concert Gruff Rhys et c’était vraiment du n’importe quoi ! C’était à la Dynamo, une petite salle toulousaine, il était seul sur scène et s’amusait avec des boucles. Partant de rien (une guitare, un vinyle avec des bruits d’oiseau, sa voix et quelques bidouilleurs de voix), il créait de petites symphonies de poche en live, captivant ! Bien que plus sage, les albums solos de l’ex Super Furry Animals retranscrivaient ce côté bordélique et Do It Youself. J’ai donc été surpris à la première écoute de ce Babelsberg devant la production, devant ses cordes fabuleuses. C’est beaucoup plus pro tout ça ! Et pour cause, Rough Trade, son label, lui a donné carte blanche en compagnie de l’orchestre National du Pays de Galles et de son chef d’orchestre Stephen McNeff. En revanche dans la composition cela reste du pur Gruff Rhys, et on ne va pas s’en plaindre.
Tout l’album est vraiment intéressant, avec des points forts sur Same Old Song, Architecture Of Amnesia , Oh Dear ! et surtout Limited Edition Heart. Mais il y a aussi dans cet album un chef d’œuvre absolu, Take That Call. Du Gruff Rhys pur jus boosté aux Beatles : un refrain enjoué, des couplets lorgnants sévèrement vers Eleanor Rigby, une production fabuleuse. Géniale !

 Bref, un super album, fin, bien produit, un peu fou, politique aussi si on s’intéresse aux paroles (Brexit et Trump dans le collimateur), mélodique et sincère. Bref à écouter absolument !

Parquet Courts - Wide Awake! parquetcourts



Après un album solo pour Andrew Savage et une très forte participation au dernier album de Daniel Lippi, les infatigables Parquet Courts remettent encore le couvert. Et ce qui est bien avec eux, c’est que chaque album est meilleur que le précédent.
Cette nouvelle livraison possède tous les attributs classiques de Parquet Courts, son côté Punk, des chansons de qualité, un (très) gros côté branleurs, mais la vraie nouveauté est l’arrivée de Danger Mouse à la production, qui pour une fois y va mollo et n’impose pas trop son son. Comprendre : ça reste du Parquet Courts et ça ne lorgne pas vers du Black Keys. Du coup qu’apporte-t-il ? Une basse ! Car c’est ça le fil conducteur de ce Wide Awake!, la basse est hyper présente et donne un groove à cet album. On peut aussi remarquer que Parquet Courts étend ses influences, outre son punk rock classique (Total Football, très CBGB, Almost had to Start a Fight, Normalization), on y trouve du funk / hip hop à la manière des Beastie Boys (Violence), de la pop avec harmonies vocales et arrangements de cordes (Mardi Gras Beads), de la balade nappée de synthés (Before The Water Gets Too High), du rock classique tendance Stones (Freebird II), du dub à la Specials (Back To Earth) et même de la samba (Wide Awake génial hommage à feu The Rapture). Bref c’est hétéroclite, et du coup cet élargissement stylistique les désigne en dignes descendants des Clash. Mais des Clash plus branleurs que révolutionnaires !
En fait on se dit que si les Strokes n’étaient pas partis en vrille, ils auraient pu nous sortir ce genre de chose (avec peut-être un sens de la mélodie plus poussé).
En tout cas, j’aime beaucoup cet album très antinomique, basique et fin, branleur et abouti, punk et produit.

vendredi 8 juin 2018

Alexandra Savior - Belladona Of sadness #alexandrasavior

 
Mon disquaire est de très bon conseil. Oui je sais ça fait très réclame tout ça.
En allant acheter le vinyle du dernier Arctic Monkeys, il m’a conseillé d’écouter Alexandra Savior, la petite protégée d’Alex Turner.
Après quelques écoutes d’apprivoisement je me suis laissé envouter par cet album. Voix intéressante avec ce qu’il faut de posture désinvolte, blasée, production parfaite, très proche du dernier Arctic Monkeys / dernier Last Shadow Puppets, et pour cause, il est co-produit par Alex Turner.
Alexandra Savior puise son inspiration dans les sixties et seventies, vaguement soul, vaguement rock, éminemment pop. Je dirais que ça sonne comme du Shirley Bassey ou du Nancy Sinatra avec des guitares west coast voire desert rock, toute reverb en avant.
 
On pourrait penser à premier abord à un clone de Lana Del Rey, mais pour moi il y a quelque chose en plus, un peu plus de mordant, un style, un songwriting, de super titres. Sa plume avait déjà fait mouche sur Miracle Aligner, un titre du dernier Last Shadow Puppets qu’elle avait écrit, ici elle se déploie. Mirage, Bones, le single Shades, Girlie (avec son refrain qui reste en tête très générique de James Bond) ou Mistery Girls (à la production plus moderne) le prouvent.

Bon d’accord ce n’est pas une nouveauté, ça a même un an, mais ce n’est pas une raison pour s’en priver !

 

jeudi 24 mai 2018

Michael Rault- It’s A New Day Tonight #michaelrault



Je vous assure, cet album est sorti en 2018 ! Il y a 2 semaines…
George Harrisson croyait en la réincarnation, et à l’écoute de ce super album, on a envie d’y croire aussi. La guitare OK, le style Harrisson a beaucoup été imité, mais là on rajoute la voix et la production, ça devient vraiment troublant cette histoire… Et je ne parle pas des cheveux longs et de la moustache…
C’est tout un pan de la pop 70’s que Michael Rault ressuscite, mais à la façon de Tobbias Jesso Jr ou Max Jury, en se basant avant tout sur de super titres. C’est bien simple on croirait l’album composé que de singles en puissance : I’ll Be There beatlesien, la balades New Day Tonight, Sleep With Me tout droit sortie de All Thing Must Past s’il n’y avait pas toutes ces cordes et ce coté Beach Boys, Oh Clever Boy lorgnant vers du Paul McCartney (Hey Jude n’est pas loin), Dream Song et Pyramid Scheme nous emmènent vers la plage façon 10cc, When The Sun Shines quitte les 70’s pour les 90’s d’Elliott Smith mais avec la guitare de Georgio pour notre plus grand bonheur. Que du bonheur, mélodie impeccable, spontanéité, production au diapason, inspiration des plus nobles. Que demander de plus ?

Bien sûr l’album restera surement confidentiel et c’est vraiment dommage. Alors faisons de la pub pour Michael Rault, sa musique fait du bien. Et franchement, un album aussi bon et constant c’est rare !




Arctic Monkeys – Tranquility Base Hotel + Casino #arcticmonkeys



“I just wanna to be one of the Strokes, Now look at the mess you made me make ”
Au moins on est prévenu dès le début de l’album. Il ne faudra pas trop chercher le rock facile dans ce nouvel opus d’Arctic Monkeys.
Et c’est donc sans crier gare, sans promo, sans premier single, que débarque le nouvel album des prodiges anglais. Et il risque de cliver un peu avec ce parti-pris annoncé.
D’un côté, il y a les fans des Arctic Monkeys du début, fan des saillies rock et de la batterie lourde, des refrains accrocheurs, crâneurs et faciles et de l’autres les fans d’Alex Turner, de ses Last Shadow Puppets, de la BO de Submarine, de ses ambitions pop de façon plus générale. Car oui le disque est plus Alex Turner qu’Arctic Monkeys, d’ailleurs le leader avait initialement prévu de le sortir en album solo.
Je fais partie des deuxièmes, et donc j’adore cet album, en pure continuité du dernier album des Last Shadow Puppets. Alex Turner y creuse son personnage de crooner cool, la composition au piano, une première pour lui, renforce ce côté. Sa voix porte tout l’album, qu’elle soit trainante, soul ou de tête comme sur la surprenante Hotel Tranquility Base Hotel + Casino. Il pioche son inspiration dans les 70’s et pas que pour son nouveau look de dandy barbu ou son clip so Kubrick. On y entend des basses bien rondes qui groovent, des rythmes lancinants, des claviers débordants, de la prog façon Melody Nelson, des hommages (pompages ?) à Serge Gainsbourg donc, mais aussi David Bowie et Leonard Cohen. Et on le savait fan de Cohen depuis la reprise des Last Shadow Puppets de Is This What You Wanted (géniale) et de Bowie depuis toujours. La production suit cette évolution, elle est disons luxuriante, même si Owen Pallett n’est pas là pour apporter ses cordes délicates comme sur les albums des Last Shadow Puppets. Alex Turner et James Ford se débrouillent parfaitement pour enluminer les titres, épaulés de claviers vintages en pagailles, guitares fuzz, mandolines faisant penser à une musique de film composée par Nino Rota (le parrain quoi !). Bref tout l’attirail seventies.

Mais l’album reste pourtant un album très Arctic Monkeys. Pourquoi ? En partie grâce à cette batterie si puissante et si caractéristique ou grâce à quelques saillies de guitare.
Moins tubesque que AM, Tranquility Base Hotel + Casino est un album plus ambitieux, qui joue sur l’ambiant. On y trouve moins de titres sortant du lot, hormis For Out Of Five géniale, Star Treatment ou One Point Perspective. Mais on n’y trouve pas de baisse de régime ou de saillie un peu puérile (même si elles étaient maitrisées auparavant, je pense à Library Pictures sur Suck It and See). Bref un album plus mature.
Je ne suis pas sûr que l’album rencontrera le succès de son prédécesseur auprès du grand public, mais ça je pense que les Arctic Monkeys s’en foutent, bien confortablement installés dans leur hôtel lunaire de la mer de la tranquillité. En plus il y a un casino.
 
  

Vous connaissez Gus Dapperton? #gussdapperton



Grâce au magazine Magic je me suis mis à écouter Gus Dapperton, pour l’instant il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent : un EP de 4 titres et un single sorti en décembre. Et Pourtant, ces 5 titres sont parfaits. De l’électro pop tendance Metronomy, des claviers et boite à rythmes vintage, une voix intéressante et surtout des mélodies ultra catchy, joyeuses et mélancoliques à la fois. J’adore…
A suivre de très près donc !
Par contre on ne parlera pas du look...

Alexis Taylor - Beautiful Things #alexistaylor


“C’est l’heure de Flutes”
A chaque soirée que j’organise, les autres y ont droit, je ne peux pas ne pas passer Flute de Hot Chip et de déambuler sur le beat, bercé par la voix si particulière d’Alexis Taylor.
Après son comparse Joe Goddard l’année dernière c’est au tour d’Alexis Taylor de sortir son album solo. Sauf pour la chanson titre, Taylor s’écarte un peu de la formule d’Hot Chip en réduisant le tempo, en mettant moins de beat, en composant des balades douces et mélodieuses, juste légèrement électroniques.
Et c’est ce qui surprend à la première écoute, le calme et la délicatesse de l’album. Un album vaporeux comme du coton. Bien sûr il y a quelques titres qui dynamisent l’ensemble comme Oh Baby, très pop et plutôt de facture classique (comprendre avec peu d’électronique), ou la mid tempo (pas encore totalement sautillante) I Feel You. Et il y a Beautiful Things, qui lorgne clairement vers des titres Hot Chip comme Flutes ou I Need You Now. Un morceau de bravoure avec un beat tribal, une basse juste énorme et un piano eurodance en mode mineur qui vient faire son apparition donnant au tout de faux airs d’Initials BB. Le tout entrainé par la voix désabusée d’Alexis Taylor. Un grand morceau !
Chose amusante le vinyle comprend 3 titres en plus, positionnés sur une face du deuxième vinyle. Des titres dans la même lignée que l’album, doux et vaporeux, quelque peu déstructurés, il est toujours très dur de savoir si on est dans un refrain, un couplet ou quoique ce soit d’autre.
Au final cet album est hyper intéressant et particulièrement sensoriel, très doux, limite désabusé par moment, plus pop et même plus dancefloor à d’autre moment, expérimental tout en restant super accessible.
 


 

The Voidz - Virtue #thevoidz #juliancasablancas



C’est avec beaucoup d’appréhension que je me lance dans l’écoute de cet album, je n’ai vraiment pas compris le précédent album, trop conceptuel, trop complexe pour moi. Et pour une fois, Julian Casablancas a été gentil et commence par un titre réconfortant : Leave it In My Dream, Strokes à mort, donc je me dis que ça va être plus facile !
C’est après que tout s’est compliqué et qu’il a fallu que je me rende à l’évidence : je n’arriverai pas à écouter en entier et d’une traite cet album. Car si on trouve de supers titres, il y a aussi beaucoup de titres « poil à gratter ». C’est ce qui fait le charme et le génie de cet album, c’est ce qui fait que je n’arrive pas à suivre.
Donc me voilà face à un dilemme, chroniquer cet album dans son intégralité ou me la jouer streaming et playlist addict et faire mon choix parmi les titres qui me plaisent et oublier les autres titres plus dur ?Je vais esquiver la question et donc esquiver la critique globale dans ce capharnaüm, je vais donner mon avis titre à titre :

Leave It In My Dream : l’évidence, le single pop parfait, 100% Strokes avec ce qu’il faut de bizarrerie, une de mes chansons du début d’année.
Qyurryus : un morceau bizarre, du type « vous n’êtes peut être pas encore prêts pour ça mais vos enfants vont adorer », de la pop du siècle prochain.
Pyramid Of Bones : rock, voir heavy, trop dur pour moi….
Permanent High School : de la pop plus classique, avec une mélodie intéressante, sans être le titre de l’année c’est plutôt sympa.
ALieNNatioN : électro pop avec un beat un peu hip hop plutôt intéressant.
One Of The Ones : retour du rock, moins heavy mais pas réussi pour autant.
All Wordz Are Made You : Un titre électro un peu chelou OK, mais également très 80‘s et sous influence Prince.
Think Before You Drink : Du Dylan sous emprise de l’alcool, vu son titre, écho avec sur First Impression Of Earth.
Wink : une balade pop sur fond de beat saturé, très Ariel Pink dans l’idée et vraiment remplie de bonne idées.
My Friend The Walls : on penserait à du Radiohead pour peu. Le refrain est génial.
Pink Ocean : ça ne serait pas un mélange de Ariel Pink et Franck Ocean par hasard ? Distordu mais intéressant, la partie Drum and Bass à 3min30 est une pure folie !
Black Hole : désolé j’arrive pas à écouter…
Lazy Boy : un autre super titre de l’album, on dirait que Casablancas s’attaque à une reprise d’Elvis Costello lacérée de roulements de batterie, trouvaille géniale.
We’re Where We Were : rock, très rock, trop rock pour moi…
Pointlessness : calme, au refrain Casablancas à souhait, très intéressant faisant penser à la clôture de Comedown Machine, le dernier album des Strokes en date.

Bref, Virtue est un véritable bordel ou l’on croise des titres de speed-metal après une ballade folk, une petit perle pop, des beats Hip Hop, de l’électro indus, un titre 80’s ou de l’an 2100. Il ne manque que du reggae et de la musique classique. On pourra reprocher une direction artistique à Julian Casablanca et ses Voidz mais on ne pourra pas leur reprocher d’expérimenter, ça c’est sûr. Foutraque, génial, au premier sens du terme, Virtue est un album extrême aussi agaçant qu’enthousiasmant.
En fait c’est l’exact opposé du dernier album de son comparse Strokes Albert Hammond Jr, et à choisir, je préfère peut être la facilité pour mon écoute personnelle même si la musique a peut-être plus besoin d’un compositeur expérimentateur comme Julian Casablanca que d’un Albert Hammond Jr.
La meilleure solution serait peut-être un nouvel album des Strokes : les idées de Julian en plus policées. Mais à l’écoute de cet album on ne voit pas comment il pourra renoncer même le temps d’un album à sa liberté.

Enfin, après tout on ne sait jamais….
 


 

vendredi 13 avril 2018

Her - her #her

 
Je les ai découverts sur scène et j’avais été bouleversé. Her a vraiment quelque chose de spécial, de grand. Ce mélange de soul, d’électro, de sensualité, de classe et de minimalisme m’avait fait penser que j’assistais à un moment rare, à la naissance d’un grand groupe qui marchera forcement à l’international. Et il y avait la voix de Victor Solf, impressionnante, très soul, dans un style très Al Green, voir Sam Cooke (sa reprise de A Change Is Gonna Come donne des frissons) caché dans un physique de grand gaillard blanc. Et je ne m’étais pas trompé, les premiers EP ont bien marché, ont traversé l’atlantique, promus par Pharell Williams himself, un titre a été utilisé pour une pub Apple. Bref c’était parti ! Et puis l’année dernière, le coup de tonnerre, la moitié du groupe (disons l’un des 2 compositeurs) Simon Carpentier décède d’un cancer à seulement 27 ans. Fauché en pleine ascension…
Et c’est maintenant que sort ce premier album, commencé à 2, finalisé tout seul par Victor Solf l’autre moitié de Her.
Alors pour qui connaît Her et tous ces précédents EP, il trouvera pas mal de titres connus : Five Minutes, Blossom Roses, Quitte Like et Swim sont sur l’album. Du coup cela rend l’album moins surprenant et plus en terrain connu.
Mais comme l’album fait 14 titres (avec les 2 bonus tracks), en fait ce n’est pas gênant. D’autant que ces titres sont géniaux et s’accordent parfaitement avec les nouveaux, faits en duo ou en solo (les 2 « bonus track » ont été enregistrés après le décès de Simon Carpentier).
La chanson d’ouverture We Chose et son début a capella, qui m’avait déjà happé sur scène, nous fait entrer merveilleusement dans l’album. Five Minutes enchaine dans un registre plus pop (vous connaissez forcement la chanson, c’est celle qui a été utilisée pour une pub Apple). Blossom Roses est toujours aussi captivante, entre soul et électro, tout comme Neighborhood qui creuse encore le sillon, un des grands moments de l’album. Quite Like et Swim font toujours le job, Wanna Be You apporte un coté RnB dansant, très début 2000, on pense à United de Phoenix. On & On se tourne vers le rap en invitant Romeo Elvis, ce n’est pas forcement ma came mais ça passe bien. Good Night et For Him sont tout en délicatesse, en minimalisme, en un mot : touchantes. D’autant plus touchant que plane sur tout l’album la mort de Simon. Décédé avant la fin de l’enregistrement et de la production (que Her font eux-mêmes).
Rarement on a vu un album de ce niveau d’exigence en France : production au top, électronique mais organique, capacités vocales, sens de l’épure et de l’espace. Les chansons respirent, sont en équilibre à chaque claquement de doigt.
Bref si vous connaissez Her, vous avez déjà adoré cet album, si vous ne connaissez pas, vous allez adorer. J’ai vu qu’ils passaient en octobre à Toulouse, j’ai déjà hâte, et j’espère sincèrement que Victor Solf saura tenir la barque sans son compère et que ce premier somptueux album ne soit pas le dernier.

 

 
 
 
Un petit Bonus, Victor Solf a repris seul Five Minutes, donc une version différente de l'album



 

 

Crepes – Channel Four #crepes


Alors je vais la faire tout de suite comme ça c’est fait : c’est la chandeleur donc Crepes nous sort un album.
Ça c’est fait. Allez, on commence.

Sur le label « les disques de Jacques », je vous présente Crepes. Ils ont tout pour plaire à mon beau père : c’est pop, il y a des harmonies vocales, de belles mélodies et pour couronner le tout, ils posent en haut des escaliers dans une posture on ne peut plus Beatles sur la couverture de channel Four.
Et il faut reconnaître que c’est un bon album. Classique certes, mais très bon. Le groupe est australien et ce ne sont pas spécialement des manchots car Crepes est en fait un supergroupe composé de membres de King Gizzard & The Lizard Wizard et The Murlocs.
Sur une base classique qu’on pourrait classifier de psychédélisme fin 60, Crepes insuffle un peu de pop folk plus classique avec guitare en arpège et surtout une bonne dose de mélancolie. On pense tout de suite à Real Estate, devenu les experts de ce type de mélange. Le disque entier est assez plaisant et réserve quelques morceaux qui attirent l’oreille, bien sûr l’ouverture très classique 9-5 Summer Breakers mais aussi la plus rythmiquement appuyée Tough.

Pour conclure ça ne révolutionne rien, mais c’est bien fait, alors on passe un très bon moment à l’écoute de Crepes.

O – Un Torrent La Boue #O


Voilà un bel oubli. Un album sorti début 2016, donc il y a plus de 2 ans, et que j’ai découvert cet automne grâce à un article de Magic, et qui tourne beaucoup depuis.  Par Magic, mais aussi grâce à Bon Iver et ses copains de The National qui l’avaient invité sur un festival ultraconfidentiel à Berlin. Quand on a ce genre de connaissances, c’est qu’on fait quelque chose de plutôt bien !

Oliver Marguerit, alias O, est français, il chante en français et en anglais suivant ce qui lui vient et le niveau d’intimité avec le texte (c‘est lui qui le dit) et il pratique la pop. Une pop sophistiquée, harmonique, très produite, avec ce qu’il faut de cordes, d’harmonies et de nappes électroniques.
On parle beaucoup de nature, on file la métaphore picaresque, comme dans « le tube » La Rivière et sa très belle mélodie. On parle d’amour, murmuré tout en douceur comme dans Bebi qui se termine en virée électro. On retrouve des textes en français à l’incompréhension poétique proche des Innocents, et des textes plus classique en Anglais. On parle aussi crument de sexe (et on finit en orgasme) sur A Kiss (OK au final assez classique comme thème). Mais surtout il n’hésite pas à aborder un thème très peu présent dans la pop : la guerre sur le champ de bataille avec Un Torrent, La Boue, une première en français mais qui peut faire écho à Butcher’s Tale des Zombies. Cette chanson vaut à elle seule l’album, avec sa mélodie douce sa montée en puissance, sirènes de Stuka et son explosion finale avec effet de blast et d’assourdissement en prime. Une belle plongée sensorielle. 

Ce qui impressionne dans cet album c’est la facilité des mélodies pop associée à l’exigence des arrangements. Ça a l’air ultra simple, limpide comme l’eau mais c’est ultra complexe, assez fascinant en somme.
Un magnifique album à découvrir absolument (même avec 2 ans de retard !)